Texte publié dans la Rubrique Opinion - L'invité du journal 24heures, le 30 avril, par le pasteur Vincent Guyaz, président du Conseil synodal.
OPINION - "Pâques: un calendrier qui nous responsabilise"
Publié lePâques: un calendrier qui nous responsabilise
Pour le pasteur Vincent Guyaz, Pâques était une bonne occasion de porter un regard bienveillant sur les enjeux de la vie humaine.
Au terme de ces vacances, nous nous souvenons que les communautés chrétiennes ont fêté Pâques en même temps – ce qui n’arrive que rarement: une occasion non seulement de partager des convictions communes à l’interne, mais de porter ensemble nos engagements pour le monde qui nous entoure.
Le Conseil synodal de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud a été interpellé ce printemps par la publication de deux études: «Le racisme en Suisse, chiffres, faits, mesures à prendre» et le rapport annuel de la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation) sur l’antisémitisme en Suisse.
Les faits rapportés sont inquiétants et ils ont lieu tout près de chez nous: ils émergent sur les lieux de travail, dans l’espace public, à l’école, dans les loisirs et la vie associative.
Les Églises sont toutes concernées, y compris l’Église réformée vaudoise. D’abord parce qu’il leur est arrivé au fil des siècles de se laisser emporter dans des postures et des condamnations exclusives et regrettables, mais aussi parce que nous sommes toutes et tous traversés, individuellement et collectivement, par des mécanismes de peurs et de méfiances face à l’autre.
L’Évangile, qui culmine à Pâques, vient questionner ces fonctionnements à travers Jésus-Christ, qui a passé sa vie – jusqu’à devoir y renoncer – à proposer de réconcilier l’humain avec Dieu, avec l’autre et avec lui-même. Ce moment crucial de la mort et de la résurrection de Jésus doit donc nous pousser à poser un regard bienveillant et critique sur tous les domaines où émergent les enjeux de la vie humaine.
L’Évangile met en particulier en garde les croyants contre la tentation de devenir les «gardiens» d’une foi exclusive. Nous croyons que la foi, lorsqu’elle est persuadée de détenir la vérité, peut vite entraîner ses fidèles dans le fanatisme et l’extrémisme, renforcer l’entre-soi et alimenter le rejet de ceux qui ne sont pas comme nous ou qui ne croient pas comme nous.
Se questionner
Le calendrier pascal qui fut le nôtre récemment est propice à revisiter nos responsabilités de citoyens et de croyants: le ramadan et le carême se sont côtoyés, les Pâques juive et chrétienne ont été célébrées aux mêmes dates en 2025.
Nous sommes conscients que les convictions religieuses diffèrent, que tout ne se vaut pas en termes d’expressions religieuses, et qu’il est légitime de nous questionner les uns les autres, mais nous croyons tout aussi fermement que ni l’indifférence ni le repli sur soi ne sauraient contribuer durablement à la paix religieuse.
Reconnaissants de vivre dans un pays où la liberté de culte et d'expression est garantie, nous continuons à œuvrer – avec les autres représentants des cultes notamment – au respect de chacun et chacune, quels que soient son genre, son origine, sa religion ou ses opinions.
Vincent Guyaz - président du Conseil synodal de l’Eglise réformée vaudoise