Après la mort de Jésus, les disciples font plusieurs expériences décisives et acquièrent la conviction que la mort n’a pas eu le dernier mot sur la vie du crucifié. Mais les apparitions du crucifié ne durent pas, et les disciples ont dû se rendre à l’évidence qu’il avait bel et bien disparu, échappant à leur perception. Le récit de l’Ascension raconte cette expérience.
Ascension
Publié leLes disciples éprouvent ce que toute personne endeuillée vit : la silhouette de Jésus s’estompe, le timbre de sa voix disparaît. Luc emprunte les mots et l’imaginaire symbolique de l’Ancien Testament. Pas besoin d’effets spéciaux. Le crucifié-ressuscité disparaît dans une nuée qui rappelle le mode de présence de Dieu accompagnant son peuple au désert.
Si Jésus est enlevé au ciel, ce n’est pas pour aller y décrocher la lune ou les étoiles, mais pour retourner à ce Dieu caché, cet Inouï-jene-sais-quoi, dont le nom est imprononçable et y emmener avec lui l’humanité dont il est le premier né.
Le récit de l’Ascension répond à celui de la Nativité. À Noël, le ciel se contracte et visite la terre. Alors que l’Ascension évoque une dilatation. En Jésus, avec lui et par lui, c’est la terre qui visite le ciel.
Les disciples sont sidérés, ils cherchent l’absent dans le ciel, deux anges – tels des sémaphores – leur font signe : « Gens de la Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? ». Les anges – qui ont décidément les pieds sur terre – les informent que Dieu se donne à chercher, non plus dans le vaste ciel, mais au raz-de-terre.
Le récit de l’Ascension témoigne d’une rupture dans l’histoire des religions. La foi chrétienne n’est pas là pour nous exfiltrer vers un autre monde, ni pour nous faire rêver d’autres Cieux ; mais elle nous ramène sans cesse à l’ici et au maintenant de nos vies, là où Dieu nous a visité et ne cesse de le faire en nous infusant de son Esprit.
La mission de l’Église n’est-elle pas de faire sienne – à temps et à contre-temps – la voix des anges ?