La grâce au bout des doigts (Matthieu 9,18-26)
2023-08-09
Quelle est l'envergure d'une prière? De ma prière? Quel chemin entre l'émergence de son désir et son expression? En quelques versets, Matthieu nous propose deux réponses extrêmes à ces questions; la prière franche, claire, assumée et presque immédiate du notable, et celle plus discrète, mûrie durant douze ans d'une femme. Deux drames incomparables, deux situations de perte, le sang d'un côté, la vie de l'autre, et pourtant une même conviction: un geste du Fils de Dieu suffira. Nous ne savons pas si la femme pressentait le passage du Christ dans sa vie, mais nous savons que sa prière s'exprime en toute humilité, comme si le peu de force que lui laissait sa souffrance ne pouvait que donner forme à une espérance discrète, mais assumée, pudique, mais juste assez intime. Presque à l'opposé, le notable s'exprime après avoir traversé la foule et les préparatifs de l'enterrement redoutable. Sa prière, à genoux, vibre encore d'une énergie qui choisit de céder à la grâce plutôt qu'au désespoir; il ne prend pas le temps de trop réfléchir ou de s'apitoyer, son urgence est d'espérer. Et Jésus, en discours ou en marche, se laisse interrompre, accueille la prière et reconnaît la foi. Comme si parler et bouger étaient secondaires à reconnaître et guérir.
Etienne Gilloud
Prière:
Dieu de tendresse, dans l'urgence ou la patience, effleure ma vie afin qu'elle passe de la perte à la grâce.