Toute-puissance et illusion d’unité (Genèse 11,1-9)
2024-02-05
Faisant suite à la table des peuples qui présentait la descendance de Noé après le déluge (9,19), le récit de la tour de Babel veut donner une origine à la diversité des langues. Mais il commence par une sorte de contestation du précédent chapitre, en peignant une humanité parlant une seule et même langue. Et leur unanimité conduira à un projet qui cache en réalité une volonté de toute-puissance. Leur tour a l’ambition de toucher le ciel, mais le Seigneur doit tout de même descendre pour la contempler et constater la première œuvre de leur unité trompeuse. Le récit pourrait dénoncer les ambitions des puissants empires antiques qui firent peser sur les peuples leurs vanités et leurs dominations. Le Seigneur va donc leur «rendre service» en brouillant leur langue unique et en les envoyant, individualisés, sur la surface de la terre. Ceux qui rêvaient de s’élever dans la plaine de Shinéar sont renvoyés à leur copie: il faudra trouver autre chose pour élever son niveau de jeu... Nous pouvons lier ce récit avec celui de la Pentecôte, comme la guérison par l’Esprit saint de la confusion de Babel. Ces langues de feu qui célèbrent les merveilles de Dieu ont donné un sens nouveau à la diversité: des langues diversifiées qui loueront le Dieu unique. Une oikoumènè dans la maturité spirituelle, plutôt que dans l’absolutisme du pouvoir et de la pensée unique.
Eric Imseng
Prière:
Dieu qui nous aimes, la contemplation de ton pardon devient un rayonnement de bonté dans l’humble cœur qui se confie à toi. (frère Roger)
