Savoir que l’on ne sait pas (Jean 7,25-31)
2022-07-26
L’enseignement de Jésus se poursuit, la polémique qu’il provoque également. D’où vient celui qui s’exprime si librement? De quel lieu émane-t-il, de quelle source émerge-t-il? «L’ironie christique» (Jean Grosjean) qui ici marche encore à plein régime développe une dramaturgie où celui qui enseigne et attire à lui toute l’attention, celui que l’on dit connaître, se révèle – de ce fait même – n’être celui que justement on ne connaît pas. Si les discours déroutants de Jésus se développent tant lors de cette fête qui rappelle les pérégrinations du peuple d’Israël au désert, c’est que c’est bel et bien dans ce non-lieu du désert, dans la perte des certitudes et des logiques que le Dieu libérateur s’est donné le plus amplement à connaître. De là que nous gagnerions toujours à être prêts à abandonner nos idées trop bien faites tant à propos de Dieu qu’à propos de tout être rencontré. Le «Dieu plus grand» (Eloi Leclerc), qui a voulu d’une certaine façon unir à lui dans son mystère l’être humain lui-même, échappe à toute mainmise et à toute précompréhension. Il est par excellence le Dieu de la rencontre, celui que l’on ne connaît pas avant de l’avoir rencontré. Refuser ou manquer cette rencontre mène pour Jean, au long drame de la Passion, esquissée déjà ici, où la violence humaine se déchaîne, outrée d’avoir été débusquée en germe dans tout jugement arrêté.
Alexandre Winter
Prière:
Prends pitié, Seigneur, quand nous croyons savoir avant de connaître, quand nous t’enfermons ou enfermons l’autre dans un jugement qui exclut et confond. Ouvre-nous toujours à ta nouveauté et à la rencontre.