Rétribution en question (Job 5,6-21)
2024-05-06
Eliphaz est mal pris. Ancré dans la théologie de la rétribution (le bon hérite du bonheur, le méchant mérite son malheur), il ne sait que faire de la situation de Job. Impossible de le ranger du côté des méchants. Alors que dire? En même temps Eliphaz veut répondre au discours de Job qu'il juge blasphématoire. Job doit accepter que le sort de l’homme soit d’affronter les malheurs. Et à sa place, Eliphaz se tournerait plus que jamais vers Dieu. Puis, il en appelle à l’action divine, sans en prendre véritablement la mesure. Car ce Dieu qui se retrouve du côté des «abaissés» et des «désespérés» pourrait bien être le Dieu qui se tient à côté de Job... Enfin Eliphaz argumente: Dieu distribue le bien et le mal, et envoie l'épreuve à titre pédagogique. Pour obliger l’être humain à se tourner vers lui? Pour briser son orgueil? Seulement dans le livre de Job, le mal ne vient justement pas de Dieu, mais, pour reprendre le langage de cette époque, de l'Adversaire. La logique de la rétribution divine est «déconstruite». Un chemin est alors ouvert qui mènera au Christ et, dans son sillage, à Paul. Ils proclameront l'évangile de la grâce. Cet amour inconditionnel qui fait définitivement exploser la logique de la rétribution. Au mystère du mal répondra alors le mystère tellement plus large, plus profond et plus vivant… de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ.
Christophe Reymond
Prière:
Seigneur, quand nos logiques humaines s’épuisent en explications trompeuses, donne-nous d’accepter nos questions sans réponse et d’accueillir ton amour et ta grâce.