Résilience (Genèse 35,16-21 et 27-29)

2024-04-25

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Pas de sentiments. Rien que des faits, posés, tout nus, tout crus. Les deux petits passages de ce jour, c’est de l’écriture blanche. Les sentiments, ce sont les lecteurs qui les ressentent, et d’autant plus intensément qu’ils ne sont pas prémâchés (s’il était écrit: «et Jacob pleura longtemps», on n’aurait pas envie de pleurer avec lui, ce serait déjà fait!). Mort de l’épouse chérie. Non du fils. Mort du père. Voilà les faits. Et donc, il faut lire entre les lignes: Rachel meurt de ce second fils tant espéré. Elle donne pour nom à l’enfant: «Bénoni», l’enfant du deuil, du chagrin. Et nous, lecteurs, ressentons sa peine: elle ne le nourrira pas, elle ne le verra pas grandir… Nous comprenons sa révolte, sa souffrance à quitter la vie à cet instant. Jacob renomme l’enfant. Nous entendons qu’il est capable d’accepter ce fils et de se réjouir de sa vie, de dire avec ce nouveau nom que sa mère était comme sa main droite, son côté positif, sa joie. «Beniamin» reste un mémorial de la défunte, mais en positif. Aujourd’hui, on dirait que Jacob est résilient. Quant à la mort du père: les deux frères, qui ont sagement pris distance après leurs retrouvailles, sont là, ensemble, comme Ismaël et Isaac, à la mort d’Abraham (ch. 25,9). Nous saisissons que meurent avec Isaac des culpabilités et des jalousies, des détours et des contours. La résilience est là aussi. Chemin de vie qui assume la mort et garde la joie.

Sophie Mermod-Gilliéron

Prière:  

Nous te louons, Seigneur. Ces récits nous donnent à vivre la peine et la joie, ils nous sont miroirs. Ils nous offrent en filigrane ta présence qui permet la résilience.