La vivante (Genèse 3,20-24)
2024-01-27
«C’est un bien mauvais procès que l’on a fait à Eve», disait dans sa biographie une grande dame qui n’a cessé de lutter pour plus d’égalité entre les êtres. Elle avait pour amie une autre grande dame, la première philosophe titulaire d’une chaire d’enseignement à Genève: Jeanne Hersch. Voici ce qu’elle dit d’Eve, la Vivante: «Eve obéissante, créée pour cette désobéissance qui devait fendre l’éternité et en faire saigner ce flot de sève ambigu grâce auquel tout a commencé d’un seul coup: la conscience et le temps, le nom du commencement, le choix de vivre et le savoir de la mort. Et même: la possibilité d’obéir. Désobéissance instrumentale, geste d’Eve par lequel Dieu accomplit sa deuxième création en livrant la première à quelqu’un, à toi d’abord, ô Eve, qui l’aimera autrement que lui sous la menace de la mort. Sans elle, rien n’aurait jamais commencé, nul ne serait mort, n’aurait vécu, n’aurait choisi et n’aurait aimé. Sans elle, jamais la verticale éternité ne serait devenue l’événement présent qui départage le poids du passé et des possibles futurs.»
Elisabth Schenker
Prière:
La Genèse est le premier des cinq livres qui constituent la Torah, le livre de la Loi. Il est beau de se rappeler les mots par lesquels le dernier résume l’entier des commandements divins: «J’ai placé devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur. Choisis la vie, afin que tu vives, en aimant le Vivant – il est ton Dieu –, en l’écoutant et en t’attachant à lui: c’est lui qui est ta vie, l’éternité de tes jours, pour que tu habites la terre» (Dt 30).