La fascination du pouvoir (Apocalypse 13,1-10)
2022-10-22
Après avoir affirmé l’Eglise indestructible, le Jean de l’Apocalypse s’attaque au caractère «démoniaque» de la puissance de son temps: l’Empire romain. Même s’il ne vit probablement pas dans une période de persécutions actives, celles de Néron sont encore en mémoire. Lui-même, exilé à Patmos comme subversif, constate le conflit inéluctable entre la foi au Christ et l’absolutisation (et la divinisation) grandissante du pouvoir impérial. Il veut en montrer le caractère «bestial». C’est donc une bête monstrueuse semblable à celle décrite en Daniel 7 qui sort de la mer (chez Daniel, il s’agissait de la persécution grecque en Israël). Le pouvoir totalitaire fascine de terreur et d’admiration… on ne peut que se prosterner devant lui. Dans son phantasme de toute-puissance, il se prend pour Dieu. Et la liste est longue au cours de l’histoire: Führer, Duce, Petit père des peuples… S’accommoder d’un tel pouvoir, ou pire, se prosterner devant lui signifie rejeter le Dieu libérateur de l’Evangile. Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende! D’autres écrits du Nouveau Testament estimeront une intégration possible… dans le même Empire romain. Reste que cette critique radicale d’un pouvoir absolu s’est si souvent vérifiée. Et les persécutions des 2e et 3e siècles donneront raison à la clairvoyance de l’Apocalypse.
Christophe Reymond
Prière:
Seigneur, donne-nous de discerner quand le pouvoir légitime déraille et se fait toute-puissance destructrice. Garde-nous de nous laisser fasciner par toute forme de pouvoir!