Identité et appartenance (Philippiens 3,1-11)
2023-05-24
De quoi pouvons-nous nous prévaloir pour nous dire chrétiennes ou chrétiens? Une origine, un nom, une généalogie, une confession particulière? Cette question traverse déjà la première communauté chrétienne, dans laquelle la double origine des membres, soit juive, soit polythéiste, crée des tensions et des clivages, parfois très conflictuels. Paul s’expose lui-même dans son argumentation pour démontrer que son ascendance juive ne lui donne aucun privilège ni aucune supériorité face aux autres et dans sa relation à Dieu. Si le Dieu de Jésus-Christ ne fait acception de personne en accueillant tout être humain qui vient à lui, alors les rangs sociaux, les prérogatives religieuses ou toute condition particulière ne comptent plus dans la nouvelle famille chrétienne. Paul a vécu dans sa chair ce renversement radical, qui l’a «déboulonné» d’une position haute de savoir, de pouvoir, de croire, à une position humble de service et de foi. Ce dépouillement, à l’image de celui du Christ, est la matrice de sa foi et de son message: ce n’est jamais par nous-mêmes que nous nous sauvons, que nous obtenons la grâce, mais c’est Dieu seul, et notre confiance en lui, qui nous offrent le salut. Par la foi, nous quittons le lieu connu de notre origine et de ce que nous avons construit pour entrer dans une nouvelle appartenance, «gagner Christ», en fondant notre vie en lui seul. Paul s’est fait le chantre de cette transformation, aussi novatrice que subversive, de l’être et du vouloir humains, rendus à Dieu.
Laurence Mottier Cochet
Prière:
Seigneur, fais-moi entrer dans ton alliance de vie et de foi.
