Elévation et abaissement (Esther 5,1-14)
2022-10-08
Comparés à Esther, qui agit avec habileté, les personnages du roi et du ministre Haman paraissent inconsistants: le roi, jouet de son entourage, est imprévisible et excessif, comme tout tyran, à l'instar d'Hérode (cf. Mc 6,22s), qui était également prêt à offrir la moitié de son royaume. Quant à Haman, c'est le carriériste vaniteux. Dans le cercle de ses amis, il se vante de son ascension sociale, jusqu'au sommet de la cour. Se croyant élevé au-dessus du commun des mortels, il abuse de son pouvoir. Pourtant, son ego est bien fragile, puisqu'il se sent contesté par l'humble Mardochée, refusant de se lever à son approche. Sans doute, ce dernier considérerait-il ce geste comme une sorte d'idolâtrie. Refuse-t-il de se lever? Il sera élevé! Le gibet qu'on prépare pour lui a une hauteur inhabituelle, 25 m, et prend alors une valeur symbolique: il fait penser au mouvement d'élévation et d'abaissement qui caractérise les actes de justice de Dieu dans l'AT, notamment dans les psaumes: les puissants sont humiliés, le pauvre relevé. Dans le NT, chez Paul et chez Jean, la croix est le lieu du même renversement: le Messie crucifié manifeste la puissance et la sagesse de Dieu, sa crucifixion est une élévation glorieuse. Cependant, le sens profond de ce qui est vécu n'apparaît qu'après coup, à la lumière de l'Esprit. Pourquoi en irait-il différemment dans notre propre expérience?
René Blanchet
Prière:
Que nous ne cherchions pas à nous élever, mais à être au service les uns les autres, voilà ce que tu nous as enseigné, ô Christ. Fais-nous trouver toute satisfaction, non dans les honneurs, mais dans l'échange fraternel et le partage de ta Parole.