Don de soi comme incorporation (Jean 6,52-59)
2022-07-20
Jean, qui ne raconte pas, dans son évangile, le récit du dernier repas de la Pâque au cours duquel le partage du pain et du vin devient mémorial institué par Jésus, place dans ce discours quelque chose de ce don du Christ, chair et sang, qui vient s’incorporer aux croyants et croyantes. Manger la chair, boire le sang peut prendre une connotation extrême, où le risque d’anthropophagie guette et met mal à l’aise dans son caractère littéral, ce qui provoque d’ailleurs des querelles, des désaccords dans son auditoire. Que veut-il nous dire? Que le don de lui-même va jusqu’au don de toute sa vie, chair et sang, préfiguration de la mort en croix ! Loin d’être un pur esprit désincarné ou un surhomme, Jésus affirme à ce moment qu’il est un corps dans toute sa matérialité et sa mortalité, et c’est bien comme cela et à cet endroit qu’il vient nous rencontrer, dans une existence corporelle, créée et définie. Rien d’humain ne lui est étranger et c’est bien là que Jésus nous aime et nous choisit: «Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis», dit-il en Jean 15,13. S’incorporer au Christ, dans son humanité, nous incorpore ainsi au lien vivant du Père et du Fils. Cette proposition est aussi dérangeante que novatrice.
Laurence Mottier-Cochet
Prière:
O Christ, donne-nous de demeurer dans ton alliance de vie, qui nous dépasse infiniment et nous rejoint dans notre condition humaine.