Le Préambule de notre Constitution est une déclaration courageuse. On y affirme une référence spirituelle à Dieu Tout Puissant (mais lequel, en fait ?), ce qui place alors l’être humain dans une position de « non-Tout Puissant ». Bien vu. De belles valeurs y sont inscrites : liberté, démocratie, équité, paix, etc. Ce que je retiens également de très courageux, c’est que « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». Au fait, qui est le plus faible ? L’ouvrier ou le retraité qui perçoit un revenu juste suffisant pour vivre, le requérant d’asile débouté et menacé de renvoi, la personne fragile dans sa santé mentale et hospitalisée tous les 6 mois, qui d’autre encore … ? Ils sont nombreux, n’est-ce pas ?
Dans la Bible, les plus fragiles sont : la veuve, l’orphelin et l’émigré. La notion de « prochain » (cf « aime ton prochain comme toi-même ») est d’abord assez restrictive, dans la Loi de Moïse. C’est celui qui t’est proche, dans ton identité religieuse, sociale, politique. Cependant Jésus fera éclater cette notion en affirmant (cf la célèbre histoire du Bon Samaritain) que chacun peut être soi-même le prochain d’une autre personne, c’est-à-dire faire preuve de bonté, de compassion. Une attitude naturelle ? Pas forcément. Une attitude courageuse, en tout cas.
D’un autre côté, assez loin des valeurs de notre Préambule, je constate que la peur l’emporte souvent, dans la volonté des pays de se sécuriser par l’armement, la préparation à la guerre, au détriment de la Création (climat, agriculture, santé par ex.), des efforts de cohésion sociale et de solidarité internationale. Comment retrouver le courage de vraiment bâtir la paix, plus solide qu’une simple absence de guerre ? La peur maximise les risques, le courage les assume.
Frédéric Steinhauer