Vous avez dit humain? (Genèse 1,26-31)
2024-01-20
L’homme arrive au soir du sixième jour, en dernier, après la cohorte des insectes et des animaux, et il est dit qu’il a pour rôle de «dominer» sur les autres espèces. Cette «domination» à l’origine du spécisme et qui fait polémique de nos jours n’a pourtant rien à voir avec une quelconque hiérarchie des espèces. Elle signifie simplement la possibilité d’un niveau de conscience différent, lequel, quand il advient, est propre à l’humain. En effet, le propre de ce dernier est de ne pas être soumis pour toujours à ses instincts ou à ses hormones: il est en son pouvoir de les dominer. Premièrement, en effet, de toutes les espèces, l’humain est le seul à pouvoir reconnaître, un jour, que son origine n’est pas en lui, et à lever le nez vers le ciel, pour l’interroger. Deuxièmement, de tous les êtres vivants créés dans un même but, c’est-à-dire «être féconds» il est aussi le seul à pouvoir comprendre – parfois – que la fécondité biblique ne consiste pas forcément à faire des petits à «tire-larigot», ni même à mettre au monde des enfants. Elle consiste à porter la semence et à semer: c’est-à-dire à laisser pleinement mûrir en nous cet appel primordial à la vie, à apprendre à porter fleur ou fruit, plus loin, tout en cherchant inlassablement à retrouver cette utopique harmonie d’une vie partagée, où l’entre-dévoration n’existe tout simplement pas.
Elisabeth Schenker
Prière:
Je rêve parfois d’une vie où chaque être verrait à quel point il est très bon de se reconnaître issu d’une même origine. Et ce rêve, Seigneur, c’est ma prière.