Bientôt le soir, demain dimanche 28 mai
Si croire c’est regarder au-delà de l’horizon, comme nous le disions la semaine dernière, croire permet aussi de regarder, non seulement au loin, mais encore à l’intérieur de soi-même, au-plus secret, et découvrir qu’il y a à cet endroit un souffle qui agit et respire, profondément, et qui ne vient pas de nous, qui ne nous appartient pas. Le croyant fait alors l’expérience de la délicate présence de Dieu, lovée au plus secret de son être. Il respire plus à l’aise, et sent ses pas plus légers. Il goûte Dieu par toutes les fibres de son être.
Croire, dès lors, donne accès à cette intime conviction - que seul le Souffle de l’Esprit vient parfaire d’ailleurs : Dieu fait sa demeure en nous. Cela n’a rien d’une chimère, ni même d’une autosuggestion. Il s’agit simplement de la réalisation d’une promesse. Oui, rappelez-vous ces paroles de Jésus à ses disciples : “si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole”, dit-il, “et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.” Jean 14,23
Nous viendrons faire notre demeure en lui. La demeure, l’habitation. Dit autrement, Dieu élit domicile au plus secret de chaque croyant. Et ce domicile, pour reprendre l’image, n’est pas un domicile quelconque. Il est à proprement parler la demeure, le lieu éminemment sacré et saint. La demeure fait référence ici, dans le vocabulaire de l’évangéliste Jean, à la shekina, à savoir le lieu très-saint du temple, lieu où Dieu promet d’être le plus présent. Ce n’est pas rien ! quel privilège !
Parce qu’elle sent en elle cette profonde habitation de Dieu qui est Esprit, la personne croyante sent qu’elle n’est désormais plus jamais seule sur son chemin de vie, ni même sur son chemin de foi. Elle perçoit en elle cette chance, ce privilège d’accueillir en soi le Plus-que-Vivant.
Il s’agit ici de dire encore deux choses : d’abord, cette expérience procède d’une conviction et non d’une certitude, au sens où cette expérience de la foi est sans cesse à refaire, à revivre, à éprouver encore et encore. Entendez par là, elle n’est pas le produit d’une démonstration rationnelle une fois pour toute, et probablement pas d’un discours philosophique non plus; elle advient à celui et celle qui acceptent de se risquer à Dieu, en toute confiance.
Et puis, le croyant n’est pas seul responsable dans le développement de sa foi. C’est l'œuvre même de l’Esprit saint. C’est ce qui est rappelé en cette fête de Pentecôte à laquelle aboutit notre parcours sur la foi. Oui, qu’est-ce Pentecôte, sinon cette fête qui rappelle que Dieu vient à notre rencontre et soutient notre foi en se faisant l’intime de nos cœurs de croyants. Nous donnant les moyens pour atteindre ce qu’Il souhaite de toute éternité pour nous !
Depuis Pentecôte, le croyant sait qu’il n’est plus jamais seul. Il se sent à tout jamais habité d’une présence, qu’il ressent comme une source d’eau vive qui coule en lui et qui déborde parfois dans son quotidien, et pleinement dans son éternité.
Amen !
Sandro Restauri, pasteur