Chaque semaine, des voix issues de différentes traditions religieuses du Nord vaudois partagent une réflexion, une méditation ou un éclairage sur l’actualité et la vie spirituelle. 

À travers Faits Divins, Croire aujourd’hui ou Le Billet, ces textes proposent des regards variés et inspirants, invitant chacun à nourrir sa pensée, sa foi et son engagement au cœur du monde.

Un regard spirituel sur notre monde, chaque semaine.

Vocation « professionnelle »?

11 août 2025

« Back to school » peut-on lire dans les magasins. « Back to work » pour les adultes. L’heure de s’interroger sur les finalités de notre emploi ?

 Certes, le travail est avant tout alimentaire. On ne peut vivre que de convictions philosophiques ou de passions. Une place de travail représente un cadeau, permet l’autonomie, subvient aux besoins d’une famille. Certes, partagé entre pénibilité et satisfactions, le thème du métier est sensible. Est-il moyen de subsistance ou rôle social, lieu d’étiolement ou d’épanouissement, obligation culturelle ou marqueur de statut ?

La conception judéo-chrétienne du travail s’appuie sur des représentations de Dieu. Créateur, il attend des humains créativité et collaboration. Grand Jardinier, il nous imagine cultivateurs d’un beau jardin, d’un paradis. Régulateur en chef dans l’Ancien Testament, ses commandements visent justice et respect. Père aimant dans le Nouveau Testament, il nous espère fraternels et solidaires. 

Au nom du « sacerdoce universel », le réformateur Luther a balayé la primauté des vocations religieuses sur les activités laïques et revalorisé les métiers profanes (dans le mot allemand « Beruf », métier, résonne « Ruf », l’appel, la vocation). Hanté par le spectre des guerres civiles, Luther fut conservateur. Il vaut mieux rester dans sa corporation et soumis à son prince. 

Calvin fut au contraire progressiste. Pour aligner son emploi sur les valeurs du Grand Patron (« servir son prochain »), chacun examine sa situation, choisit soigneusement une voie professionnelle et corrige les dérives. Loin du réformateur la pensée d’incriminer les arrêts de travail pour maladie, les pertes d’emploi et les aléas de l’existence. Cependant, au nom d’une société égalitaire et inclusive, la morale calviniste a fustigé tant la facilité de la mendicité que l’oisiveté des riches, tant le libéralisme égoïste que la paresse hédoniste. 

En 1600, dans une toile célèbre du Caravage, « L’appel de Matthieu », le peintre a mis en scène un personnage occupé à compter ses pièces d’argent et baissant la tête face à un Christ qui le désigne du doigt. Matthieu s’entend dire : toi qui ne travailles que pour ton propre intérêt, décentre-toi, collabore, entre en mission, acquiers le sens du service public, inscris-toi dans un cadre qui te dépasse. 

« Viens à ma suite ! », évangile de Matthieu, ch. 9. 

Alain Foehr, ancien pasteur et enseignant

Pensée du jour

Cette déclaration était à peine achevée qu'un conflit s'éleva entre Pharisiens et Sadducéens et l'assemblée se divisa. (Actes 23,1-11 "v. 7")

Lire la suite Proposé par : Pain de ce jour