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Discours, méditations, prédications ...

Nous croyons en Dieu.
Nous croyons en un Dieu à l’origine de la vie, une vie créée pour l’amour. Comme une rose et ses épines, cette vie est aussi belle que piquante.  Cette vie est faite de douceur et de douleurs.
Nous croyons en un Dieu qui nous offre des racines et qui nous dresse comme un arbre vers le ciel. Il nous invite à respecter tout ce qui est vivant. 
Nous croyons en un Dieu que nos yeux ne peuvent pas voir, comme un parfum.
Nous croyons en un Dieu qui écoute nos secrets, un Dieu a qui nous pouvons adresser nos SOS et nos bouteilles jetées à la mer.

Nous croyons en Jésus-Christ.
Cet homme est le fils de Dieu et il fut son messager sur la terre. Il a été envoyé dans le monde pour rappeler qu’une espérance est possible.
Nous croyons qu’il a pris soin des gens, de leur corps et de leur esprit, de leur santé physique comme psychologique.

Nous croyons en l’Esprit Saint.
Nous croyons que la foi est une lumière capable de guider dans la nuit la plus sombre et de réchauffer les instants les plus froids.
Nous croyons que, par son Esprit, Dieu habite en chacun de nous, qu’il nous invite à croire en nous, en nos capacités et en nos talents. 
Il nous encourage à vivre le partage, l’entraide et la fraternité. Il fait de nous des frères et des soeurs.

Nous croyons que la Bible contient des histoires qui nous parlent des grand principes de la vie et qui nous aident à vivre ensemble. 
Nous croyons que l’Eglise est un lieu convivial, qui rassemble des personnes aux chemins divers mais aux idées communes.  Nos aïeux et nos aînés nous ont transmis des valeurs importantes et nous aussi nous ont permis d’apprendre à mieux connaître Dieu.

Souvent nous doutons et nous ne comprenons pas tout. 
Mais nous croyons que, quoi qu’il en soit, Dieu aime notre humanité.
Amen ! 

[Lors d'un week-end, les jeunes de la région Morges-Aubonne ont été invités à jouer ensemble et à désigner de façon commune les 5 objets qui faisaient le + référence à leur foi : une rose, une lumière, une plante, les mains réunies, une fiole]

Zayhit, l'olivier

Je suis Zayhit, je suis un arbre, un olivier.
J’habite ici dans cette belle oliveraie au Sud de Jérusalem.
Je sais, je sais, vous ne la connaissez pas notre oliveraie.
Eh oui, nous ne sommes pas aussi célèbre que celle qui se trouve juste à côté du temple.

Pourtant, en ville, les rumeurs disent que ce sont nos olives les meilleures. Elles servent à faire de l’huile pour la dégustation, mais aussi de l’huile pour l’onction, et bien sûr de l’huile pour les lampes. Quelle fierté ! Moi qui n’ai que 10 ans, je produis des olives depuis très peu de temps, mais de savoir que mes fruits sont un délice pour les papilles et un délice pour notre Dieu, alors là, je suis heureux.

J’ai de la chance car j’ai été planté juste au bord du chemin. Ce chemin qui relie Jérusalem à Bethléém. Un spectacle différent chaque jour. De mon tronc au centre de Beethléem, 2 heures de marche. Comment je le sais ? Ce sont les voyageurs et les marchands qui disent ça quand ils passent devant moi, ils s’encouragent les uns les autres en disant : « à partir d’ici, 2h de marche ». Eh oui, moi et mes racines nous n’avons fait le voyage, vous imaginez bien. Mais avec tout ce monde qui passe, ça me fait voir du pays.

Vous savez, je ne suis pas un figuier moi, en général y a personne qui vient se reposer à mes pieds. Et pourtant tout à l’heure j’ai vécu une drôle de rencontre. Une femme ronde comme olive trop mûre, s’est couchée juste à côté de moi, sur le bord du chemin. Elle semblait épuisée. Elle disait à l’homme qui était avec elle : "je m’arrête là, j’ai mal aux pieds, le petit va arriver d’un moment à l’autre, j’en peux plus, laisse-moi ici, continue sans moi". En remuant les branches, j’ai essayé de la rassurer, comme pour dire : « Allez courage madame, à partir de mon tronc 2h jusqu’à Bethléem ».
En réalité, j’avais surtout peur qu’elle accouche là. Moi je fais des olives uniquement, j’ai aucune compétence en accueil de nouveau né.

Bon, là, je plaisante un peu mais, … c’est pour masquer ma gêne, ma peur, ma colère aussi. Une femme dans cet état, en train de marcher, c’est pas normal. C’est pas normal ce qu’il se passe. Tout ce remue-ménage depuis des jours, ces gens qui doivent se déplacer, ces foules en errances, même les vieux, même les malades, même les enfants et mêmes les femmes enceintes… tout ça pour obéir à c’t’empereur. Je voulais pas en parler, mais c’est plus fort que moi.

Heureusement, dans notre oliveraie, il y a un vieil olivier. Bientôt 3000 ans qu’il est là. Alors, il n’fait plus d’olive depuis longtemps, mais le propriétaire le garde pour faire joli. C’est bien ! En plus, il a toujours des choses à nous raconter. Quand ce recensement à commencé et que je râlais à propos de l’occupation romaine il m’a dit : « Zayhit, mon petit, zayhit, calme-toi, tu n’est pas au bout des tes surprises. En vivant, ici à Jérusalem, tu en verras des vertes et des pas mures. » Et il m’a raconté, ce que les ancêtres lui avaient raconté, toute notre histoire, de la création en passant par Abraham, Moïse et tous les autres. Il m’a rappelé que notre feuillage symbolise la paix, depuis qu’une colombe l’a ramenée au patriarche Noé. La paix, je veux bien, vieil olivier, mais pas de paix sans justice…
 
Bon, vous vous demandez sûrement ce qu’est devenu cette femme ?
Hé bien, il faut croire que mes battements de branches ont fini par attirer l’attention d’autres voyageurs. La voyant épuisée, quelques hommes l’ont hissé sur un âne. Et tout ce petit monde a repris la route.
A quelle heure ils sont passés ? Vu la place des étoiles dans le ciel, c’était il y a 2h environ. Ils ont dû arriver à Bethleem.

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Le chien de berger

Je n’ai pas l’honneur d’avoir un nom. Je suis un chien.
On donne des noms seulement à ceux qui ont de l’importance, c’est comme ça.

Je n’ai pas de nom mais je sais d’où je viens. Je suis un chien de Canaan.

Je n’ai pas de nom, mais j’ai un rôle : je suis chien de berger. C’est déjà pas mal. Je sais que les bergers ne sont pas les plus fréquentables, mais chien de berger c’est quand même un bon travail, vous savez.
Protection du troupeau, détection des odeurs, aboiements menaçants.
D’ailleurs, mon travail, je crois que je le fais bien.
Y en d’autres, des chiens, qui n’ont pas cette chance, de travailler, de s’occuper, d’être nourris des miettes qui tombent de la table du maître. La plupart des chiens trainent au abord des villes et des villages à la recherche de nourriture et ils attaquent même les gens. C’est pour ça qu’on a mauvaise réputation.

Donc moi, vous voyez, je n’ai pas de nom, mais j’ai quand même un peu de chance.

Ah ! Et j’ai même une chance supplémentaire, c’est que je n’suis pas chien de berger n’importe où. Je suis chien de berger dans la région de Beethléém. Mais si, Bethléém, vous savez, c’est la région d’où vient David, le plus célèbre des bergers. Mais si, David, rappelez-vous, c’est une histoire connue : ce jeune berger qui est devenu roi. En tout cas ici, c’est la star locale. A mon avis, vous en avez déjà entendu parlé. Pour Azgad, David c’est quelqu’un d’important ! Azgad c’est mon maître, c’est le berger du troupeau. C’est celui qui chante à tue-tête les gloires de son Dieu, là, en marchant devant. C’est lui, Azgad, qui raconte à tout le monde ce qu’il s’est passé.

Il faut dire que, mémoire de chien de Canaan, des soirées comme celle-là, on n’en vit pas souvent.
Déjà, ça a commencé par cette lumière. J’ai aboyé comme un fou, un aboiement bien menaçant comme je sais les faire. J’ai donné l’alerte : une lumière comme ça en pleine nuit, c’est forcément dangereux pour les bêtes. Azgad est venu, les bergers qui était dans les champs d’à côté sont venus aussi. On a tous eu très peur, mais en fait c’était juste un messager qui parlait d’un bébé. Les bébés c’est important pour les humains.
Je n’ai pas eu mon mot à dire : on s’est mis en route, on a marché, tous ensemble. Les troupeaux, les chiens, les bergers, en pleine nuit, j’étais aux aguets pour être sûr qu’il ne nous arrive rien. On est arrivés près d’un lieu. Je n'ai pas le droit de rentrer dans les maisons alors je suis resté devant la porte, veillant sur mon troupeau, pendant qu’Azgad et les autres regardaient ce qu’ils se passait à l’intérieur.

Et puis tout à coup, j’ai entendu comme un ... bêlement. Le cou tendu, les oreilles dressées… Ce n’était pas un bêlement, c’était les pleurs du bébé. Il s’était réveillé. J’étais tellement fatigué que je confondais les deux. Ça a attisé ma curiosité. J’ai hésité puis j’ai fini par quitter des yeux mon troupeau un instant pour aller voir à l’intérieur. C’est pas très pro, je sais, mais … mon odorat était titillé par quelque chose.
Le museau en l’air, je me suis approché discrètement, à distance, j’ai reniflé, humé l’odeur du bébé. Et là, bizarrement il sentait une odeur familière : un peu comme un petit agneau ou bien un petit berger.

Alors que j’avais encore les narines en l’air, le père du petit m’a regardé, l’air de dire, qu’est-ce que tu fais là, toi ? Je suis parti vite, je suis retourné à mon travail, il ne fallait surtout pas qu’Azgad me surprenne la truffe en l’air, il ne m’aurait plus jamais fait confiance.

Les yeux rivés sur mon troupeau, avec les pleurs du bébé en fond sonore, j’ai réfléchis. Je n’ai pas l’honneur d’avoir un nom, mais j’ai l’honneur d’avoir aboyé, d’avoir reniflé et même d’avoir vu ce qui rend Azgad, mon maître, si heureux. Cet enfant, il parait que c’est un descendant de David. C’est pour ça que c’était si important.
A mon avis, cet enfant-là, on n’a pas fini d’en entendre parlé…  
Croyez-moi, j’ai du flair ! 🐾

[Narrations écrites par Eloïse Deuker, à partir de la lecture du Luc 2, 1 à 20]

Lecture du texte : Marc 13, 33-37

"Faites attention ! Restez éveillés, car vous ne savez pas quand le moment viendra. Ce sera comme lorsqu'une personne part en voyage : elle quitte sa maison et en laisse le soin à ses serviteurs ; elle confie à chacun son travail et elle ordonne au gardien de la porte de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra : le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou le matin. S'il revient à l'improviste, il ne faut pas qu'il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »


Témoignage de Myriam
Lorsque j’étais jeune, j’ai toujours ronchonné sur ces journées courtes de novembre et décembre où il fait encore nuit en partant au travail et déjà nuit quand on en revient. J’avais le sentiment que tout le monde subissait comme moi, que c’était notre peine pour mériter les longues soirées de mai et juin.
Et puis un jour, j’ai fait une rencontre importante. C’était un matin, dans une boulangerie, je ronchonne auprès de la boulangère sur la nuit encore présente et, oh surprise, elle n’abonde pas dans mon sens mais, au contraire, elle m’explique comme elle apprécie cette période particulière de l’année. C’est une petite révélation pour moi : je ne suis donc pas obligée de subir cette période, c’est possible de l’apprécier, ce n’est qu’une question de point de vue.

Il fait nuit, mais je peux ainsi me concentrer sur les odeurs qui m’entourent : odeur de pluie, odeur de marrons chaud, de cannelle, de vin chaud. Il fait froid, mais ce petit picotement sur mes joues n’est pas désagréable, au contraire il est vivifiant. Depuis ce jour, j’ai essayé de me réjouir de cette période qui me donne l’occasion d’aller au-delà de ce que je vois pour apprécier ce que je sens et ce que je ressens.

Les années passent : une famille avec des enfants et le désir de bien préparer Noël. Mais ce temps d’attente de Noël qui devrait être joyeux est devenu une course poursuite épuisante, et voilà que je me suis mise à ne plus aimer décembre. Un jour, le pasteur E. Guilloud m’a dit comme il aimait ce mois, pendant lequel il écoutait des chants de Noël en boucle. Là aussi cela m’a fait un petit électrochoc. Je ne devais pas subir cette période frénétique, mais en faire une période particulière, certes chargée, mais aussi entrecoupée de moments de grâce. Dorénavant, chaque année, je m’offre un calendrier de l’Avent, un calendrier avec une case cadeau pour chaque jour, et dans la case qu’est-ce que j’y mets ? … un petit moment pour moi : un moment pour me poser, écouter, sentir, ressentir, prier, écouter et me réjouir.

Pour méditer, je m’installe sur un fauteuil, j'allume une bougie, je mets de la musique, je prie :
Père…
J’aime ces instants de grâce, quand tu me rejoins au cœur de mes prières.
J’aime ces moments où tu me fais ressentir la richesse de ton amour,
J’aime ces instant de grâce, quand la dureté du monde se diluent dans la réalité de ta Paix.
Quand je te contemple, je découvre le monde sous un jour nouveau.
Quand je te contemple, les ombres disparaissent, mon avenir devient évident et rempli de confiance.
Quand je te contemple, c’est un océan de joie qui me submerge.

(Tiré du livre « Prières murmurées » de Pierre-Yves Zwahlen)

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Isabelle nous partage le récit du flocon de neige

Dis-moi combien pèse un flocon de neige ? » demanda la mésange charbonnière à la colombe. « Rien d’autre que rien. » fut la réponse… Et la mésange raconta alors à la colombe une histoire :  » J’étais sur la branche d’un sapin quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n’avais rien de mieux à faire, je commençais à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3’751’952. Lorsque le 3’751’953ème tomba – rien d’autre que rien, comme tu l’as dit – celle-ci cassa… » Sur ce, la mésange s’envola. La colombe, une autorité en matière de paix depuis l’époque d’un certain Noé, réfléchit un moment et se dit finalement : « Peut-être ne manque-t-il qu’une personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix ? »

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Eloïse présente 3 arbres

Dans nos forêts, j’ai repéré 3 arbres.
Le mélèze. Le sapin. L’épicéa.
Le mélèze. Il est une exception parmi ses semblables, dans la famille des conifères. Il perd ses aiguilles en automne, lesquelles jaunissent, rougissent et brunissent avant de tomber. Il est le seul conifère d'Europe à avoir cette particularité. Je l’ai admiré, comme vous sans doute, en Valais.
J’aime penser que le mélèze fait tomber ses aiguilles en automne pour se faire une couverture douillette pour l’hiver, pour protéger ses racines du froid. Comme un plaid ! Il garde de l’énergie l’intérieur de lui-même, la sève. C’est sa manière à lui de résister au froid et à la baisse de luminosité.

Il a aussi le sapin. Le sapin blanc, le sapin commun. Il se reconnait car il a des aiguilles arrondies au bout et avec deux bandes blanches sur le dessous. Son écorce est grise. Il a des cônes qui montent vers le ciel.
Je vous fait passer des bouts de sapin blanc. Touchez ses épines. Elles sont douces ! C’est magique ! Prenez aussi le temps de détacher ses épines et des les écrases entre vos doigts. Sentez : ça sent la mandarine !

Et puis il y a l’épicéa. Ses aiguilles piquantes et entièrement vertes. Son écorce est rouge. Ses cônes qui pendent vers le sol. Tenez, je vous fait passer aussi des branches d’épicéa. Vous verrez, ça pique, c’est moins agréable !

Dans le parcs du Jura vaudois, sur tous les arbres, on trouve 70% de ces deux épineux : le sapin blanc et l’épicéa.
Avec ces conifères, on convoque notre vue, notre toucher…. Et même notre odorat.

J’aime bien penser à la douceur de l’un, et au piquant de l’autre. C'est un peu comme Noël. Une histoire douce avec ce bébé qui nait dans notre monde, mais piquante aussi, parce qu’il vient dans la nuit du monde, dans des conditions particulières, difficiles, un peu misérables aussi. Une histoire douce et piquante à la fois, qui raconte comment Dieu vient rencontrer les humains que nous sommes.
Comme ces deux conifères cohabitent dans nos forêts, la douceur et le piquant cohabitent dans notre temps de l’Avent, dans le temps Noël. Une douceur qui berce, et qui fait du bien, et en même du piquant qui nous tient éveillé.

Le texte

L’histoire de David contre Goliath raconte comment David, jeune berger et futur roi d’Israël en vient à gagner un combat (qui semblait pourtant perdu d’avance) contre un soldat ennemi, Goliath.

Les textes racontent que Goliath, la cible de David, mesure près de trois mètres ; qu’il a un casque et des jambières de bronze, une cuirasse à écailles, qu’il porte en bandoulière un sabre. Il a aussi une lance, dont le bois est gros comme le cylindre d'un métier à tisser, avec une énorme pointe de fer. Devant lui, marche son porteur de bouclier.

David, lui, est un jeune berger. Au départ il avait simplement la mission d’apporter du ravitaillement (du pain, du fromage) à ses frères sur le champs de bataille. De fil en aiguille et contre toute attente, après avoir reçu de nombreuses paroles décourageantes, le jeune berger, habitué à protéger son troupeau contre les lions et les ours, ayant une solide confiance en Dieu, insiste pour attaquer à sa manière ce soldat ennemi.

Nous lisons que David « prit en main son bâton, se choisit dans le torrent cinq pierres bien lisses, les mit dans son sac de berger, dans la sacoche, et, la fronde à la main, s’avança contre Goliath. »

Après un long discours guerrier et après avoir invoqué Dieu, « David mit prestement la main dans son sac, y prit une pierre, la lança avec la fronde et frappa Goliath au front. La pierre s’enfonça dans son front, et Goliath tomba la face contre terre. »

Message

Je ne sais pas si cette année à l’abbaye de Ballens, il y a d'aussi grosses surprises que dans cette histoire ?!
S'il y a des personnes dont on ne soupçonnait pas au départ les compétences de tir et qui s’avèrent être en réalité des viseurs hors pair, précis, concentrés, atteignant la cible avec efficacité, du premier coup !

Tout comme le tir n’est pas uniquement une affaire guerrière, mais qu’il s’agit aussi d’un sport qui demande concentration et maîtrise de soi, de même, l’histoire de David contre Goliath n’est pas une invitation à la bataille, c'est surtout le récit d’une victoire symbolique qui nous dit bien autre chose.

Dans ce récit, nous l’avons entendu, Goliath est férocement armé, ... mais cela n’a pas permis sa victoire.
Je voudrais que nous observions ensemble, quelques pièces du maigre attirail de David.
Nous y trouverons peut-être des liens avec l’Abbaye de Ballens...

- Le texte nous dit que David a sa sacoche de berger. Sacoche dans laquelle il a d’abord transporté de la nourriture pour le ravitaillement, avant de la remplir de munition, de cailloux.
J’ai la sensation que c'est un peu comme pour une abbaye, il faut avoir plus d’un tour dans son sac. Car il faut avoir tour à tour des munitions et puis de quoi nourrir et faire boire les gens. Les abbayes me semblent être un savant mélange de tir … et de ravitaillement, un mélange de compétitions suivi d’apéritifs et de banquets !
Plus sérieusement, ce que j’admire chez ce David, avec cette multiple utilisation de sa besace, c’est cette capacité à revendiquer de n’être enfermé dans aucun rôle. David revendique son droit d’être à la fois un jeune homme, un berger, un protecteur, un veilleur, un guerrier, un ravitailleur. Il ne se laisse pas enfermer dans ce qu’on pense de lui, ... et c’est de son sac qu’il sortira ses trésors.
David, de son sac, sortira aussi tout un attirail qui ne se voit pas : son courage, sa foi, sa confiance, sa ténacité, ses compétences, son assurance …

- Je voudrais aussi revenir un instant sur les munitions choisies par David. Des cailloux polis, des cailloux lissés par le temps, trouvés dans un torrent nous dit le texte. Si l’histoire prend la peine de nous préciser cela, ce n’est pas uniquement par amour des détails, mais c’est également pour l’aspect symbolique de la pierre lissé par le temps. Ces pierres ont été façonnées par toute une histoire, par le passage de l'eau, par le courant d’un torrent. Tout comme David, qui assume aussi son héritage, le temps qui l’a façonné. Oui : David assume l’histoire et la foi de ses ancêtres, et les prends aussi comme comme munitions pour sa vie et pour sa victoire.
J’ai cru comprendre que dans l’histoire de l’abbaye de Ballens, il y aussi le désir de perpétuer une tradition, de regarder en arrière avec reconnaissance, de conserver  d'une certaine manière, les cailloux lissés par le temps et l'expérience des anciens, pour faire de cette compétition, de cette fête, à la fois une fête d’autrefois et en même temps, une fête pour notre temps, pour les jeunes générations.

Dans le cantique suisse, j'ai découvert que la 4ème strophe disait : « garde la foi des tes aïeux, vis comme eux ». Nous ne sommes pas dans une invitation nostalgique. Il s’agit d'un invitation à faire confiance à la sagesse d’autrefois, qui a porté tant de générations.

Comme David met dans ses poches des pierres polies par les siècles, nous avons, chacun - chacune, nos besaces remplies d’histoires du passés qui nous font vivre : des textes anciens, des textes sacrés, des récits de vie de nos ancêtres, de nos parents, des archives, des histoires d’autrefois de nos villages …

En parlant de génération, d’après la généalogie biblique, Jésus-Christ serait lui-même un descendant de ce David. Et il semblerait que de son ancêtre, il ait gardé en lui une conviction forte : la fragilité humaine peut-être convertie en force divine. Et la conviction qu'il est juste et bon de se battre contre les géants. C’est pour cela que ces histoires font partie de notre héritage et font germer en nous ces convictions intimes que les difficultés, même les plus grandes, peuvent être vaincues et dépassées !

Sur le site internet de l’Abbaye, j’ai vu qu’une citation avait été mise en avant : « Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait » … c’est ça au fond, qui continue de faire vérité pour nous, pour vous. Pour les croyants cela serait formulé un peu autrement "Rien n'est impossible à Dieu » ou bien « Rien n’est impossible à celui qui croit ». Oui, ce sont les récits du passés, couplés aux expériences du présents, qui nous rappellent que les géants se dépassent !
J’ai la conviction qu’il y a quelque chose de cet ordre là, dans l’abbaye  de Ballens qui nous rassemble aujourd’hui et qui vous a rassemblés et mobilisés ces derniers mois : "Les géants se dépassent car rien n’est impossible à celui qui croit ! »

Prions ensemble :
Seigneur notre Dieu,
Tu es celui qui met dans le coeur de chacun et chacune une force de vie,
Tu es celui qui remplit notre sac de ravitaillement et de force pour la route,
Nous sommes heureux et heureuses de ces temps partagés ensemble.

Nous confions à ton amour, cette fête et les habitants de ce village de Ballens, du plus ancien au plus jeunes, toutes les générations qui se succèdent. Nous sommes reconnaissants pour l’histoire précieuse portée par les anciens et pour le renouvellement des idées portées par la jeunesse.

Nous confions à ta grâce celles et ceux que les géants bloquent : les géants de la maladie, de la solitude, du grand-âge. Que personne ne se sente jamais abandonné de toi.

Nous désposons dans ta main, celles et ceux qui s’engagent pour l’humanité de demain ; les peuples qui se battent pour ne pas être enfermés dans le carcan de la guerre ; les artistes qui transfigurent le réel pour offrir un monde savoureux ; les bénévoles qui proposent gratuitement leurs compétences.

(bref silence)

Ensemble, d’une même voix, nous te disons la prière qui nous a été transmise par Jésus lui-même : Notre Père qui es aux cieux …

Juillet 2023 · Eloïse Deuker

Lecture : Marc 9,33-37

Chère famille, chers amis,
Le texte que j’ai choisi pour ce culte place en son centre un enfant. Quand avez-vous accueilli un enfant pour la dernière fois ?

Il y a parmi vous aujourd’hui des parents, dont vous T. et J., qui avez accueilli C. et M. dans votre vie et que nous accueillons aujourd'hui dans la grande famille chrétienne ; comme parents, accueillir un enfant, c’est pour la vie et c’est chaque jour à recommencer. Il y a aussi parmi vous des grands-parents, dont vous les grands-parents de C. et M. Etre grands-parents aujourd’hui, c’est souvent être mis à contribution, avec tout ce que cela suppose d’ajustements à trouver pour ne pas empiéter sur le rôle des parents, tout en prenant sa place et en la prenant bien ! Et il y a parmi vous aujourd’hui des marraines, des parrains, des tantes, des oncles et j’en passe, vous tous qui d’une manière ou d’une autre, êtes appelés à accueillir un enfant, que ce soit pour la vie ou à l’occasion d’une simple visite. Accueillir un enfant, pour vous, c’est comment ? C’est facile ? Synonyme de joie, de complicité partagée ? Ou alors, c’est plutôt exigeant, déroutant, fatigant, voire éreintant ? Ou peut-être un peu tout cela à la fois ?

Pour Jésus, dans le récit qu’on a entendu, l’enfant qu’il accueille lui permet de communiquer un message essentiel. « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, m’accueille moi-même et accueille celui qui m’a envoyé. » (9,37) Pour Jésus, accueillir un enfant, c’est donc accueillir Dieu lui-même. Comment Jésus peut-il dire quelque chose d’aussi énorme ?

Vous l’avez entendu, Jésus donne dans ce passage un enseignement crucial à ces disciples sur la manière de servir les autres. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous. » Vivre vraiment, selon Jésus, c’est se mettre au service des autres. Et se mettre au service, c’est accueillir le plus petit parmi nous. Et c’est ce que Jésus fait : il ne théorise pas, il agit ; il accueille un enfant en le prenant dans ses bras. Un geste fou pour la société de l’époque, où l’enfant, contrairement à aujourd’hui, n’a aucune valeur. A ses disciples, Jésus dit : en accueillant ce qui aux yeux du monde n’a pas de valeur, c’est Dieu que vous accueillez et votre vie prend dès lors toute sa valeur et sa grandeur.

Vous avez bien entendu : accueillir un être qui aux yeux du monde n’a pas de valeur, c’est accueillir Dieu lui-même. Qu’est-ce qui est en jeu ici pour Jésus ? Je crois que ce que Jésus veut communiquer à ses disciples, c’est qu’un enfant appelle sur lui un certain type de regards. De quoi un enfant a-t-il besoin pour pourvoir grandir ? Il a besoin de sécurité, de confiance. Par-là, j’entends tous les regards, les paroles, les gestes qui lui disent : quoi que tu fasses, quels que soient tes réussites et tes échecs, je t’aime, tu peux avancer en étant sûr·e de cet amour inconditionnel que je porte sur toi et sur ta vie. Je le glisse au passage, cet amour inconditionnel n’empêche pas de poser des limites, je dirais même qu’il les appelle. Mais c’est ce regard qui est premier.

Ce type de regard marqué par une confiance fondamentale est je crois essentiel à toute vie et à toute communauté humaine. A l’image des enfants, ce sont les personnes les plus vulnérables qui nous le rappellent, ceux dont la vie-même nous dit : « J’ai besoin de me savoir exister dans ton regard pour vivre et pour grandir. » Une paroissienne me racontait récemment qu’il y a de cela plusieurs années – lors d’un séjour en Turquie où elle se rendait comme infirmière dans un hôpital –, c’est une aide-soignante qui lui avait permis d’entrer dans ce jeu de regards lorsqu’elle lui avait dit : « Toi, tu es là pour trois semaines ; nous on est là tout le temps. » Ce que cette femme pointait en disant cela, c’est la persévérance, la ténacité nécessaires pour que ce regard de confiance sur les plus vulnérables porte réellement du fruit. Ce qu’elle pointait également, c’est la vulnérabilité de la personne accueillante elle-même. Et il y a là tout un champ relationnel que nous ne faisons qu’esquisser ce matin.

« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, m’accueille moi-même et accueille celui qui m’a envoyé » (9,37), dit Jésus. Comment accueillons-nous aujourd’hui C., M., chaque enfant, chaque être vulnérable qui nous est confié ? Chacun d’eux appelle un regard plein de confiance, de bienveillance, d’amour.
Chère famille, chers amis, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer : ce regard-là, c’est précisément celui que le Christ pose sur chacune et chacun de nous. Nous pouvons y placer notre confiance pour aimer à notre tour. Amen.

Mai 2023 · Samuel Ramuz

 

Lectures bibliques : 1 Corinthiens 3, verset 7 ; Marc 4, v. 26 à 29 ; Jean 3, 4 à 8

S'extasier devant l'incompris

Il y a ce que je vois et il y a tout ce que je ne vois pas.
Il y a ce qui est palpable et ce que je ne peux pas toucher.
Il y a ce que je comprends et ce qui reste insaisissable par l’intelligence.

J’ai grandi dans une famille dans laquelle on s’extasiait devant les choses qu’on ne comprenait pas : la pousse des fleurs ou des arbres, l’organisation des fourmilières dans le jardin ou sur la terrasse, mais également le fax et la façon dont volent les avions. C'est assez éclectique, comme vous pouvez l’entendre !... mais de mes parents, je garde le souvenir de deux adultes qui ont continué longtemps de s’émerveiller des choses qu’ils ne comprenaient pas totalement.

Ce n’était pas toujours du pur émerveillement bien sûr, il y a des choses qu’on ne comprends pas qui nous rendent triste, nous agacent ou nous désespèrent : la découverte inattendue d'une maladie, les accidents... [mais pour être plus léger ce matin, parlons plutôt du chemin qu’empruntent ces fameuses fourmis de la terrasse pour aller se loger dans la boîte de sucre en morceaux !]

Oui : il y a tant de choses que nous ne connaissons pas, que nous ne maîtrisons pas.

Mystérieux

Les 3 passages bibliques que nous avons entendu ce matin parlent justement de cela. De ce « on ne sait quoi, on ne sait comment » qui fait croître une plante. Ou encore de cette présence mystérieuse du vent, signe de liberté et de nouvelle naissance.

Pour la famille de R., le lien à la terre, le monde agricole, c’est quelque chose d’important. R. apprend en ce moment le jardinage, en plantant par exemple des carottes ou des pommes de terre. Par là, je crois qu’elle apprends non seulement à cultiver la terre, mais également à faire confiance à ce qu'il se passe dans la terre et qu’elle ne peut pas maîtriser complètement. R. peut planter et arroser, mais elle n’a pas le pouvoir, seule, de faire croître les carottes ou les patates.

Au temps de l’antiquité, au temps de Jésus, la question de la germination était vraiment mal connu. Aujourd’hui, malgré les prouesses technologiques, les agriculteurs et agricultrices restent toujours relativement tributaire de ce « on ne sait quoi, on en sait comment » qui fait germer et pousser les graines. Cela reste relativement mystérieux ...

Des racines et des ailes

La maman de R. me disait qu'elle était touchée par ce proverbe juifs qui dit qu’on ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes. Pour reprendre l’image biblique, on pourrait aussi dire, on ne peut faire que deux choses pour ses enfants : semer et arroser, le reste ne nous appartient pas. Ou bien, on ne peut donner que de choses à nos enfants : une semence et de l’eau, ce que l’enfant en fera, cela ne nous appartient pas.

En offrant des racines et des ailes à son enfant, on offre un ancrage et un moyen d’élever ses branches en hauteur et c'est déjà beaucoup !… mais nous n’avons pas le moyen de gérer tous les noeuds du troncs, de ralentir la chute des feuilles, ou d’accéler la production des fruits…

L'eau du baptême & la liberté

J’aime croire que le symbole de l’eau du baptême dit quelque chose de cela aussi. L’eau du baptême arrose l’enfant d’aujourd’hui, elle est chargée de promesses et de bénédictions, elle offre une identité nouvelle à R., mais n’est en rien une assurance sur le « comment » l’enfant va prendre racine et developper ses branches et ses ailes. Et c’est tant mieux, car en cela il y a beaucoup de la place pour la liberté.

La liberté, c’est justement le symbole du vent, dans le dialogue entre Nicodème et Jésus. Alors que Nicodème s’interroge sur la capacité de naître de nouveau quand on est vieux, quand on a déjà beaucoup vécu, quand on a déjà amassé du savoir, quand on a de l’expérience, Jésus insiste sur la naissance nouvelle. « Il vous faut tous naître de nouveau » dit-il, TOUS !
Les vieux et les jeunes, etc... tous, dit Jésus ! Il invite son interlocuteur à se laisser balayer par le vent qui souffle, invisible mais décoiffant. En disant cela à Nicodème, Jésus sait qu’il est subversif et dérangeant. Nicodème est un homme âgé, un pharisien très attaché à la loi. Un homme qui a besoin de cadre et de règles pour se sentir en sécurité. Jésus lui donne l’image du vent, soit l’élément naturel le moins  visible, le moins prévisible, peut-être le plus déroutant.
C’est comme si Jésus disait à Nicodème « Laisse-toi décoiffer pour une fois, tu verras, ça ouvre la porte à des choses nouvelles ! ». Comme si Jésus invitait Nicodème à être une dune de sable qui se laisse façonner par le vent, force invisible et mystérieuse capable pourtant de modifier un paysage entier.

Des succès qui ne dépendent pas de nous

Quand on fait du sport, on entraine notre corps, on réfléchit à une stratégie, on espère la victoire et la réussite.
Quand on fait des réunions, des séances de travail, des assemblées générales, on fait le bilan de nos réussites et de nos échecs personnels ou de groupe.
Quand on travaille, quand on gère sa maison, on prévoit, on organise, on ordonne, ...

Quand on vient à l’Eglise, au culte le dimanche matin, on se penche sur ces mystères et sur ces imprévus. On s'interessent aux succès qui ne dépendent pas de nous. On observe le dynamisme créateur qui avance en dépit et au-delà de nos actions. On profite de ce qui s’organise discrètement sans nous et pour nous. On se réjouit des choses qu’on ne maîtrise pas et qui s’accomplissent sans effort de notre part. Et ça fait du bien de prendre du temps pour cette part mystérieuse de nos vies !

Je vous raconte encore une anecdote.
Lorsque j’enseignais le français en Egypte, chaque professeur qui quittait la salle des profs, disait « Anshoufou bokra inchaAllah », c’est à dire « on se voit demain, si Dieu le veut ». Après plusieurs semaines d'observation, j’osais enfin demander : pourquoi ajouter « Inch’Allah »... Y a-t-il  une part de doute au fait qu’on va se voir demain ? Avez-vous d'autres projets ?
Ce à quoi une collègue m’a répondu en riant : « Toi, ça se voit : il n'y a pas de place dans ton agenda pour l'imprévu ! »

Prions :
Notre Père, en ce jour,
nous t’offrons le prévu et l’imprévu.
Ce que nous avons saisi,
et ce que nous ne saisissons pas.

Le prévu, est déjà inscrit sur nos agendas
semaines de travail, planning, vie rythmée à l’avance.
Même les vacances, nous les avons déjà organisées, prévues.
Vie haletante, vie surchargée,
avec peu de moments pour souffler.

Mais nous voulons aussi t’offrir l’imprévu,
pour le recevoir comme un cadeau de ta part,
quel qu’il soit.

Ce sera un appel inattendu,
une nouvelle responsabilité proposée,
un échec ou une maladie non envisagés,
l’arrivée d’un ami ou d’un casse-pieds
ou la joie toute neuve d’une aventure à tenter.

Toi, le Dieu imprévisible et fidèle,
communique-nous la cadence de ton amour,
celle qui vibre au prévu et à l’imprévu.
Alors nous entendrons battre nos coeurs
à l’écho de tes appels. Amen !

Juin 2023 - Eloïse Deuker

[ Au cours de ce culte, 13 jeunes ont reçu une parole de bénédiction à l'occasion du baptême ou de la confirmation de leur baptême. Autour du thèmes des repas dans la Bible, ils ont choisi le titre "L'oignon fait la force" pour ce culte]

Les adolescents, vous êtes un peu comme des oignons. Il faut d’abord apprendre à vous connaître, ôter les couches supérieures, superficielles, de vos timidités ou de vos façons d’être.

Les adolescents - c’est pas les parents ou les grands-parents qui diront le contraire - parfois ça pique les yeux. Depuis toujours, la façon dont s’habillent, se coiffent ou se maquillent les ados, ont toujours piqué les yeux des générations plus âgées !
Mais voilà : il arrive qu’avec vous, comme avec les oignons qu’on coupe, qu’on verse une larme… Car votre manière d’être est émouvante..., ou bien vous nous faite rire aux larmes, avec vos blagues !

Et puis, comme des oignons, vous rajoutez de la saveur dans les plats de nos vies, avec vos questions un peu directes, vos incompréhensions, votre regard nouveau sur la vie, vos questions sur l’avenir.

Regardez-les, en rang d’oignons ! Ils sont beaux non ?

Être à table, manger, on retrouve ça dans toute la Bible. Dans le monde antique, tant gréco-romain que dans le monde juif, les repas remplissent une fonction centrale : on mange pour survivre, mais on mange aussi comme marqueur social.
L’un des premiers commandement de Dieu, dans le livre de Genèse, concerne ce qu’il convient de faire pour s’alimenter.
Dans le Nouveau Testament, qui raconte notamment la vie de Jésus, les repas sont généralement associé à l’idée de joie et de convivialité. Certains repas révèlent un aspect fondamental du ministère de Jésus, comme celui de l’intégration des personnes exclues.

Beaucoup de moments sont l’occasion partager un repas : mariage, fête religieuse, accueil d’un étranger, retour d’un fils perdu... On se réjouit souvent autour de banquet. Ces repas dans la Bible ont notamment pour but de montrer comment Jésus se rend proche des gens qu’il rencontre.

Ce qui est amusant, c’est qu’on sait rarement ce qui est au menu pendant les repas de Jésus. Champignons, haricot, patate, comme dans notre sketch ? On connait rarement les ingrédients des repas. Mais, … dans le récit biblique entendu aujourd’hui, on connait le menu : Du pain et des poissons.

Vous souvenez-vous de qui a fourni la matière première pour nourrir ces 5000 hommes ? Un jeune garçon. « Il y a ici un jeune garçon qui a 5 pains d’orge et deux poissons… mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ? »

On ne connaît pas son prénom, on n’a pas beaucoup d’indice pour l’imaginer… alors ce matin j’ai envie de croire qu’il est un peu comme vous. Un jeune garçon sur le chemin de la vie, entre l’enfance et l’âge adulte, qui se dit se demande bien ce qu’il pourrait à avoir à offrir à Jésus. Il se dit qu’il a pas grand-chose et quand il regarde sa vie et sa foi, il les trouve peut-être un peu trop petit…

Le récit nous montrera pourtant que ce jeune garçon, avec ses quelques provisions, permettra de nourrir finalement … une foule entière. De ce que nous pensions tous dérisoire, Jésus a réussi à transformer ça en festin, et même en festin abondant, car il en reste encore à la fin du repas.

N’ayez pas peur des choses que vous avez à offrir au monde, aux autres, à Dieu, n’ayez jamais peur que cela soit trop petit. A l’image de cette histoire, avec l’aide de Dieu, ce que nous offrons de nous-même, Dieu peut le transformer. D’une chose simple et petite, il peut le transformer en festin abondant. Votre foi encore naissante, en construction, qui se questionne et qui se cherche ? Si vous la confiez à Dieu, il saura la faire grandir. Vos petites idées, vos petits projets : confiez-les aussi, Dieu saura les faire décupler ! Vos dons, vos talents, ne les cachez pas non plus : offrez-les autour de vous, partagez les ! Vous n’imaginez pas la joie que ça peut apporter aux autres…

C’est comme lorsqu’on cuisine, il y a des tous petits ingrédients, qui changent tout. Les épices et les condiments. Vous êtes déjà tombé sur un minuscule bout de piment qui vous a mis la gorge en feu ? Le plus connu pour assaisonner les plats, c’est le sel évidemment.
Le second texte biblique entendu ce matin en parle. "Vous êtes le sel de la terre"
Le sel, il en suffit d’un petit peu, pour améliorer un plat. Faut faire attention d’ailleurs, car il en suffit aussi d’un tout petit peu trop pour que le plat soit trop salé et immangeable. Mais une pincée de sel ça change tout. Imaginez, une pincée de sel timide qui dirait « Oh non mais, moi j’ose pas, à quoi bon, je suis qu’une pincée de sel, je sers à rien, c’est pas une pincée de sel qui va changer les choses, … » Alors que si, c’est parfois une simple pincée de sel qui rend tout à coup le plat délicieux et révèle les autres saveurs.

Tenez, encore quelque chose qui est petit dans la Bible mais qui est pris comme exemple : la graine de moutarde. On dit d’elle, dans la Bible, que c’est la plus petite graine de la terre, mais qu’elle peut donner un très grand arbre dans lequel les oiseaux viennent nicher.

Bref : oignon, sel ou moutarde, à tous les 13, vous nous faites déjà penser à l’abondance des repas de fêtes, des festins de la Bible.
Alors n’hésitez plus : donner du goût à votre vie, au monde, à votre avenir, donnez du goût, et surtout …. partagez tout ça avec nous ! Amen !

Eloïse Deuker

Avril 2023

 

 

Au nom du Conseil paroissial de la Paroisse du Pied du Jura, je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue au Temple de Berolle.

Nous sommes très heureux de vous voir si nombreux aujourd’hui, et de voir aussi la chance qu’a notre paroisse de pouvoir compter sur autant de bénévoles, vous toutes et tous, qui faites vivre la communauté.

Nous souhaiterions vous remercier chaleureusement ce soir pour le temps et l’énergie que vous donnez pour la Paroisse, dans différentes tâches et domaines aussi nombreux que variés, tous essentiels pour rendre notre Paroisse vivante.

Nous accueillons ce soir Matthias Wirz, bienvenue Matthias dans notre Paroisse ! Samuel vous présentera tout à l’heure. Je souhaiterais juste dire que vous vous êtes engagé durant 20 ans dans la Communauté de Bose en Italie, et que plusieurs de nos paroissiens vous ont rencontré dans ce magnifique lieu fleuri, qui se situe plus précisément au nord de l’Italie, dans le Piémont.

J’y suis allée aussi plusieurs fois, et à l’entrée de l’église du monastère, se trouvait une sculpture en bronze d’un sculpteur italien contemporain, Paolo delle Monache, qui s’appelait « elogio delle mani », « éloge des mains ».

Cette sculpture, tout en hauteur, représentait des mains entrelacées. Je trouvais, en y repensant, que cette image des mains entrelacées symbolisait bien ce que l’on met à l’honneur ce soir, le bénévolat, la solidarité, le don gratuit de son temps, de ses compétences.
La main comme moyen de communication (surtout en Italie !), pour prendre, donner, recevoir, toucher, travailler. « Donner un coup de main », « avoir le cœur sur la main », « mettre la main à la pâte », autant d’expressions pour signifier le travail, la solidarité, l’engagement, l’aide, le lien, la charité.

Autant de valeurs que l’on retrouve dans le bénévolat, le don libre de soi et de son temps pour les autres et pour la vie de notre communauté paroissiale.

Au pied de cette sculpture des mains entrelacées, devant l’église, un petit texte en italien, que je vous lis, en français :

« Mains levées vers le ciel comme un cri, une prière, mains tendues pour serrer d’autres mains
Mains dans les mains…
Toi qui entres à l’église ne l’oublie pas :
Il n’y a pas de main levée vers Dieu qui ne soit une main tendue vers l’autre
Il n’y a pas d’intercession qui ne soit un pas vers l’autre
Il n’y a pas d’amour de Dieu s’il y n’y a pas d’amour pour l’autre
 »

Merci à vous toutes et tous pour votre main tendue, pour l’attention à l’autre, pour l’amour que vous transmettez au travers de votre engagement pour notre Paroisse.

Julie de Montvallon, présidente du Conseil Paroissial

Mars 2023

Marie
Je m’appelle Marie. Je suis la soeur de Marthe et de Lazare.
Je suis l’amie de Jésus…. Enfin, j’étais.
Parce qu’initialement, je lui faisais confiance, moi, à Jésus.
On a partagé tellement de choses quand il venait chez nous.
On a parlé de tout, de la vie, de Dieu.
Je lui ai même confié mes doutes et mes peurs.
Il le savait, Jésus, que perdre un membre de ma fratrie c’était ma plus grande crainte.
Il a su que Lazare était malade, alors je ne comprends pas pourquoi il a tant tardé. Surtout que lui, les malades, il peut les guérir !

Je l’ai aperçu à l’entrée du village et je me suis sentie perdue. Je me suis jetée à ses pieds et je lui ai fait des reproches. La tristesse me fait faire des reproches, c’est comme ça. Je cherche un coupable à ma douleur. Je cherche un coupable à la mort de mon frère… alors ça tombe sur lui. Au fond, ma colère, il est le seul à pouvoir la comprendre, la recevoir, la transformer.

Marthe elle semble confiante. Je ne sais pas comment elle fait. Toutes ces personnes qui viennent nous rendre visite, qui cherchent à nous consoler, pour moi, c’est trop !

J’en ai entendu certains qui disait qu’avec Jésus, rien n’est jamais perdu. Il paraît que même quand c’est trop tard, c’est jamais trop tard pour lui. Moi je ne sais pas. Je me sens comme une fleur fanée, arrivée en bout de course, écrasée par la pluie, balayée par les vents… Une fleur couverte de cendre,… comment est-ce que je pourrais tenir débout  maintenant ? Comment est-ce que je pourrais rester vivante ?

Nathanaël
Moi je suis Nathanaël, disciple de Jésus depuis le début ; comme disciple du Maître, j’en ai vu des guérisons ! Je repense par exemple à celle du paralytique, à la piscine de Bethesda : 38 ans que l’homme était paralysé !
Mais pour Lazare, l’affaire semble classée : 4 jours qu’il est mort ! Jésus nous avait souvent parlé de Lazare ; pour lui, c’était un ami, un vrai ; vous savez un de ces amis comme on en a que quelques-uns, même qu’un seul et pour qui on serait prêt à tout. Alors quand j’ai vu Marie pleurer, j’ai tout de suite regardé Jésus, pour scruter comment il allait réagir : jusque-là, on ne savait pas trop ce qu’on venait faire ici ; mais là, j’ai compris qu’il se passait qqch d’important quand j’ai vu chez Jésus la colère monter, comme une vague prête à tout emporter ! (pause) Mais, je rêve, ou je vois Jésus pleurer ? Non, je rêve pas : c’est la première fois que je vois mon Maître pleurer !
Je comprenais pas grand-chose à ce qu’on était venu faire ici, mais là, je comprends encore moins ! Jésus qui pleure : je sens que je me laisse entraîner, que je me laisse toucher. Vous savez, je suis pas qqn qui montre facilement ses émotions ; je suis un homme comme les autres quoi. Mais là, voir mon Maître pleurer, ça me connecte à quelque chose à l’intérieur de moi ; ça me rend vivant ; comme une fleur qui s’ouvre petit-à-petit avec les premiers rayons de soleil du printemps…

Lazare
J’ai entendu une voix : « Lazare, sors de là ; Lazare, sors de là » Sors de là ? De là, de ce tombeau où on m’a mis ? Sortir d’un tombeau… Mais j’étais donc bien mort ? Mort !? Moi, un mort… revivifié ?
J’ai été malade, gravement malade. Et durant ces mois de maladie, j’ai eu le temps de me préparer à la mort. Plusieurs amis sont venus me voir ; et même si leur présence ma faisait du bien, je voyais dans leur regard qu’au fond ils n’y croyaient plus. Alors ils priaient pour me confier à Dieu, sans trop savoir pour quoi et comment prier : pour ma guérison, pour que je souffre le moins possible, pour que je trouve la paix ? Je finissais par ne plus trop entendre leurs prières, mais simplement à apprécier leur présence à mes côtés, comme un cadeau de la vie qu’on déballe délicatement… Je m’étais donc préparé à mourir et dans cette préparation, j’avais ressenti l’œuvre de Dieu.
Mais juste là j’ai réussi à me lever, à sortir de ce lieu sombre. Et là c’est Jésus que j’entends à nouveau, avec sa voix à la fois douce et déterminée : « Déliez-le et laissez-le aller ! » Ces bandelettes qu’on m’enlève, tout comme ce linge qui enveloppe ma tête. Sensations étranges… J’ai le sentiment d’être comme une fleur morte à qui la sève de vie aurait été redonnée ! Est-ce que j’ai encore un essentiel de la vie à découvrir, une promesse encore non réalisée à laquelle Jésus m’appelle…

Mifraha
Je m’appelle Mifraha. J’ai passé toute mon enfance à Béthanie, mais je vis à Jérusalem. Je suis revenue pour consoler mon amie d’enfance, Marthe.

Quand j’ai su que Lazare était mort, j’ai pris rapidement la route. Sur le chemin, j’avais le coeur lourd. Je pensais à la mort de ma mère, il y a 3 ans. Je repassais dans ma mémoire les mots qui m’avaient consolé. Je me souvenais aussi des repas apportés par mes amis, les jours et les semaines qui ont suivi l’enterrement. C’est essentiel d’apporter du réconfort aux endeuillés, de les écouter parler et de recueillir leurs larmes, ça fait partie de notre tradition.

Mais ce qui s’est passé là-bas, … je n’ai pas les mots ! Quand Jésus et ses amis sont arrivés à Béthanie, tout a commencé à bouger. Marthe et Marie sont allés l’interpeller, et on observait tous leurs échanges et leurs allées et venues, discrètement. On sentait bien qu’il se passait quelque chose d’inhabituel : c’est pas comme ça qu’on vit une première semaine de deuil, normalement.
Je ne l’avais encore jamais rencontré ce Jésus, mais Marthe m’avait déjà parlé de lui. J’avais  bien remarqué qu’elle avait changé depuis leur rencontre, mais je ne savais pas bien pourquoi.
Je crois que maintenant j’ai compris. J’ai entendu et j’ai vu ce qu’il s’est passé. J’ai entendu la voix de Jésus et j’ai vu Lazare sortir de son tombeau. Marthe et Marie étaient sous le choc, elles riaient et pleuraient tout à la fois.

Lazare est vivant, il est vivant à nouveau. J’en reviens toujours pas !

Je suis venue pour un deuil, des larmes plein les yeux, et je repars le coeur léger, avec une bonne nouvelle à partager en rentrant chez moi, à Jérusalem.

Voilà ce que je vais leur dire : Il y a un homme parmi nous qui s’appelle Jésus qui redonne la vie, qui change les coeurs, qui transforme les deuils en allégresse !

Je ne sais pas si on me croira, … et je pense que beaucoup se méfieront de lui. Mais moi, je dois bien l’avouer : je ne me suis jamais sentie aussi légère et aussi heureuse. Je me sens comme un arbre planté près d’un cours d’eau, comme un lys qui profite de la rosée du matin. Je me sens … vivante !

Samuel Ramuz, Eloïse Deuker

Mars 2023

 

Dans l’Evangile selon Luc, Jésus prie beaucoup. Il prie bien plus souvent que dans les autres évangiles. (Si vous avez envie, vous pouvez aller compter par vous-même : il semblerait que Jésus prie 8 fois en tout dans l’Evangile selon Luc). Cependant, Jésus ne parle pas souvent de la prière ; il enseigne peu à propos de la prière.

Les rédacteurs de l’Evangile selon Luc ont donc choisi d’insister sur la fréquence de la prière de Jésus. Ils avaient à coeur de montrer que la prière était, pour Jésus, un lieu privilégié de rencontre avec Dieu. Le Christ est donc présenté comme un modèle pour le croyant mais aussi comme un formateur théorique à la prière.
Dans le texte entendu de ce matin, c’est justement la théorie de Jésus vis à vis de la prière à laquelle nous avons accès. Jésus, répond à la question de ses disciples et présente deux choses :
D’abord, une prière type qui est la prière du Notre Père (prière que vous connaissez par coeur sans doutes, malgré les changements de traduction au fil des années).
Ensuite, un exemple pratique avec une histoire amicale un peu rocambolesque ! Rappelez vous : c’est l’histoire d’un ami, qui a lui-même un ami qui vient d’arriver d’un long voyage, qui va donc chez un autre ami, en plein milieu de la nuit, pour quémander du pain…

Pour ce matin, j’avais à coeur, en m’appuyant sur ce texte biblique, de vous proposer moi aussi une sorte de théorie de la prière. Ça s’appellerait « 5 bonnes raisons de prier ».
Comme on est en plein mois de juillet, je me suis dit que cela ressemblerait parfaitement aux gros titres des magazines d’été : « 5 bonnes raisons de partir en vacances » ;  « 5 bonnes raisons de mettre de la crème solaire » ; « 5 bonnes raisons de manger de la pastèques quand il fait chaud », …

Alors, vous êtes prêts et prêtes ?!

1. Prier c’est toujours apprendre à prier  

Dans le texte de ce matin, les disciples demandent : « Enseigne-nous à prier ».
En lisant ce passage hors contexte, on pourrait croire que les disciples sont des novices et qu’ils n’y connaissent rien à la prière. On pourrait croire qu’ils n’en ont jamais entendu parlé, qu’ils ne savent pas ce que c’est.

C’est pourtant faux ! car les disciples de Jésus ont été élevés dans la religion juive traditionnelle et savent très bien ce que prier veut dire. De plus, ils ont tout quitté pour suivre Jésus et, si on lit les chapitres précédents, on sait que Jésus les a même déjà envoyer pour prier pour les malades et pour chasser les démons. Ces disciples sont donc drôlement expérimentés en prière !

Pourtant, dans le texte, ces disciples expérimentés ne se lassent pas d’en savoir plus. « Enseigne-nous » réclament-ils. Comme si en voyant Jésus prier ils avaient la sensation de ne plus rien savoir, de repartir à zéro, d’avoir besoin d’apprendre à prier, encore et encore.

Ainsi donc, ce texte nous enseigne tout d’abord que prier c’est toujours apprendre à prier, parce qu’on ne sait jamais vraiment comment prier. Je lis même ce matin le questionnement de ces disciples comme un appel à ne jamais se sentir expert en prière mais à rester toujours humble face à cet acte. Nous n’aurons jamais fini d’apprendre à nous adresser à Dieu et à entrer en lien avec Dieu.

2. Prier c’est oser approcher Dieu

Dans le récit biblique de ce matin, Dieu est présenté de deux manières différentes. Comme « Père » (c’est le premier mot de cette prière type) et comme « ami » (comme les personnages de l’histoire rocambolesque).

Père & Ami, voilà les deux seuls noms et qualificatifs que Jésus propose dans son enseignement. Ces deux termes qui sont bien loin des noms donnés à Dieu dans le premier testament : Dieu très haut, Dieu tout-puissant, Dieu de nos pères, Roi des Rois, Yahwé, ou bien même « Je suis qui je serai » tel qu’il se présente lui-même, etc…

C’est d’ailleurs un peu étrange parce que quand Jésus prie, dans d’autres passages de ce même évangile, il a tendance à dire « mon Dieu ». Pourtant, dans son enseignement, il fait le choix de mettre en avant cette proximité, cette intimé que l’on peut oser avoir avec Dieu lors de la prière, en le nommant Père ou ami.
Peut-être cela fait-il partie des choses qui ont étonné & interpellé les disciples de Jésus que de voir un être vivant oser avoir une telle intimité avec Dieu ?

Saviez-vous que dans le protestantisme, très tôt, a fait le choix de tutoyer Dieu et non pas de le vouvoyer ? C’était une manière de montrer que l’on peut s’adresser à Dieu comme à un proche. Pour l’église catholique, le vouvoiement de Dieu était d’abord le signe premier d’un très grand respect à Dieu. Ce n’est qu’autour des années 1965 que la liturgie propose de tutoyer Dieu,… et on peut lire dans des archives que les catholiques ont été très déroutés par ce changement.

3. Prier c’est être impertinent

Pour la plupart d’entre nous, dans notre éducation, nous avons reçu l’ordre de ne pas déranger. Pour ma part, je vois bien que je me casse toujours la tête quand je dois téléphoner chez quelqu’un ! Le matin, c’est trop tôt ! Je crains que ce soit l’heure du déjeuner ou des commissions ... Le midi, je crains de déranger pendant le repas, dans l’après-midi, c’est peut-être un temps de sieste, … et le soir, après 21h, on n’ose pas appeler non plus : c’est trop tard ! Parfois je me dis que cette peur de déranger est un carcan qui nous éloigne les uns les autres.

Être insistant, déranger, être impertinent n’est pas vraiment permis en société, et cela permet sans doute de vivre plus paisiblement ensemble…
Cependant, dans l’exemple que Jésus donne, on devrait toujours pouvoir se permettre de déranger Dieu, de tambouriner à sa porte, même au milieu de la nuit, avec beaucoup d’impertinence. La prière est parfois une insistance ! La prière peut venir des tripes, être un combat, une blessure, une révolte, un besoin très urgent … et Jésus nous rappelle que nous avons le droit que cela soit ainsi ! Alors, saisissons notre chance.

4. Prier c’est lutter contre l’image d’un Dieu mauvais

Au temps de Jésus (et aujourd’hui encore), certaines personnes pensaient que Dieu pouvait être source de maladie, de catastrophe ou de mort. Pourtant, dans ce passage Jésus répond que cela n’a pas de sens. Jésus affirme qu’il est impensable que Dieu nous donne quelque chose d’immangeable ou qu’il nous propose une tentation trompeuse comme un serpent.
Il affirme qu’il est impossible que Dieu soit source de souffrance et de mort pour nous comme s’il donnait un scorpion. Jésus affirme que Dieu n’est jamais source de mal. Dieu répond toujours, à sa manière, mais de façon bienfaisante. Ces affirmations sont la base d’une possible confiance en Dieu.
Prier est donc cet acte de se tourner vers Dieu, qui est un geste de confiance pour se souvenir que Dieu nous veut du bien, uniquement du bien !

5. Prier c’est reconnaître ce que nous avons déjà et ce qui nous manque

Dans la prière, nous sommes invités à de la lucidité sur la vie et à être vérité avec soi-même et avec Dieu. Comme dans la prière du "Notre Père" nous sommes invités à nous réjouir du pain quotidien reçu de la part de Dieu,  … tout en assumant les jours ou cela nous manque, où nous en avons besoin. Prier est donc l’acte le plus sincère qu’il soit, c’est donc une très bonne raison de l’expérimenter avec régularité.

Fin mai, j’étais à Taizé avec le groupe de jeune de notre région. C’était de très beaux moments. Je suis toujours impressionnée de voir les jeunes se ruer vers l’église pour la prière, trois fois par jour !
Nous avons rencontré le frère Francis. Voici ce qu’il nous a partagé : « Le chrétien tient sur deux jambes : la prière personnelle et la prière communautaire. Lorsqu'une jambe manque, on est déséquilibré ou bien on commence à boiter. Aussi, quand l'une faiblit, l'autre est là pour la soutenir ».

Ce matin, je nous souhaite à chacune et à chacun, par la prière, de réapprendre à marcher sur nos deux jambes !

Amen !

Eloïse Deuker

Juillet 2022

 

Pensée du jour

Contrer l’emballement négatif (Genèse 29,14b-30)

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