Harry Potter et la Bible
Une classe d’école visite la cathédrale de Lausanne. L’intérêt des élèves est très relatif, lorsqu’un des enfants s’écrie, fier de sa découverte : « Regardez, Maîtresse : un grimoire ! » Et la petite troupe de s’agglutiner autour de la vieille bible qui trône sur la table sainte. Harry Potter est passé par là. On peut s’en offusquer et s’inquiéter qu’en terre de tradition protestante, au XXIe siècle, nos enfants ignorent ce qu’est une bible.
On peut aussi s’interroger sur notre rapport au Livre Saint. La Bible est-elle pour nous un livre du passé, une sorte de grimoire où nous puisons des recettes pour nous affranchir de la réalité ? N’avons-nous pas parfois une lecture superstitieuse de la Bible ? Ne nous arrive-t-il pas à l’occasion de citer tel ou tel verset comme une formule magique, pour exorciser sa peur, se donner bonne conscience ou imposer sa vérité ? Dieu lui-même n’a-t-il pas souvent pour nous les traits du magicien dont on attend qu’il transforme le monde d’un coup de baguette ?
La Bible est certes un vieux livre, mais ce n’est pas un livre de magie. S’il reste encore d’actualité, c’est parce qu’aujourd’hui encore, beaucoup se reconnaissent dans ces histoires qui ont traversé les siècles et dans lesquelles se dit toujours et encore une parole de Dieu. Un livre d’histoires d’hommes et de femmes avec leurs joies et leurs souffrances, leurs doutes et leurs certitudes, leurs errements et leurs réussites. Un livre dont aujourd’hui encore nous écrivons les pages. Le Livre de Vie est un livre de vies.
Daniel Gehring, octobre 2025