Vos lieux de culte

LA CROIX


Dans la chapelle du centre funéraire d’Yverdon, le regard peut se porter sur un élément de décoration, posé sur une table.  Il s’agit d’une croix, avec d’un côté le corps du Christ (crucifix) et de l’autre côté, une croix vide, sans représentation. En fonction de la sensibilité catholique ou protestante du défunt ou de l’assemblée, l’objet peut être tourné. Ce qui en fait un objet typiquement moderne : pratique, fonctionnel, à usage multiple, consensuel.

En même temps, les images et représentations des lieux de culte ne sont pas justes des éléments décoratifs. Elles reposent sur une longue tradition où elles expriment un dogme, un message, composées selon des règles précises, qui ont évolué laissant de plus en plus de place à la créativité de l’artiste.

Les représentations de la crucifixion/résurrection sont relativement tardives. La croix est un symbole d’humiliation un peu gênant. Et puis, qui doit-on représenter ? Un Christ humain, ou divin, ou les deux à la fois ? Du 6e au 8e siècle, on représentera le rédempteur triomphant, gardant les yeux ouverts, comme l’expression de la foi en la présence de Dieu dans le crucifié. Progressivement, il laissera la place à la représentation de Jésus de Nazareth, un humain mourant, le corps affaissé, les yeux clos, appelant à un sentiment de compassion.  

Dans les églises catholiques surtout, on trouve des croix avec le corps du Christ agonisant dont la mort ouvre à la rédemption. Alors qu’en milieu protestant, la croix est représentée sans personnage. Une croix vide, qui renvoie au récit du tombeau vide du matin de Pâques  « Il n’est pas ici » Matthieu 28, 6.  Une différence confessionnelle toute relative : les protestants luthériens ont des crucifix, et bien des vitraux protestants ont pour motif le Christ en croix. Alors que les croix dans la campagne, à la croisée des chemins n’ont pas toujours le crucifix.

Quelles représentations nous aident à reconnaître le Christ ? Son corps agonisant sur une croix renvoie aux innombrables corps souffrant de contemporains blessés, laissés pour mort au bord de la route. Des images qui rappellent la croix et qui disent que ce n’est pas cela, la vie. Cette croix invite à espérer la vie plus forte que cette mort.  Alors que la croix « vide » renvoie au Christ ressuscité qui n’y est plus, mais qui chemine à nos côtés. Incognito, et reconnu au moment de partager le pain.  Reconnaissable a posteriori, lorsqu’il parlait des Ecritures et qu’il y avait comme un feu qui brûlait au-dedans des pèlerins d’Emmaus..

En ces jours de Pâques, notre regard croisera peut-être une croix ou un crucifix.  Une invitation à considérer la présence du ressuscité dans le monde et dans nos vies. Bonnes fêtes de Pâques !

Frans van Binsbergen
Pasteur EERV - Yvonand

Un pont de paix et de réflexion


« La datte, fruit symbolique pour juifs et musulmans, offre un pont de paix et de réflexion pendant le Ramadan. Pour les juifs, lors de Rosh Hashanah, elle représente la réflexion sur soi et la réconciliation, tandis que pour les musulmans, elle incarne la force de la foi et l'engagement envers Dieu. Avec ses mentions abondantes dans les textes religieux, la datte unit ces deux communautés dans leur quête spirituelle commune, offrant un rappel de la nécessité de l'harmonie et de la coopération entre les croyants. »

Où es-tu mon Dieu ?

C’est le titre d’une chanson d’un auteur chrétien de chez nous, Philippe Decourroux que je vous encourage à écouter. Les paroles du refrain me reviennent en mémoire quand je me sens abattu par le poids de l’actualité proche ou lointaine. Alors, comme beaucoup d’entre vous certainement, je partage ce cri du cœur :

« Où es-tu mon Dieu ? Le monde soupire dans les pleurs les larmes. Lève-toi pour lui ! Où es-tu mon Dieu ? Entends-tu les cris des hommes qui souffrent ? Quoi de pire qu’un enfant écrasé sous les bombes. - Quoi de pire qu’un enfant abattu comme un chien. - Quoi de pire qu’un enfant vendant son corps pour survivre. - Quoi de pire que la mort qui va saisir sa main. - Quoi de pire qu’un regard qui s’éteint. - Quoi de pire qu’une agonie sans fin. - Quoi de pire qu’une vie vide sans espérance… »

A la suite de cette litanie, l’auteur nous rappelle l’événement complètement fou d’un Dieu qui partage la souffrance et l’injustice de l’humanité. Le Christ mort et ressuscité n’évacue pas définitivement le problème du mal. Mais Il manifeste une victoire bien réelle sur les puissances qui ravagent notre monde et nos vies. Il ouvre une espérance qui nous permet de croire et d’espérer malgré tout.

« Quoi de plus que le don du fils de Dieu pour les hommes. - Quoi de plus que le prix de son sang à la croix. - Quoi de plus que sa mort qui nous donne la victoire. - Quoi de plus que sa vie et sa présence en nous. - Quoi de plus que l’Esprit répandu. - Quoi de plus que le nom de Jésus. »

Decourroux va jusqu’au bout de ce renversement de la croix. Alors, c’est Dieu lui-même qui nous interpelle et nous pousse à passer du gémissement à l’action :

« Où es-tu, mon peuple ? Le monde soupire dans les pleurs les larmes. Lève-toi pour lui. Où es-tu, mon peuple ? Entends-tu les cris des hommes qui souffrent ? J’ai besoin de tes mains pour guérir et pour bénir. - J’ai besoin de ta bouche pour annoncer la paix. - J’ai besoin de ton cœur pour déverser mon amour … »

 

Pasteur Olivier Bader

T’accueillir

« Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Mt 21, 9)

C’est avec joie et confiance qu’en leur temps, les habitants de Jérusalem t’ont accueilli parmi eux.

Et moi, comment est-ce que je t’accueille Seigneur ? Dans quel état d’esprit ?

À l’approche des Rameaux et de l’entrée dans la semaine sainte, je souhaite marquer un temps de pause, m’offrir un espace, ouvrir mon cœur et préparer mon esprit au formidable don de ta vie pour nous. 

 

Amen

 

F.J.

Picasso Pâques

Guernica, une ville bombardée par les Nazis, alliés de Franco. Sous le coup de l’émotion, Picasso a peint un tableau devenu célèbre. 

 Le peintre espagnol a dénoncé les bombardements par la tradition de la tauromachie (voir l’image). La corrida rejoue la violence du monde et dans le combat féroce qui oppose le taureau à l’homme, le cheval, victime innocente, à l’image des civils, est souvent tué, encorné. 

Le tableau Guernica représente en réalité une crucifixion, même s’il s’agit en apparence d’une corrida. Il donne à voir un lien qui unit bombardements, sacrifice du Christ et tauromachies. 

Il faut savoir que Picasso, pionnier du Surréalisme (mouvement reposant sur les théories des psychanalystes Freud et Jung), a longuement observé une Crucifixion peinte par Grünewald (1516). 

À gauche de l’image : une femme (Marie) tient dans ses bras son enfant mort (Jésus) et hurle de désespoir : si Dieu est tout‑puissant, pourquoi permet‑il les guerres, la souffrance ? 

Au-dessus de la mère : le taureau diabolique à l'origine du mal est dépeint sous les traits d’un monstre (le Minotaure de la mythologie grecque). Évitons le malentendu : l’artiste n’a pas diabolisé un pauvre animal mais a dépeint la cruauté de l’homme bestial.

À gauche, au bas de l’image, le combattant (le toréador) qui a lutté contre le mal est vaincu. Son épée est brisée et il agonise à terre. 

Au centre du tableau : le cheval, à l’image du Christ en croix, est tué. Mystérieusement et de tous temps, les peuples ont eu besoin de sacrifices. Les hommes, sous peine d’autodestruction, extériorisent leurs pulsions intérieures sur des boucs émissaires. 

A droite de l’image, au-dessus de la femme en prière, Jean-Baptiste apporte un éclairage et témoigne. Il symbolise les médias qui dénoncent les massacres des innocents.

Au-dessus du cheval sacrifié : l'œil de Dieu qui voit tout ou le soleil qui jette une lumière crue sur la scène.

Avec le tableau Guernica, Picasso montre une sorte de Vendredi Saint sans Pâques et l’abandon des êtres vivants à leurs sorts. A l’inverse, Pâques, la Résurrection, révèlent l’illusion de la mort biologique, au même titre que la Transfiguration, l’Ascension et les nombreuses Apparitions du Christ dans un corps spiritualisé. Les croyants ont fait de Pâques une fête pour dire la permanence d’un univers spirituel. 

Alain Foehr, ancien pasteur et enseignant

Des mots qui font vivre

"De quelle partie de nous-même viennent les mots que nous disons, que nous prononçons?
A partir de quel lieu en nous est-ce que nous parlons: est-ce à partir de nos préjugés ou à partir de notre partie bienveillante?
Qui parle quand nous parlons: est-ce l’égo ou la lumière intérieure?

Notre Dieu, inspire-nous:
des mots qui apaisent,
des mots qui réconfortent,
des mots qui soutiennent,
des mots qui encouragent,
des mots qui réjouissent les coeurs,
des mots qui ouvrent des portes,
des mots qui font vivre. 
Amen.

 JM"


Bienveillance

Bien… veill… ance. Il y a du "bien ", il y a de la "veille"… et ce "ance" qui résonne un peu à mon oreille comme "ange"!
Mais au fond, qu’est-ce que la bienveillance ?
Sur internet, j’ai trouvé cette définition : « "C’est la capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui d'une manière désintéressée et compréhensive." (Larousse). De nombreuses personnes aujourd'hui n'hésitent pas à se montrer bienveillantes, mais pas forcément dans un but totalement désintéressé.»

La bienveillance peut donc être une attitude qui cherche à manipuler l’autre? Intéressant, et surtout: prudence!

"Bien": c’est important! C’est l’attention, la gentillesse apportée aux autres, mais pour pouvoir être vrai, il me semble qu’il est important de commencer par soi-même ! Savoir me faire du bien, savoir être indulgente envers moi-même, afin d’être véritablement attentionnée vis-à-vis des autres…
"Veille": c’est rester ouvert, ouvrir les yeux; c’est prendre conscience de ce qui se passe autour de moi, et en moi; c’est être attentif.
"Ance": comme un envol, léger, ma bienveillance doit être quelque chose de léger, de fluide, quelque chose de naturel. En grammaire, ce suffixe indique le résultat d’une action. Ma bienveillance est donc "action", mais elle est aussi quelque chose qui résulte d’une autre action qui la précédée, d’une attention, d’une gentillesse que j’ai reçue dans le passé, et que je peux à mon tour transmettre.

L’Apôtre Paul a écrit aux habitants de la ville de Colosse: «Dieu vous a choisis, vous lui appartenez, et il vous aime. C'est pourquoi revêtez-vous d'affectueuse bonté, de bienveillance, d'humilité, de douceur et de patience.» (Col. 3,12) 

Anne-Christine Rapin,
pasteure, EER


Elévation

 

Conduis-moi, Seigneur

vers ce qui élève l’homme à la taille que tu lui destines.
Je pense aux enfants qu’on élève, qu’on aide à grandir
aux élèves dans les écoles,.

Je pense à ceux qu’on rabaisse. Pour eux : pardon.
Tu vois l’être humain debout, curieux et responsable
capable de danser sur ses jambes ou dans sa tête,
de penser et de rire,
de cueillir une fleur et de l’offrir.

Aide-moi et conduis-moi vers ce qui élève, 
pour que je sois toujours plus humain
reconnaissant d'être ton enfant.,

Amen

 


Pensée du jour

Le temps des ténèbres (Job 3,1-2 et 20-26)

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