Vos lieux de culte

Construire la paix

Voilà une année que la guerre a débuté en Ukraine, une année que nous entendons les récits des combats à travers les médias. Le soutien mondial à l’Ukraine est massif. De nombreux pays envoient des armes, apportent des formations aux soldats. Et dans ce contexte, voici que notre pays est pointé du doigt pour interdire la réexportation de matériel de guerre.

Pour certains, il en va de la neutralité de notre pays. Il s’agit pour nous de ne pas prendre part à un conflit, non seulement humainement mais également par les armes et les munitions que nous pouvons produire. Mais pouvons-nous réellement nous dire neutres quand nous condamnons la Russie et que nous suivons les pays européens dans les sanctions économiques qu’ils mettent en place ?

Pour d’autres, il s’agit d’agir d’une autre manière en faveur de la paix. Il s’agit d’affirmer par nos actions que la violence n’est pas la seule option à notre disposition. Par le dialogue, la diplomatie la Suisse joue un rôle important sur le scène internationale. Mais notre pays n’hésite pas non plus à condamner ce qu’il lui semble ne pas être acceptable.

D’une certaine manière, notre pays agit comme nous essayons de le faire individuellement : le refus de la violence et la recherche du dialogue. Mais ce dialogue se doit d’être franc. Il ne s’agit pas d’ignorer l’agression. Il faut la dire et la condamner. A côté du dialogue, il s’agit également d’apporter notre aide à la reconstruction. En Ukraine, on peut penser au déminage ou à la reconstruction des infrastructures. Dans nos relations personnelles, plutôt que d’entrer dans la spirale de la violence, nous sommes appelés à chercher la reconstruction de nos divisions.

Alors, si la Suisse refuse la réexportation de son matériel de guerre, il ne s’agit pas, pour moi, d’une attitude de peur ou de repli. Au contraire, il s’agit d’un acte courageux qui affirme qu’une autre manière de gérer un conflit est possible.

Christophe Collaud
Pasteur EERV


Sans valeurs, mais précieux!

 

Seigneur,
tout en méditant sur le verset
d’Esaïe 43,4:
Oui, tu es précieux à mes yeux,
tu as de la valeur pour moi
et je t’aime
,
… je les regarde.
Recollés, rafistolés,
posés au coin de ma fenêtre,
ils ont accompagné
tous mes déménagements.
Tous deux des cadeaux
chers à mon cœur.
À tes yeux, chacun.e de nous
sommes précieux.
L’apparence pour toi
n’a aucune importance.
Même cabossé.e,
avec nos écorchures,
nos défauts,
pas de rabais dans ton amour.
Il est incalculable,
tellement grand!
Que dire ?
Si ce n’est ce bien trop
petit mot: merci !
SJB

 

 


Non mais, il se prend pour qui ?

Dans l’histoire biblique de la Création, l’être humain reçoit un grand jardin, avec la mission de cultiver et de préserver tout ce que Dieu a fait pour lui et pour les animaux. Tout ? Sauf 2 arbres, propriété de Dieu. On connaît la suite : tentés par le serpent, symbole de sagesse mais aussi de tromperie, Eve puis Adam vont manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Arbre qu’ils n’ont pas cultivé eux-mêmes … Raccourci vers une « sagesse » volée qui leur ouvre les yeux sur l’inimaginable potentiel qu’ils ont, non plus pour simplement cultiver, mais cette fois pour dominer la Création, ce dont ils ne vont pas se priver, selon les résultats qu’on voit aujourd’hui ! Vouloir cueillir des fruits qu’on n’a pas pris soin de cultiver fait prendre la grosse tête, et on est en droit de se demander finalement qui se prend pour le Tout-Puissant !? L’être humain, qui se permet de surexploiter son jardin, ou Dieu qui finalement se fait humble au point de nous rejoindre dans notre humanité, la plus belle, et aussi la plus douloureuse ?

La Terre, avec ses ressources limitées, ne peut pas porter l’ambition d’une vie humaine de 9 ou 10 milliards de personnes, alignée sur le « standard européen », encore moins sur le « Rêve américain ». On a déjà mangé tous les fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et cette connaissance ne nous sauvera pas. La vraie sagesse serait plutôt de réfléchir comment ne pas « brûler » trop vite les dernières ressources de la planète. Le ferons-nous dès maintenant, dans notre contexte occidental, avec la sagesse d’une sobriété consentie, ou à terme avec la douleur d’une pauvreté forcée ? Le projet « Détox la Terre » que les Eglises vont promouvoir en mars peut nous conduire à cette sagesse.

Frédéric Steinhauer, pasteur, EERV


Emerveillée

L’autre jour, en me promenant dans la neige, loin de toute habitation, lorsque le jour était en train de décliner, j’ai été émue par ces traces de pattes d’oiseau. Il y a de la Vie qui est passée par là!

Merci mon Dieu pour cet émerveillement devant la Vie.

Ma prière est qu’il puisse toujours y avoir en moi, en chacun de nous:

un Espace libre à l’intérieur de nous pour accueillir ce qui nous entoure,

une Ouverture à ce à quoi on ne s’attend pas,

une qualité d’Attention et de Présence à ce qui est.
JM


Harry, Shakira et compagnie

Le premier étale sa rancœur envers sa famille et autres anecdotes biographiques, la seconde règle ses comptes avec son ex en chanson… Parce que ces personnes sont mondialement connues, on en parle et l’économie du business people tourne à plein régime (le dernier clip de la chanteuse a fait 64 millions de « vues » en 24 heures !).

Pendant ce temps, des millions d’anonymes s’activent aussi dignement que possible, agissant quotidiennement, au prix d’efforts réels, pour vivre et parfois survivre. Ils le font sans écrit, ni chanson ; sans rien demander, ni gagner ; juste avec de la volonté et du cœur. C’est là, dans le silence ou l’indifférence que se jouent tant de destinées humaines. Elles ont toutes un prix inestimable qui mériteraient un éclairage particulier. Quel contraste !

Ce contraste me questionne au sujet des mécanismes sociaux et économiques qui élèvent les uns aux yeux de tous et les mettent en lumière, jusque dans l’intimité de leur vie.

Aussi, je me sais complice du phénomène malgré moi. Et je m’interroge : de quoi mes pensées et mes échanges sont-ils nourris ? Qu’est-ce qui mérite d’être vu, lu et commenté ?  Qu’est-ce qui devrait solliciter mon attention et mes émotions ? Au fond, qu’est-ce qui fait sens et enrichit vraiment mon être intérieur, ma relation à l’autre et apporte un peu de valeur ajoutée à notre humanité ?

Au commencement de cette nouvelle année, il m’incombe de choisir la consistance que je lui donnerai. La vie est assurément trop précieuse pour se perdre dans le superficiel. La vie m’appelle vers l’essentiel, ce qui donne sens : Dieu, l’autre, le vrai, le juste, le don de soi, … Même si tout cela ne fait pas la Une des médias et reste bien peu lucratif !

 


Ces « religieux » qui m’exaspèrent…

Où que je regarde en ce début d’année, les projecteurs de l’actualité éclairent les attitudes désastreuses engendrées au nom des religions. Il y a cette guerre qui concerne les croyants de la même famille chrétienne orthodoxe, les mollahs d’Iran, les « étudiants en théologie » d’Afghanistan, les mouvements conservateurs en Amérique qui veulent mettre au pouvoir des dirigeants extrémistes, Israël et ses ultra-orthodoxes… Quelle litanie ! Les religions déshumanisent-elles ou sont-elles des prétextes faciles ? Tous ces événements interrogent ce que nous croyons et notre façon de mettre en pratique notre foi. Le reproche que l’on peut m’adresser, à moi qui suis représentant d’une religion, est légitime. Certaines façons d’utiliser la religion, loin de faire du bien, sont destructrices pour l’humanité. Qui pourrait le nier ?

Alors je m’interroge : se pourrait-il que ma manière de dire ou de faire puisse prêter à confusion ? Aurais-je parfois cédé à la facilité d’un dogmatisme rassurant et simpliste, mais finalement pervers ? Dans le genre : « Les bons de notre côté et les mauvais de l’autre… » ? Au cœur de chaque religion, le message est fondamentalement pacifique et humain. C’est ce qui fait que les religions existent encore. Et leur message interroge chacune et chacun sur sa propre responsabilité à faire le bien (Esaïe 1,17). L’histoire a montré de multiples exemples de religions perverties dont certaines personnes ont détourné le message à leur profit.

Je connais trop peu les autres religions pour pouvoir en parler. Je n’ai pas vécu dans leur culture, je ne saisis pas bien leurs références, langages et rituels. Mais en ce qui concerne la tradition chrétienne, ma foi, je vois une ligne directrice dans le message du Christ Jésus. Et cette ligne est clairement le soin porté à son proche, quel·le qu’il ou elle soit. Le critère décisif pour vivre une belle et bonne pratique religieuse, je le trouve déjà dans la tradition juive du prophète Esaïe (58) : « Le culte que je préfère, n'est-ce pas ceci : détacher les chaînes de la méchanceté, renvoyer libres ceux qu'on écrase et briser toutes les chaînes ? »

On est loin de tout dogmatisme. Une foi juste se mesure à l’attachement au bien de ses prochains.

Thierry Baldensperger, pasteur à Pâquier-Donneloye.


Niches à livre

Près d’une poste, je me cogne sur une de ces petites « niches à livre » qui fleurissent ici et là. Le phénomène n’est plus si neuf ! Bien à l’abri de la pluie, je fouille parmi quelques beaux livres mis là pour m’inviter à en prendre un, gratuitement. Rare aujourd’hui ! Et peut-être qu’après l’avoir lu, je serai à mon tour invité soit à le remettre où d’y placer une perle de ma collection.

Merci aux anonymes qui gèrent ces espaces. Ce matin encore, j’ai vu des gens à un arrêt de bus se plonger dedans pour chercher, intrigués, quelque chose.

Le fait que cela soit de l’échange, et du gratuit. Cela parle. Cela dit quelque chose de nous et de nos envies peut-être d’un monde autre, différent, de nos besoins de nous dessaisir. En fait, je ne connais pas le nom précis de ces lieux, alors j’ai mis en titre « niche à livres », mais « boîte à bouquins », « micro-bibliothèques » auraient pu fonctionner.

Savez-vous que pour les textes sacrés c’est tout pareil. La Bible est une véritable « niche à livre » dans laquelle se glisse de tout :  Roman d’aventure, histoire d’amour, récit de guerre, maître de Paix, textes de loi etc. On y puise depuis longtemps et la boîte ne se vide toujours pas. Parmi les curiosités, je viens d’y remettre une des lettres les plus courtes de la Bible, celle de Paul à Philémon. Il y a deux défis à relever en souriant : essayer d’abord de trouver ce texte, puis d’en comprendre l’histoire.

Parce que c’est beau. La lettre parle d’un esclave et de son maître, mais par la foi en Dieu, l’esclave devient un ami de son maître, même beaucoup plus, son frère. C’est gratuit ! C’est un monde différent !

François Lemrich, pasteur


Meilleurs vœux…

… sincères ou pas,
depuis plus de dix jours
ils remplacent le bonjour habituel.
Mais avec tous ces vœux,
au fond, qu’est-ce qu’on veut ?
Que recouvre au final ce mot bien sérieux ?
Cette année, les vœux sonnent utopiques et routiniers,
ils semblent vouloir régénérer le temps,
redonner un peu d’énergie à un moteur qui s’essouffle…

Permettez-moi autrement :
que les vœux soient une remise à Dieu,
une manière de vouer l’autre, les autres,
le monde et nous-même,
à Celui qui est, Lui seul, notre béatitude

Ainsi, recevez les vœux, mes vœux,
pour cette année 2023 qui s’ouvre
JcJ
Pensée du jour

La maison de Dieu (Genèse 35,1-15)

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