En 2024, les divers conseils de l'église réformée vaudoise vont se renouveler. Afin de donner un aperçu de la fonction de conseiller de paroisse, Jean-Philippe Klein a répondu à quelques questions.

1. Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre un conseil de paroisse ?
J’avais été approché par notre précédent pasteur, Ken McKinney, peu après notre arrivée en Terre Sainte, mais ma situation professionnelle et familiale (enfants en bas âge) ont fait que j’ai renoncé à me présenter. Je me sentais également moins concerné par la foi à l’époque. Ce n’est que quelques années plus tard que la question s’est à nouveau posée. Je dirais que ma décision de rejoindre le Conseil de paroisse a été la conséquence d’une expérience particulière : tous les ans, l’autre pasteur de la paroisse Marc Gallopin organisait un séjour de marche d’une semaine pour la paroisse, après Pâques. Notre famille y a participé pour la première fois en 2018. Cette semaine fut marquée par de nombreux échanges entre les participants, en particulier entre les plus âgés et les plus jeunes, qui ont appris à se connaitre et à s’apprécier. C’est à cette occasion que j’ai pu entrer en relation avec de nombreux paroissiens, que je croisais certes aux cultes, mais sans les connaitre. Cette semaine de marche a été un événement déterminant pour ma foi et m’a donné envie de m’engager pour ma paroisse. Ma situation professionnelle avait également changé dans l’intervalle. J’étais devenu indépendant, plus flexible dans la gestion de mon temps, et les enfants avaient grandi. C’est donc tout naturellement que je me suis présenté pour la nouvelle législature. 

2. Que représente pour vous la paroisse ?
La paroisse est un membre du corps du Christ dont il faut prendre soin, tout particulièrement dans cette période creuse pour notre Église. A mon sens, nous ne consacrons plus assez de temps à la spiritualité. Les vocations sont en chute libre, les cultes sont moins fréquentés, certaines paroisses ne célèbrent même plus de culte, faute de pasteur, ou par manque de paroissiens. C’est triste. Aujourd’hui, la réflexion, l’intériorité, la spiritualité, qui se développaient plus naturellement autrefois, n’ont plus guère de place. L’humain n’est plus confronté à lui-même au quotidien. Il est constamment occupé et toujours en retard. Le silence est devenu rare. Les sollicitations continues, le divertissement incessant ont pris la place des « temps morts ». Or, je pense que la foi ne peut pas éclore dans un brouhaha continu. Que faire ? En tant que paroisse, nous ne devrions pas chercher à séduire et à faire plaisir, pour ne pas sacrifier la foi à la superficialité, ne pas la placer au même niveau que le divertissement. Elle n’est précisément pas de « ce monde ». Il faut davantage travailler sur le fond que sur la forme, interpeller pour réveiller, et prendre du temps. La foi est exigeante, elle demande un travail sur soi-même. Si la foi doit retrouver sa place dans notre société, nous devons commencer par nos jeunes. Le catéchisme n’est pas un cours comme un autre, qu’on pourrait d’ailleurs oublier parce qu’il n’y a pas de notes. Nombre de jeunes fréquentent sans doute le catéchisme sans véritable intérêt ou même curiosité pour la foi, mais par tradition familiale, pour les valeurs qui y sont enseignées. La foi n’est pas ou peu présente à la maison. Il nous revient donc de la leur transmettre. Pour cela, il faut aviver leur flamme, au-delà de ce qu’ils s’imaginent, notamment par des témoignages de foi. La foi est une force qui transforme, permet de se rencontrer soi-même, de se réconcilier avec soi-même et les autres, et de rencontrer Dieu, ce n’est pas rien ! C’est un cadeau d’une valeur inestimable, que nous nous devons de transmettre à nos jeunes. Ce sera lorsque ces jeunes convaincront leurs parents de venir au culte le dimanche que notre Église, et la société, iront mieux.

3. Quelles sont les activités qui vous plaisent le plus dans la fonction de membre du conseil ?
J’aime m’occuper de projets spécifiques, de questions déterminées, et les approfondir. J’aime également préparer le temple le dimanche, en vue du culte. J’aime beaucoup les retraites du conseil, qui nous permettent d’approfondir notre foi et de laisser émerger des idées pour la paroisse. L’année dernière, nous avons organisé un cycle de conférences du soir sur le culte protestant, après la parution de l’ouvrage « le culte protestant, une approche théologique » (Chalamet/Dermange éditeurs). Cela a donné lieu à des discussions très stimulantes et souvent émouvantes entre paroissiens et conférenciers. Nous nous sommes rendus compte que les conférenciers avaient abordé des sujets qui avaient touché les participants. Je pense notamment à la confession des péchés, qui peut être interprétée de différentes façons. Lors de la dernière retraite, l’idée a germé de célébrer des cultes-partages, à l’issue desquels nos paroissiens seront invités à échanger avec le ministre sur la prédication. Nous souhaitons impliquer davantage les paroissiens. Les jeunes sont régulièrement invités à s’occuper des plus petits pendant le culte. Cela leur donne une mission. Nous envoyons également, tous les mois, une newsletter électronique qui informe nos paroissiens de toutes les activités de la paroisse, à laquelle tous les conseillers peuvent contribuer. Les réunions du conseil permettent des échanges spirituels. Enfin, le conseiller est à disposition comme personne de ressource pour les paroissiens. 

4. Que diriez-vous pour convaincre ceux qui hésitent à rejoindre un conseil de paroisse ?
Le conseiller de paroisse donne de son temps pour quelque chose qui le dépasse. Il renforce ses liens avec la paroisse et les paroissiens, chacun en fonction de ses aptitudes. Être conseiller de paroisse donne l’occasion de vivre une paroisse de l’intérieur, de participer à différents projets, de partager ses joies et soucis, de voir ce qui se passe dans d’autres paroisses, au niveau régional, cantonal. C’est un collectif privilégié, auquel appartiennent également les ministres, au sein duquel on peut également évoquer ses soucis, ses doutes, ses joies et qui se transforme en un groupe d’amis à l’écoute l’un de l’autre et des besoins des paroissiens. Devenir conseiller est un chemin possible pour se rapprocher des autres et de Dieu.

5. Est-ce que ça ne vous prend pas trop de temps d’être membre du conseil ?
Chacun s’investit dans la mesure de ses disponibilités et de ses compétences. Ce n’est pas une charge très contraignante, et plus on est, moins cela représente de travail pour les conseillers individuellement, ce qui peut également être un encouragement à se présenter.

Pensée du jour

Sola Scriptura (2 Timothée 3,16-17)

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