Ce récit de la Genèse 18, 1-15 marque le dénouement de la longue marche d’Abraham vers la réalisation de la promesse. 

Il se retrouve pour la deuxième fois aux chênes de Mamré, un sanctuaire à quelques kilomètres de la ville d’Hébron. Alors que tout est calme sous la chaleur du plein midi, apparaissent trois étranges visiteurs. La tradition chrétienne a vu dans ces hommes une manifestation du Dieu trinitaire. D’autres auteurs imaginent voir Dieu accompagné de deux anges (18,33-19,1). Pourtant, « il paraît plus sage d’accepter le mystère du texte et de ne pas trancher. On peut par contre signaler que, lorsque le texte nomme Dieu lui-même, il passe au singulier (v.10 et 13)». (Revue Lire et Dire, article n°18 “Une promesse, quel cadeau ?” de Thierry Maire et Evelyne Roland Korber)

Abraham accueille ce mystère avec une grande générosité, reflétant son devoir d’hospitalité et par là-même illustrant ce verset du Nouveau Testament: «N'oubliez pas de pratiquer l'hospitalité. En effet, en la pratiquant, certains ont accueilli des anges sans le savoir. » (Hébreux 13,2) 
Le temps a dû être long pour les visiteurs, si nous imaginons la préparation d’un repas de fête comme cela nous est décrit. Pour finir le repas est servi et Abraham reste debout à coté de ses hôtes en signe de respect. Après avoir mangé, les choses sérieuses commencent avec l’annonce étonnante de la grossesse. Ces mots sont destinés à Sara qui tend l’oreille afin de comprendre. Voilà que la promesse tant de fois répétée est sur le point de s’accomplir. Sara va être chamboulée dans son intérieur et amenée au premier plan du récit. A l’écoute de ces paroles, elle ne peut s’empêcher de rire car le temps est passé ! 

Mais le Seigneur ne va rien laisser passer: «Tu as ri?» Alors Sara, effrayée, ne peut que se réfugier derrière un mensonge face à une vérité trop extraordinaire. Le rire devient donc la réaction non contrôlée face à l’irruption de l’inattendu. Il exprime à la fois la peur, l’incrédulité, l’envie et la surprise. Avant Sara, son mari s’est également mis à rire: «Abraham se jeta face contre terre et il rit. » (Genèse 17,17). Et les parents donneront à l’enfant de la promesse le nom d’Isaac, dont la racine est hébraïque signifie « rire». À la suite de ce couple de fondateur d’une foi universelle, n’aurait-on pas tous envie de passer du rire incrédule et désabusé au rire de joie et de reconnaissance? 

L’invitation de ce texte est un appel à l’hospitalité qui consiste à oser recevoir l’autre, même dans l’inattendu. Et au-delà du repas et de l’accueil, se laisser interpeller par une parole plus profonde, une prière partagée ou un dialogue qui ébranle. Alors peut-être que nous aussi nous allons rire intérieurement ou juste rire de nous-même !

Pensée du jour

Il était une fois… Job (Job 1,1-5)

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