Bientôt le soir, demain dimanche 14 septembre
Ah ! qu’il aurait été beau si, depuis l’aube des temps, chacun s’était nourri à sa juste mesure, dans un élan de reconnaissance pour tout ce dont regorge la nature, ainsi que nous le racontent les deux premiers chapitres de la Genèse ! La réalité s’avère pourtant tout autre et il suffit d’attendre le chapitre suivant pour se rendre compte que l’accaparement des biens vient s’inscrire lui aussi dans la génétique humaine, ou du moins qu'il apparaît assez vite dans l’histoire, dès lors que l’humain se sédentarise.
C’est ce que raconte le récit du fruit défendu en Genèse 3. Il s’agit bien entendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, avec son arrière-plan moral et spirituel fort, thématique qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, … et que l’on ne va pas développer ce soir.
Au-delà d’un simple interdit, l’arbre défendu pose tout d’abord une barrière qui limite l’action humaine et modère son appétit. Non ! Tout n’est pas permis, tout n’est pas accessible ! Il est des choses qui existent et dont l’humain n’a pas accès tout simplement.
Au risque de paraître un peu brutal ou simpliste, il me semble qu’il ne devrait pas être nécessaire de justifier au petit enfant gâté qui sommeille en chacun, pourquoi il en est ainsi ! C’est dans l’ordre des choses ! Et on peut être en droit de ne pas être d’accord et en devoir alors de gérer sa frustration, en se frottant au mystère de la Vie.
S’accaparer les biens de la nature et penser que ces biens feront alors de nous des maîtres, ou du moins des gens les plus heureux du monde … voilà une autre lecture de ce récit ; un récit dont l’intention première est de raconter la façon dont le mal et le péché font partie de notre genèse, pour ne pas dire de notre génétique. Ce mal faire, ce mal-être prend place en nous comme une option possible, parce que le Créateur nous veut libres; libres de tourner nos visages vers la lumière et nous laisser illuminer par elle, ou au contraire de nous en détourner et choisir de faire les choses dans l’ombre.
Dans notre façon de consommer et ici de nous nourrir, il y a eu et il y aura toujours des excès. Alors que la gourmandise donne des étincelles de lumière dans les yeux, la gloutonnerie, elle, pourrait bien abîmer durablement l’élan de vie. A dévorer sans mesure, à manger sans respect ni pour la nature, ni pour ceux et celles qui la cultivent et la soignent, on finit par tuer en soi le désir. Et plus encore, cela fait affront à Celui qui en est dispensateur et source inépuisable.
Et sans aller si loin, cet accaparement et cet excès des biens finissent toujours par fragiliser les autres, et parmi eux et parmi elles, les pauvres qui manquent simplement du nécessaire.
Amen !
Sandro Restauri, pasteur