Bientôt le soir, demain dimanche 21 décembre. En Avent Toute
En ce dernier dimanche du temps de l’Avent 2025, je voudrais terminer ce parcours par une dernière touche qui, je l’espère, permettra de creuser plus profondément notre attention à la vie et de découvrir ce Dieu infiniment intime au cœur du monde.
Beaucoup de théologiens éco-féministes - dont des femmes, mais aussi des hommes - parlent de Sophía, la Sagesse, en parlant du Christ. La Sagesse. Elle apparaît au premier matin du monde, dans les récits qu’en fait, non pas tant le livre bien connu de la Genèse, mais le livre des Proverbes. C’est au chapitre 8 de ce livre, qu’on trouve ce texte fabuleux, où la Sagesse - Sophía - lance un appel aux humains, les invitant à faire preuve de bon sens et à se détourner de ce qui avilit la vie.
Et puis, dans ce même chapitre, la Sagesse se présente comme une intime de Dieu bien avant la création du monde. “Le Seigneur m'a conçue il y a très longtemps, nous dit le texte, comme la première de ses œuvres, avant toutes les autres. J'ai été établie dès le début des temps, avant même que le monde existe.” (Proverbes 8:22-23)
Sagesse, Hokhmah en hébreux. Le nom est féminin. En grec aussi d’ailleurs. Elle est décrite en “elle” dans l’entier de ce texte des Proverbes. Elle n’est pas la figure guerrière et vindicatrice d’un Messie attendu, renversant montagnes et ennemis sur son passage. Elle est cette douceur, cette délicatesse qui se glisse dans les liens qui tissent les humains entre eux, et les humains avec le vivant. Elle est ce qui donne sens et bon sens, aux choses et à la vie.
Quelle belle façon de penser Dieu, n’est-ce pas ? Non plus seulement comme le grand justicier qui en impose de grandeur, mais comme celle - au féminin - qui prend soin de la vie, qui la soutient, et donne espace à chacune et chacun.
Sagesse, Sophía - c’est le titre disions-nous, qu’ a pris le Christ au début de notre ère. C’était une appellation familière dans de nombreuses communautés chrétiennes du pourtour méditerranéen, des communautés habituées à côtoyer de près des déesses féminines, penser à Isis, ou Ishtar, par exemple.
C’est ce qui fera dire à Elizabeth Johnson, une écothéologienne : ”Vers la fin du premier siècle, écrit-elle, Jésus était présenté non seulement comme un maître de sagesse, non seulement comme un enfant, un messager de Sophia, mais comme une incarnation de Sophia elle-même”
Cette façon de penser le Christ-Sophía, de penser Dieu de cette manière, invite à considérer Dieu comme “La Sagesse Soutenante”, qui comprend, et connaît et soutient le mystère profond de toute chose dans le monde. Non seulement depuis le haut de son ciel, mais dans la profondeur-même de l’être et du vivant.
Amen !
andro Restauri, pasteur