Un nouveau coordinateur régional

En septembre, Laurent Lasserre prend la succession de Philippe Morel en tant que coordinateur régional. C'est l'occasion de découvrir qui est ce ministre actif dans la Région depuis un certain temps.

Qui est Laurent Lasserre? Quel est son parcours de vie?

Je suis pasteur depuis 2010. Après un stage pastoral en 2009 à Grandson, j'ai travaillé deux ans à Vallorbe. Cette première paroisse a été l'occasion pour moi de partager avec le conseil de paroisse la vision et la vie de la paroisse. Je suis heureux des liens que j'ai pu tisser avec les paroissiens. Il m'arrive parfois de croiser l'un ou l'autre et c'est pour moi une joie de les revoir, d'échanger avec eux.

J'en garde de très bons souvenirs. Mais c'est aussi à ce moment que j'ai découvert le besoin de ne pas être seul dans un poste mais de le partager avec un·e collègue.

La Région Gros-de-Vaud - Venoge m'avait proposé un mi-temps en aumônerie de jeunesse et un mi-temps dans la paroisse de la Haute-Menthue. C'était pour moi l'occasion de travailler en trio et en duo. Tout n'était pas toujours simple, mais je suis reconnaissant de partager cette réalité avec un·e collègue plus expérimenté·e malgré des regards différents. Cette complimentarité m'enrichit et décuple ma motivation. Cela permet de mieux exploiter nos forces et de se nourrir mutuellement.

Aujourd'hui, je quitte la paroisse de la Haute-Menthue avec reconnaissance et regrets. Reconnaissance de tout ce qui a pu se vivre et des belles amitiés tout au long de ces années et regrets de la séparation et de tout ce que j'aurai aimé faire sans en trouver le temps.

Le poste du Talent qui se libérait m'ouvrait la possibilité de travailler à la paroisse de mon domicile et de permettre à notre famille d'éviter un déménagement. J'ai donc sauté le pas et me réjouis de la confiance qui m'est faite par les paroissiens et l'Eglise.

Qu'est-ce qui t'attire dans la fonction de ministre de coordination?

Comme aumônnier de jeunesse et comme pasteur, j'ai toujours apprécié de découvrir comment les autres vivent l'Evangile. Ainsi, aux Rameaux, j'aime quand ce sont les catéchumènes qui parlent du texte biblique. Mon rôle devient alors celui d'un accompagnateur qui leur donne quelques outils théologiques et que ce soit qui rendent le texte biblique audible et concret. 

Je m'enrichis de la confiance qui naît d'un tel partage et me réjouis de le vivre à un autre niveau avec des collègues en les soutenant de mon mieux pour qu'eux et leurs paroissiens puissent donner leur plein potentiel. C'est un défi motivant de participer à l'organisation de la vie régionale pour permettre à chacun d'être à sa juste place dans sa fonction au service de l'Evangile. Je me réjouis également de travailler dans le conseil régional pour accompagner notre région au mieux.

En postulant pour une telle fonction, je sais que certaines choses seront meilleures que d'autres, que tout ne sera pas parfait, mais avec l'aide de Dieu et des autres, je crois qu'un chemin à la suite de mes prédécesseurs et avant mes successeurs est possible et je suis impatient de vivre ce cheminement.

Que souhaites-tu apporter à la Région?

J'ai envie d'apporter mes compétences d'organisateur, ma motivation et mon élan. Je suis conscient qu'un des grands défis sera les repourvues (engagements de personnes aux postes vacants, ndr), notamment dans les conseils. La vie de chacun de nos lieux d'Eglise est aussi un grand défi. Je n'ai pas de solution, mais la foi qu'ensemble, nous pouvons agir et qu'avec l'aide de Dieu, les limites ne sont pas forcément celles que nous voyons. Je trouve essentiel de faire avec ceux qui s'engagnet et je tiens à les remercier, quel que soit leur niveau d'implication, de temps, d'énergie et de prières qu'ils offrent au service du Christ.

Qu'attends-tu de la Région, des paroisses, des ministres et des paroissiens?

Que nous sentions toujours que c'est l'amour de Dieu qui est le plus fort. Des désaccords, des déceptions, des découragements, du dépit, de la nostalgie et des échecs peuvent survenir et pourtant, nous sommes appelés à vivre ensemble. Si Dieu nous pardonne chaque fois que nous pêchons (et il ne semble même ne pas perdre patience), ne pourrions-nous pas chacun, moi le premier, apprendre à mieux aimer et à réessayer. Les prochaines années seront probablement décisives pour l'avenir de l'Eglise. Certains choix vont sans doute façonner la suite de son existence. Encourageons-nous à discerner ensemble et rappelons-nous que de toute façon, ce n'est qu'après coup que l'on sait ce qu'il aurait fallu faire. Agissons donc de notre mieux en nous rappelant qu'ailleurs dans le monde, certains chrétiens sont persécutés et que nous ne sommes pas les plus à plaindre. 

Rappelons-nous aussi qu'à chaque période et à chaque changement, nous avons tendance à croire que c'est à cet instant que tout se joue, alors qu'il n'est possible de vérifier l'impact de cette ère que plus tard. 

Gardons le cap, ensemble avec espérance en nous laissant conduire par Dieu.

Comment es-tu entré en contact avec la foi?

Enfant de deux parents pasteurs, heureux et épanouis dans leur ministère, je me suis projeté dans leur métier, comme tout enfant le fait avec ses parents, et j'ai eu envie d'essayer. A l'âge de 4 ans, j'ai dit à mes parents et autour de moi que je serais pasteur. Il m'est arrivé d'hésiter avec d'autres professions, mais le plaisir que j'ai eu en donnant des coups de mains au Culte de l'enfance puis au catéchisme et dans d'autres activités m'a encouragé dans cette direction. J'ai aussi été reconnu dans ce rôle-là par certains camarades me confiant parfois leurs soucis ou leur manque de foi. Ces questionnements m'ont confronté à mon manque de connaissance et d'expérience et ont très probablement contribué à nourrir mes interrogations autour de la foi et de l'aide que je pouvais apporter autour de moi. Je me rappelle ainsi avoir lu le livre de Shafique Keshavjee, "Le Roi, le Sage et le bouffon" et même m'être permis de lui écrire pour lui dire ce qui aurait pu être différent dans son livre. Une audace que je n'oserais peut-être plus avoir aujourd'hui...

Ma vie de foi a évolué. Pourtant, aujourd'hui, je me nourris toujours des chants de l'Eveil à la foi et de Culte de l'enfance. Mon adolescence a été marquée par un moment charnière. Un jour, je me suis dit: "Est-ce que je crois en Dieu parce que mes parents sont pasteurs et que je viens d'une famille croyante ou est-ce que c'est véritablement mon choix?" Je me suis donc donné une journée pour réfléchir à l'existence de Dieu. A la fin de la journée, ou plutôt trois heures après m'être posé la question, je suis arrivé à la conclusion que Dieu existait et que, sauf circonstance extraordinaire, je n'allais pas me poser la question chaque jour. Cela me prendrait trop de temps et m'empêcherait de me pencher sur des questions plus profondes...

En repensant à cette période, je suis très heureux d'avoir pu essayer comme accompagnateur différentes activités et surtout d'avoir côtoyé des gens (laïcs et ministres) qui m'ont aidé face à mes erreurs et encouragé. Ce regard attentif et bienveillant m'a permis (et me permet toujours) de progresser.

Il m'est arrivé de reprendre la question de l'existence de Dieu et aussi de me demander si je suis un bon pasteur, mais il m'est arrivé plus souvent encore de me questionner sur ce que Dieu attend de mes agissements dans des situations, sur comment témoigner de son amour infini lorsqu'un décès survient ou qu'une personne est touchée par la maladie, l'injustice, etc.

Pensée du jour

Pour rien, vraiment? (Job 1,6-12)

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