Prédication du 04.05.25

Lectures bibliques

• Lecture de 1 Corinthiens 9, 24-27 

₂₄Vous savez sûrement que les coureurs dans le stade courent tous, mais qu'un seul remporte le prix. Courez donc de manière à remporter le prix. ₂₅Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère. Ils le font pour gagner une couronne qui se fane vite ; mais nous, nous le faisons pour gagner une couronne qui ne se fanera jamais. ₂₆C'est pourquoi je cours les yeux fixés sur le but ; c'est pourquoi je suis semblable au boxeur qui ne frappe pas au hasard. ₂₇Je traite durement mon corps et je le maîtrise sévèrement, afin de ne pas être moi-même disqualifié après avoir proclamé la bonne nouvelle aux autres. 

• Lecture d’Éphésiens 2, 4-10 

₄Mais Dieu est riche en compassion ! Son amour pour nous est tel que, ₅lorsque nous étions comme morts à cause de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ. C'est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés. ₆Dans notre union avec Jésus Christ, Dieu nous a ressuscités avec lui pour nous faire régner avec lui dans les cieux. ₇Par la bonté qu'il nous a manifestée en Jésus Christ, il a démontré pour tous les siècles à venir la richesse extraordinaire de sa grâce. ₈Car c'est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; ₉il n'est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut faire le fier. ₁₀En effet, nous sommes l'œuvre de Dieu ; il nous a créés, unis avec Jésus Christ, pour que nous menions une vie riche en actions pleines de bonté, celles qu'il a préparées d'avance afin que nous les pratiquions.

Prédication : « La grâce de Dieu qui libère de la pression de la performance »

Résumé : Dans la course de nos vie, l’apôtre Paul nous invite à garder les yeux fixés sur le but et trouver le rythme de Dieu pour nous. Et pour faire face à la pression de la performance de notre société, il ouvre nos yeux sur la grâce de Dieu offerte à chacun, menant à une vie riche en actions bonnes. Alors 3,2,1 go, partage l’Évangile dans la course de ta vie!

Ecouter la prédication ici.

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Quand vous courrez, vous courrez… pour quoi ?

• Je cours pour perdre du poids… « mais il me rattrape toujours ». Ou la version glamour : « courez à la poursuite de vos rêves… si vous ne les atteignez pas, au moins vous perdrez du poids » !
• Les experts disent que courir vous aide à vivre plus longtemps, euh… moi j’dis qu’il bluffe…
• Je cours pour rattraper le temps perdu… ou comme dirait le Chat, en courant : « Je me demande parfois si ce n’est pas perdre son temps que d’essayer de rattraper le temps perdu ».

Ce matin, à l’heure où je vous parle, des hommes et des femmes courent. Juste là. Juste maintenant. Autour de notre vénérable église Saint-Laurent. Ce week-end, ils seront 36'000 environ à courir une des courses des 20 km de Lausanne. Mais… pourquoi courir ? « pourquoi » en un mot (vous savez comme les pourquoi des enfants) ou… pour quoi ? 2 remarques à ce stade, si j’ose dire.

Premièrement, il me semble que le succès de participation des 20 km de Lausanne est un symbole de notre société qui nous pousse à courir tout le temps. Dans la vie active, nous courons en effet d’une activité à l’autre, d’un hobby à l’autre, d’un rendez-vous à l’autre ; au fond la denrée la plus précieuse de notre temps, c’est justement… le temps ! Dans notre société, la plupart des gens n’ont plus le temps, avec leur agenda overbooké ! Boire un café ? Pas le temps ! Taper un brin de causette dans l’escalier avec la voisine ? Pas le temps ! Passer le motoculteur dans le jardin ? Pas le temps ! Pas le temps, alors… nous courrons ! 

Deuxièmement, nous courrons aussi car la société, comme le sport ou les jeux olympiques, nous pousse à placer la barre toujours plus haut : toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus… de rendement ! La nouvelle religion du XXIe siècle, au fond, c’est le culte, oui, mais le culte de la performance ! Oui aujourd’hui beaucoup courent après… la perfection.

L’apôtre Paul, lui aussi, utilise cette image pour parler de la vie chrétienne. Ne savez-vous pas que les coureurs, dans le stade, courent tous, mais qu’un seul gagne le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Courrez pour l’Évangile ! L’apôtre Paul appelle en fait à mobiliser notre énergie pour la course de l’Évangile. Vas-y, témoigne de l’Évangile, partage ta joie d’être fils ou fille de Dieu, raconte simplement comment Dieu peut changer ta vie ! (silence)

Oui Paul dit que la foi en l’Évangile est une course et que pour cela, comme pour le sport, il faut s’entraîner, avoir de la discipline. Chercher à maîtriser les pulsions ou les obstacles qui cherchent à nous arrêter (ouch). Et une course, chers frères et sœurs, c’est long. Il faut tenir sur la durée. On le sait bien, cela ne sert à rien de partir en sprintant. Ça ne sert à rien d’être devant sur 200m et de ne pas réussir à finir la course. Au fond, ce que Paul nous dit, c’est qu’il faut trouver le bon rythme pour chacun. Trouver le bon rythme, c’est comme disait un collègue, trouver le rythme de Dieu pour moi. Le rythme de Dieu pour moi, il n’est pas épuisant, au contraire il me donne des forces[1]. Mais pour cela, je dois écouter Dieu constamment, je dois chercher à synchroniser mes pas dans les siens… En fait, pour reprendre une image des 20 km, Dieu c’est à la fois mon coach, mon supporter n°1 et mon meneur d’allure. Un meneur d'allure, c’est une personne qui court à un rythme spécifique afin d'aider les autres coureurs à atteindre leur objectif de temps sur une course, par exemple pour faire 1h45 sur 20km.

Dieu est votre meneur d’allure et il vous donne le rythme, l’écoutez-vous ? Ayant passé deux fois par la case burnout, je sais que parfois, écouter le rythme de Dieu n’est pas si simple, dans une société de la performance. Parfois nous avons besoin de tomber pour grandir. C’est en se plantant qu’on peut pousser. C’est aussi le cas pour trouver le rythme de Dieu pour moi.

Pour moi. Car je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais dans ce texte, Paul passe du vous au je, comme pour dire l’importance du but qui est à chaque fois personnel. C'est pourquoi je cours les yeux fixés sur le but, dit Paul. L’apôtre rappelle ici le besoin essentiel d’avoir un but dans la vie, le mien, et de garder les yeux fixés sur lui, sinon je me perds. En fait, ce verset résonne avec la conception du péché hébraïque où « pécher » signifie « rater son but ». Comme un boxeur qui donnerait des coups dans le vide. Ainsi garder les yeux fixés sur l’objectif permet à nos efforts de devenir féconds.

Alors pour toi, mon frère, ma sœur, quel est le but de ta course ? sur quoi ou sur qui gardes-tu les yeux fixés dans ta course ? (silence) 

Mais comment faire face à cette pression de la performance ? Avec « la grâce », nous dit Paul dans sa lettre aux Éphésiens. La grâce, c’est un don, un cadeau offert par Dieu à chacune et chacun, signe de son amour inconditionnel. Et si vous êtes d’accord avec moi pour dire que la société de performance nous mène tout droit dans le mur, alors nous pouvons entendre le message d’amour de Dieu pour nous qui peut nous sauver aujourd’hui, oui nous sauver ! Car dans notre société où rien n’est gratuit, où tout dépend de notre performance, eh bien la grâce de Dieu, elle, ne dépend pas de nos efforts : Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; ₉il n'est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut faire le fier. Oui, le salut par la grâce est don de Dieu, et il dépend simplement de notre foi, autrement dit de la confiance que nous plaçons en Lui. Et le baptême que nous vivons en ce jour, c’est justement le signe visible de cette grâce, de cet amour inconditionnel de Dieu pour nous! 

Or puisque cet amour de Dieu nous libère de cette pression de performance, puisque la grâce nous libère pour être nous-mêmes, elle nous permet d’œuvrer pour le bien. Car Paul le dit, Dieu nous a créés, dans notre union avec Jésus-Christ, pour que nous menions une vie riche en actions bonnes. Voilà le but, le but ultime de la course, le but de la vie chrétienne : recevoir la grâce de Dieu, et tout en gardant les yeux fixés sur le Christ, aimer, en menant une vie riche en actions bonnes. Chacun à sa manière, avec les ressources qui sont les siennes. C’est cela la course de l’Évangile : dire merci pour la grâce de Dieu et partager concrètement son amour autour de nous avec des paroles et des actes qui font le bien ! C’est partager l’amour de Dieu pour chacun·e : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13,35)

Alors chers frères et sœurs, ce matin, pour que vous ne m’accusiez point de lantiponner, de parler dans le vide, je vous invite à agir concrètement, à témoigner de l’amour de Dieu autour de vous. Vous allez chacun recevoir deux cœurs en chocolat : le premier c’est le symbole de l’amour inconditionnel de Dieu pour vous, gardez-le et chérissez-le ! ; le second, vous allez le donner cette semaine à une personne qui, autour de vous, en a besoin, dans une « action pleine de bonté ». Cela peut être un petit signe de douceur pour quelqu’un qui en a besoin, un geste de pardon vers quelqu’un qui vous a offensé, ou simplement un peu de temps offert à un proche. En bref, je vous invite avec ce second chocolat à réaliser concrètement un geste d’amour pour une personne qui vit des temps difficiles dans la course de sa vie. 

Alors 3, 2, 1, partez… pour la course de l’Evangile !

Amen.

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[1] Mais ceux qui comptent sur le Seigneur reçoivent des forces nouvelles ; comme des aigles qui s'élèvent à tire-d'aile, ils s'élancent, mais sans se lasser, ils avancent, mais sans faiblir (Es 40,31)

Seigneur, 
Toi qui es notre meneur d’allure, notre coach de vie, notre modèle, 
Nous te prions de nous offrir les ressources nécessaires 
pour aller jusqu’au bout de la course
Seigneur donne nous les muscles, les pieds et les jambes 
pour continuer à avancer
Donne-nous ton souffle pour renouveler notre oxygène
Donne-nous ta vision pour nous maintenir sur la bonne piste
Donne-nous aussi un cœur valide pour partager

Seigneur nous te prions pour que la Grâce que tu nous donne nous permette de vivre pleinement la course de nos vies.

Pour tous les bébés qui sont baptisés aujourd’hui, comme Matteo et pour tous les êtres qui sont tes enfants, accueille-nous dans ta tendresse

Pour les enfants qui jouent joyeusement et pour ceux qui n’ont pas accès aux premières nécessités, réconforte-nous dans l’espérance de ton Amour

Pour tous les adolescents pleins de projets et pour ceux qui regardent l’avenir avec angoisse, renouvelle nos forces et consolide notre foi

Pour tous les adultes qui se mettent au service des autres et pour ceux qui s’agitent dans tous les sens, 

Seigneur guide-nous vers la Lumière,
Christ Ressuscité ouvre nos yeux à ta réalité,
Ô Dieu que ta Grâce nous submerge et qu’elle rejaillisse sur ceux et celles qui nous entourent,
Que ton regard affectueux se pose sur nous comme le regard des jeunes parents émerveillés sur leur enfant

Amen

(composée par Laurence Wasem)