« Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien… »

Lecture du Psaume 23

1Le SEIGNEUR est mon berger : je ne manquerai de rien. 2Il me fait coucher dans de verts pâturages, il me dirige vers des eaux paisibles. 3Il restaure ma vie, il me conduit sur les sentiers de la justice, à cause de son nom. 4Même si je marche dans la vallée de l'ombre de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton, ton appui, voilà mon réconfort. 5Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires ; tu enduis ma tête d'huile, ma coupe déborde. 6Oui, le bonheur et la fidélité m'accompagneront tous les jours de ma vie, et je reviendrai à la maison du SEIGNEUR pour la longueur des jours.

Prédication : « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien… » 

Résumé : Devant les difficultés de la vie, notre Dieu berger nous assure qu’avec lui, nous ne manquerons de rien et qu’ainsi nous pouvons vivre notre cheminement dans la confiance. Une bonne nouvelle à réentendre à tout âge !

Prédication à écouter ici

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Que faisiez-vous il y a exactement 3 ans, en mars 2020 ? vous vous laviez les mains ? Vous le savez peut-être, Facebook se charge automatiquement de vous rappeler un « souvenir ». Chez moi, mercredi, c’est cette image qui s’est affichée : « le saccage de l’Aldi, autour de mars 2020 ». Ou comment le confinement a créé une panique autour du papier toilette notamment : des rayons vides à cause de caddies pleins de PQ, tellement que certains disaient : « je viens de congeler du PQ, on sait jamais ». 2020, l’année du PQ. 2020, l’année de Game of Thrones. Oui, en temps de crise, la peur de manquer devient viscérale.

Mercredi, je célébrai un service funèbre d’une dame qui avait vécu la 2e guerre mondiale. Et figurez-vous qu’elle entassait chez elle toute sortes de choses, d’objets, de nourriture, de bijoux, dont elle ne pouvait pas, surtout pas, se débarrasser. Un appartement encombré… par peur de manquer !

Je crois que cette peur de manquer nous touche tous, de prêt ou de loin. Peur de manquer… de nourriture, d’argent, de temps ? Pour l’Eglise aussi, je peux parfois tomber dans la peur de manquer de bénévoles, de choristes en particulier (ils sont si précieux, ces hommes et ces femmes qui donnent de leur temps pour que nous puissions vivre un temps bienfaisant ici deux fois par mois) ; peur après mon burnout de manquer… de forces et de soutien ?

Et parfois, ce n’est pas juste une peur : le manque est une réalité. Vous allez à la pharmacie pour chercher votre médicament pour vous soigner : rupture de stock. Oui parfois le manque s’impose à nous, sans que nous l’ayons cherché ou même redouté. Parfois aussi nous le choisissons délibérément, le manque, comme avec les expériences de jeûne, alimentaire ou de consommation, que de nombreux chrétiens vivent pendant le carême.

Comment faire face au manque et à la peur de manquer ? Je comprends le Psaume 23 comme une réponse à cette peur du manque. Ce texte est une magnifique confession de foi, ancrée dans nos réalités humaines, qui réussit à la fois à nous dire quelque chose d’essentiel sur Dieu – de remettre l’église au milieu du village et Dieu au centre de nos vies, disait Nel – et à la fois de réussir à indiquer un chemin de confiance face aux difficultés de la vie, face aux manques de notre existence. Regardons le texte de plus près.

« Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien » (23,1)

En premier lieu, Dieu est « mon » berger. « Mon » : ce mot change tout. Avec ce « mon » nous comprenons que Dieu se révèle dans une relation intime, personnelle, avec l’assurance que nous pouvons compter absolument sur Lui. Il n’est pas seulement le berger de l’humanité, mais il est mon berger à moi, avec un lien fort, de personne à personne, et je suis sa priorité.

Et en même temps, avec cette image du berger, Dieu se dit comme un être fondamentalement différent des autres brebis – nous pourrions y voir une certaine image de la transcendance –, différent mais surtout doux, humble et pacifique. Dieu n’est pas présenté là comme un monarque tout-puissant, un guerrier ou un juge terrifiant, mais juste comme un bon berger qui prend soin de moi avec tendresse et attention. De moi et des autres, car si le berger n’est pas berger d’une seule brebis, Dieu est aussi le berger de chaque être qui partage notre condition d’humanité.

Avec mon berger, je ne manquerai de rien, dit le Psalmiste. Matériellement, on peut manquer de beaucoup de choses, mais quand on a la présence de Dieu avec soi, alors on a tout ce qu’il faut, quelle que soit notre situation. Paul a merveilleusement exprimé cela : « j’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve, dit-il aux Philippiens. Je sais vivre dans la pauvreté, et je sais vivre dans l’abondance. Partout et en toutes circonstances, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans le besoin. Je peux tout par celui qui me fortifie. » (Phlp 4,12-13). Dieu me fortifie, car il « restaure ma vie » (mon âme), expression que nous pouvons entendre de deux manières. Soit Dieu nous restaure, comme au restaurant, il nous nourrit. Soit il nous restaure comme on peut le faire d’un tableau ou d’une œuvre d’art endommagée. Il peut arriver que mon âme ressemble à un champ de ruine. Dieu peut m’aider à me reconstruire, encore et toujours. Me restaurer doublement, c’est ce que j’ai pu vivre dans mes expériences de jeûne, notamment alimentaire : Dieu m’a vraiment, dans ces temps de manque, permis de me reconnecter à l’essentiel, en ce sens aussi de restaurer ma vie, mon âme, en vivant une expérience forte avec Lui.

Face à ma peur de manquer de forces, ou de me laisser abattre par les difficultés de la vie, le psalmiste répond : « Même si je passe par la vallée de l’ombre de la mort je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. » Il est avec moi. Même si je ne le vois pas. Même si je ne le sens pas. Jamais Dieu ne m’abandonne. Cette relation soutenante, je l’ai sentie pendant mon burnout avec cet appui que Dieu a été dans ma traversée du désert. Un bâton sur lequel j’ai pu m’appuyer. Et malgré mes peurs, lui faire confiance. Confiance, car Il est avec moi, lui qui me comprend, lui qui reste à mes côtés et qui pleure avec moi sans me juger, lui qui m’écoute et m’accompagne de sa tendresse et de son amour inconditionnel. Mais ce n’est pas tout, chers frères et sœurs, parce que Dieu en lui-même est puissance de vie. Et si Dieu est avec moi, alors j’ai à ma disposition une ressource infinie de force dynamique, de renouveau, de résurrection même. Quelle bonne nouvelle !

Et encore, chers frères et sœurs, cela ne s’arrête pas là. Car ce qui nous est promis, c’est une table et une coupe débordante. La table, pour me réconcilier avec mes adversaires, une table qu’il a préparée pour nous. Oui Dieu prépare des réconciliations pour nous… Cette table, elle me fait penser à mon appel pour venir ici à MLK (je cite ici une ancienne prédication) :

En retraite à la Pelouse à Bex pour discerner le chemin que Dieu veut pour moi, j’entends Dieu me dire dans mon cœur de lui faire confiance. Qu’il sait le chemin. Je l’entends me dire par ce Ps 23 qu’il est mon berger, et qu’il me conduit. Qu’il prépare pour moi un banquet. Cette table de banquet, je la trouve même concrètement, lors d’une balade. Quittant les chemins balisés, pataugeant dans la boue pour un instant, je me rends sur une butte. Au sommet de celle-ci se trouve une table en bois et 3 bancs. Comme une invitation à la confiance : « fais-moi confiance, même si tu dois marcher hors des sentiers battus, j’ai préparé un banquet pour toi ».

Une table symbole de communion, les uns avec les autres, et avec Dieu, pour répondre à notre peur du manque de relations. Ainsi, la coupe est littéralement « surabondante ». Dieu me comble, je n’ai besoin de rien d’autre.

Alors oui, chers frères et sœurs, devant les difficultés de la vie, notre Dieu berger nous assure qu’avec lui, nous ne manquerons de rien. Ce berger, bien sûr, c’est pour nous les chrétiens Jésus, le Christ, lui qui, dans l’évangile de Jean, qui se compare au « bon berger », celui qui va jusqu’à donner sa vie pour ses brebis. Ainsi, avec le Christ comme berger, nous pouvons vivre notre cheminement dans la confiance, malgré les hauts et les bas, et finir à la table de la réconciliation et de la communion, comme nous essayons de le vivre ici à MLK. Rappelez-vous ce gospel qui dit « God is in control », Dieu est aux commandes, c’est un peu ce que dit ce Psaume. Alors chers frères et sœurs, dès aujourd’hui, dès maintenant, vivons en toute confiance avec notre Seigneur berger. Car avec Lui, rien d’essentiel ne peut nous manquer.

Amen.

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