« Le berger, le bon » (18.05.25)
Lecture de Jean 10,11-18.27-30
11Moi je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses moutons. 12Celui qui ne travaille que pour de l'argent n'est pas vraiment le berger ; les moutons ne lui appartiennent pas. Il les abandonne et s'enfuit quand il voit venir le loup. Et le loup se jette sur les moutons et disperse le troupeau. 13Cet homme ne travaille que pour de l'argent et ne se soucie pas des moutons.
14Moi je suis le bon berger. Je connais mes moutons et ils me connaissent, 15de même que le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes moutons. 16J'ai encore d'autres moutons qui n'appartiennent pas à cet enclos. Je dois aussi les conduire ; ils écouteront ma voix, et ils deviendront un seul troupeau avec un seul berger. 17C'est pour cette raison que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, pour ensuite la recevoir à nouveau. 18Personne ne me prend la vie, mais je la donne volontairement. J'ai autorité pour la donner et j'ai autorité pour la recevoir à nouveau. Cela correspond au commandement que mon Père m'a donné. »
(…)
27Mes moutons écoutent ma voix ; je les connais et ils me suivent. 28Je leur donne la vie éternelle, ils ne seront jamais perdus et personne ne les arrachera de ma main. 29Ce que mon Père m'a donné est plus grand que tout et personne ne peut rien arracher de la main du Père. 30Le Père et moi, nous sommes un. »
Prédication : « Le berger, le bon »
Résumé : Devant la pléthore de bergers actuels en tout genre, Jésus se présente comme le bon berger. Celui qui te parle, celui qui te connaît, celui donne sa vie pour toi. Ainsi il vient tisser un lien d’amour qui est plus solide que nos peurs, plus solide que la mort qui est vaincue en Lui. Un bonne nouvelle pour tout le troupeau que nous sommes, ceux au-dedans comme ceux au-dehors.
Chers frères et sœurs en Christ,
Selon vous, qui sont les bergers d’aujourd’hui ?
Non je ne parle pas de chien de berger, ni de Michel Berger, celui qui chante mais d’un homme berger, avec son fameux « le bâton de berger » ! C’est vrai ça, qui sont les bergers de notre temps ? Les leaders politiques comme Trump (clown ou loup ?) ? les leaders religieux comme le berger de Rome, Léon (XIV), et les deux femmes de sa vie ? Les bergers que sont les gourous ou plutôt désormais appelés les « coaches de sagesse » ? ou encore les coaches qui promettent la prospérité (si si, c’est pas une image IA).
Les bergers que sont les parents, tiens, j’ai un peu de retard, mais bonne fête à toutes les mamans, avec ou sans cape ! D’ailleurs vous le savez, « les mamans ont toujours de la chance le jour de la fête des mères : elles ont le cou bordé de nouilles ». Avec un peu de retard donc, bonne fête des mères, sauf à Moïse qui a fendu la sienne en deux. Les bergers, cela peut être aussi les grands-parents CHICOUF : « chic » quand les petits-enfants arrivent, et « ouf » quand ils repartent.
Bref, vous en conviendrez, la parabole de Jésus en Jean 10 est puissante. Au fond, elle nous pose une question importante dans notre XXIe siècle où les gens sont souvent déboussolés, sans repère, cherchant un sens à leur vie (essaie google !). Cette question, c’est la suivante : qui puis-je suivre pour être en sécurité, pour être heureux, pour être bien, pour être aimé·e et pouvoir aimer ?
Vous allez me dire, la réponse est facile : « Jésus ». Certes. Mais dans ce XXIe siècle éclaté, angoissé et déboussolé, la réponse ne va pas de quoi. Plein de chemins sont proposés, et pas tous ne sont malheureusement porteurs de fruits. C’est pourquoi il faut bien choisir celui que l’on décide de suivre.
Car aujourd’hui, comme au temps de Jésus, de nombreuses personnes cherchent avant tout à se faire de l’argent sur la crédulité de personnes qui placent en eux leur confiance. Les « mercenaires » décrits dans le texte nous rappellent les gourous et autres coaches manipulateurs qui cherchent, avouons-le, à se faire de l’argent. Ce sont eux, les mauvais bergers qu’il ne faut pas suivre. Ceux qui sont là un temps mais qui, quand les difficultés surgissent, disparaissent. « Il les abandonne et s'enfuit quand il voit venir le loup. (…) 13Cet homme ne travaille que pour de l'argent et ne se soucie pas des moutons. »
Alors me direz-vous, comment le reconnaître, le berger qui est le bon pour nous ? 3 points.
D’abord, le bon berger connaît ses moutons. Il les connaît non pas superficiellement mais dans leur intimité. Il vous appelle, chacun par votre prénom : répondrez-vous à son appel ? Essayez de différencier des brebis dans un troupeau, pas facile hein, il faut vraiment les connaître pleinement pour le savoir. Oui Jésus nous connaît jusqu’aux profondeur de notre âme, et parce qu’il nous connaît si bien, dans une relation d’intimité, nous pouvons lui faire confiance.
Ensuite, 2e point, le bon berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. A se défaire de sa vie dans un acte d’amour total. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner votre vie pour vos amis » (Jean 15,13). L’amour ici du bon berger envers ses brebis, ce n’est pas une émotion ou un sentiment, c’est un acte concret : aimer, c’est donner de sa vie pour permettre à son prochain de grandir.
Enfin, 3e point, le bon berger nous promet qu’avec Lui, nous avons la vie éternelle ; avec lui, jamais nous ne périront. 27Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais et elles me suivent. 28Je leur donne la vie éternelle : jamais elle ne périront et personne ne pourra les arracher de ma main. « Jamais elles ne périront » ? Vraiment ? Autour de nous, la mort, la maladie, les injustices sont bien réelles. Mais c’est là une promesse plus forte que toutes nos pertes visibles. Jésus, le Bon Pasteur, connaît la fragilité de ses brebis ; il sait que les chemins sont parfois sombres. Mais il assure que rien — ni l’épreuve, ni la mort — ne pourra arracher ses brebis de sa main. Ce lien d’amour est plus solide que nos peurs. C’est une vie éternelle qui commence dès aujourd’hui, dans l’écoute de sa voix.
Oui chers frères et sœurs, face au danger, Jésus ne fuira pas comme un mercenaire. Il mourra à son poste ; mais sa mort sera une victoire, et, de nouveau vivant, il rassemblera ses brebis un instant dispersées par le chagrin et le doute. Oui chers frères et sœurs, dans ce monde tumultueux où nous sommes sans cesse confrontés à des défis dans notre vie de tous les instants, il est si bon, si rafraîchissant de relire cet évangile de Jean ce matin. C’est si bon de relire qu’aucun loup (donc aucune épreuve, blessure, tempête ou faute) ne pourra faire peur à notre berger et qu’il se tiendra devant nous pour nous protéger en disant « vous ne passerez pas ! ». Oui notre berger donne sa vie pour nous, ses brebis si fragiles, et si limitées. Si nous aimons ce berger, il faut nous aussi le rejoindre dans le don de nous-mêmes, chers frères et sœurs.
Car que nous le voulions ou non, nous faisons partie du troupeau de moutons. Je vous vois venir : avec Daniel Manquedavoine, vous allez me chanter : « je ne suis pas un mouton ! »… Car être comparés à des moutons, qu’ils soient noirs, blanc ou arc-en-ciel, c’est plutôt péjoratif. En fait, dans le texte de l’Evangile, nous sommes comparés à un troupeau. Qu’est ce qui fait le troupeau ? C’est le berger. Sans le berger, il n’y a qu’un agrégat de bêtes, peut-être heureuses d’être ensemble mais sans but.
Le troupeau, dans la parabole, c’est donc la communauté. La communauté locale, ici à MLK. La communauté de notre Eglise vaudoise. La communauté chrétienne mondiale. La communauté humaine. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas réfléchir et agir bêêêêêêtement « comme des moutons », comme le dit l’expression. Mais fondamentalement, cela veut dire que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes entourés de frères et de sœurs. Regardez autour de vous. Si, si, faites-le. Salut sœur brebis, salut frère mouton ! Merci d’être là, merci d’exister.
Et avez-vous remarqué encore une fois l’inclusivité de Jésus dans sa parabole ? Il ne prêche pas juste pour sa communauté, pour ses followers, dans une forme d’entre-soi, mais pour toutes et tous : 16J'ai encore d'autres moutons qui n'appartiennent pas à cet enclos. Ainsi chers frères et sœurs, la bonne nouvelle n’est pas seulement pour un petit troupeau d’élus, mais elle est pour tout le monde ! TOUS sont appelés par Dieu. TOUS sont aimés par Dieu. TOUS, le bon berger les connaît. Et c’est ainsi un appel pour nous, aujourd’hui encore, à ne pas rester dans un « entre-soi » qui nous rassure, mais comme nous le vivons ici à MLK, à ouvrir les portes, à aller à l’extérieur pour parler de l’Évangile. Oui chers frères et sœurs, la présence de ces « autres moutons » nous indique que l’Eglise est toujours plus grande que les hommes et les femmes que je vois et que c’est à cette ouverture que nous sommes invité·e·s.
Ainsi, chers frères et sœurs, devant la pléthore de bergers actuels en tout genre, Jésus se présente comme le bon berger. Ou plutôt… comme le berger qui est le bon pour nous, qui est bon pour nous. Celui qui nous parle, celui qui nous connaît, celui donne sa vie pour nous. Ainsi il vient tisser un lien d’amour qui est plus solide que nos peurs, plus solide que la mort qui est vaincue en Lui. Un bonne nouvelle pour tout le troupeau que nous sommes, ceux au-dedans comme ceux au-dehors.
Alors sœur brebis et frère mouton… es-tu prêt·e à écouter sa voix et à lui faire une confiance quasi aveugle ? Es-tu prêt·e, dans le troupeau des moutons disciples du Christ, à accueillir sans cesse ? Quelle sera ta réponse ?
Beeeeh oui !
Amen