« Que Ta volonté soit faite ! » (01.06.25), série NP1

Lecture de Luc 22: Jésus prie au mont des Oliviers

39Jésus sortit et se rendit, selon son habitude, au mont des Oliviers. Ses disciples le suivirent. 40Quand il fut arrivé à cet endroit, il leur dit : « Priez afin de ne pas entrer en tentation. » 41Puis il s'éloigna d'eux à la distance d'un jet de pierre environ, se mit à genoux et pria 42en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. » [43Alors un ange du ciel lui apparut pour le fortifier. 44Saisi d'angoisse, Jésus priait avec encore plus d'ardeur. Sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient à terre.]

45Après avoir prié, il se leva, revint vers les disciples et les trouva endormis, épuisés de tristesse. 46Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, afin que vous n'entriez pas en tentation. »

Prédication : « Que Ta volonté soit faite »

Résumé : Dans le jardin de Gethsémané prie dans un moment d’intense angoisse. Sa volonté d’humain, c’est d’éloigner la coupe de douleur, mais au prix d’un intense combat, il se soumet à la volonté de son Père. Ce texte est une invitation à s’abandonner nous aussi à la confiance en Dieu, à cultiver cet abandon confiant, priant avec ces mots : « que ta volonté soit faite ! ».

 

Prédication à écouter ici.

 

Chère frères et sœurs en Christ,

Si le génie d’Aladdin se présentait devant vous, là tout de suite, que voudriez-vous lui demander ? 

  • Je veux… être un ours : pas besoin de travailler ni de s’épiler. Si quelqu’un te saoule, tu le manges.
  • Je veux… avoir un corps de rêve taillé en V, comme en haut, pas comme en bas hein !
  • je veux manger, comme disent les enfants (et que ça saute)! 
  • Je veux faire ce que je veux, comme le chat ! 
  • Ou encore : je veux partir en vacances…

Jésus lui aussi, dans ce moment d’épreuve, juste avant d’être crucifié, parle de sa volonté et de la volonté de son Père. Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. Autrement dit, si tu le veux fais ce que je veux, mais en fin de compte… que ta volonté soit faite. 

« Que ta volonté soit faite ! » : cette phrase nous la disons bien souvent sans trop y penser dans notre prière. Qu’est-ce que cela signifie, au fond, pour ma foi personnelle, pour notre foi d’Église?

Alors bien sûr, au nom de « la volonté de Dieu », les pires choses ont été commises, manipulations ou abus par exemple. N’y a-t-il pas une forme d’orgueil présomptueux de prétendre connaître la volonté de Dieu ? Je le crois, il faut garder une forme de mystère autour de cette volonté divine. Combien de fois cela m’arrive de confondre « ma volonté propre » avec « la volonté de Dieu » dans mes prières ? Probablement souvent, avouons-le. Mais un chemin est possible. 

(1) Et ce chemin commence par un décentrement : se décentrer de soi. Dans la prière du Notre Père, je ne commence pas par demander quelque chose, je commencer par réorienter mon regard, quittant ma petite personne pour me centrer sur Dieu :

Notre Père qui es aux cieux
Que Ton nom soit sanctifié
Que Ton règne vienne
Que Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel.

Par ces mots, j’exprime ainsi avec humilité mon souci du nom de Dieu, de Son règne et de Sa volonté. Centré non pas sur moi, mais sur Lui, mon Créateur.

(2) Ensuite, pour accéder à cette volonté du Père, un discernement est nécessaire. Le discernement, ce n’est pas seulement un bon raisonnement, mais c’est aussi un don qu’il faut demander à l’Esprit Saint. Cette capacité du discernement se développe par la prière, la lecture de la Parole, le partage communautaire, et tout cela aidera à lire les signes que nous pensons être de Dieu dans notre quotidien.

D’ailleurs le texte d’aujourd’hui commence avec une phrase toute simple : « selon son habitude ». Dans l’habitude du quotidien va surgir l’inattendu de Dieu, comme c’est souvent le cas pour nous aussi. Dans l’habitude du quotidien va surgir l’épreuve où la volonté propre de Jésus va se confronter à celle du Père. Pour nous aussi, dans notre quotidien, combien de questions surgissent autour d’épreuves où ma volonté propre est contrariée, comme celles-ci par exemple :

  • Je veux des enfants mais je n’y arrive pas: est-ce là la volonté de Dieu? 
  • Je conduis et fais un AVC au volant et je me retrouve en chaise roulante: est-ce là la volonté de Dieu ? 
  • Je dois mourir suite à un cancer fulgurant: est-ce là la volonté de Dieu ?

Pas si simple, non ? Rechercher la volonté de Dieu est un chemin qui ressemble aussi parfois aussi à un combat, quand il s’agit de l’accepter, comme c’est le cas pour Jésus. Dans le jardin de Gethsémané, Jésus prie. Sa volonté d’humain, c’est d’éloigner la coupe de douleur, de ne pas souffrir, de repousser la mort. Nous aussi, combien de fois nous voudrions cela pour notre vie : repousser les épreuves, chasser les angoisses. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Comme nous le voyons avec Jésus, il faut parfois un long combat pour arriver à accepter la volonté de Dieu. Une lutte qui blesse, comme en témoigne la sueur comme des gouttes de sang. C’est seulement une fois que Jésus a posé son angoisse devant Dieu qu’il peut accepter que la volonté du Père se fasse.

« Que ta volonté soit faite » : qu’est-ce que cela veut dire ? pour maître Eckart, un moine du XIVème s., il s’agit d’abandonner sa propre volonté pour que Dieu vienne en moi. Je dois tout abandonner jusqu’à ma propre volonté. Quel exercice spirituel difficile voire carrément impossible…

Alors justement pour faire face à ce qui nous semble impossible, Dieu envoie ses anges, ses messagers, pour nous fortifier. Comme pour Jésus. Vous avez remarqué : après l’apparition de l’ange, l’angoisse ne disparaît pas automatiquement. Mais l’ange est une présence fortifiante qui aide à traverser l’épreuve et ainsi nous comprenons que Dieu est avec nous quelle que soit l’épreuve que nous traversons. Quelle consolation également de savoir que Jésus, le Fils de Dieu, est aussi passé par l’épreuve, par l’angoisse. Qu’il a partagé notre humanité… jusqu’au bout, parfois avec une confiance en la volonté de son père et parfois avec des doutes comme sur la Croix ! 

En effet, je crois que ce texte nous pose fondamentalement la question de notre confiance en Dieu. Quand nous vivons un temps d’épreuve, sommes-nous dans la révolte humaine d’opposition (« mais ce n’est pas ce que je veux ! ») ou dans l’acceptation confiante de la volonté de Dieu pour moi ? Car n’oublions pas que derrière cet épisode, il y a certes la Croix, mais surtout il y a Pâques, la résurrection, jusqu’à l’Ascension que nous avons vécue jeudi, dans un climat paisible : l’angoisse a disparu ! (et maintenant vous savez comment)

Oui chers frères et sœurs, ce texte est au fond une invitation à s’abandonner à la confiance en Dieu, à cultiver cet abandon confiant, comme disait Augustine jeudi : « Nous devons accepter la volonté de Dieu même si elle n’est pas pareille que la nôtre. Si nous vivons ce que nous vivons, c’est qu’il y a des bonnes raisons pour cela ».

Ce thème de la volonté de Dieu est profond. Il y aurait plein d’exemples, à la fois du quotidien (comme cet enfant qui ne veut pas se soumettre à la volonté de ses parents… alors que c’est pour son bien !), ou avec ces épreuves de la maladie, comme l’AVC d’Augustine par exemple qui surgit sans prévenir un matin au volant, ou le cancer fulgurant de Jean-Luc qui l’a emporté l’an passé. Dans ce dernier cas, j’aimerais ici évoquer brièvement, avec l’accord de Catherine, leur combat pour accepter la souveraineté de Dieu et se soumettre à Sa volonté, démarche qui a permis à Jean-Luc de partir en paix. Lors de la dernière nuit, en effet, tôt le matin, alors qu’il traversait un moment d’agitation et de confusion, elle lui a pris la main et lui a proposé de prier le « Notre Père ». Il a écouté calmement et à la fin, il a répété à maintes reprises : « Que ta volonté soit faite, amen ». Quelques heures plus tard il passait sur l’autre rive. (un temps) Ainsi de manière très digne et très émouvante, Jean-Luc s’est soumis à la volonté du Père, ce qui a ouvert sur une paix du cœur, pour lui et sa famille. Quel beau témoignage de foi.

Que ta volonté soit faite ! Quelle phrase exigeante de confiance ! Mais aussi quelle simplicité dans cette phrase. Car la bonne nouvelle de ce matin, chers frères et sœurs, en plus de savoir que nous pouvons nous abandonner dans une confiance totale en la volonté du Père, c’est qu’en fait, nous n’avons pas besoin absolument de la connaître, cette volonté. Nous avons juste à prier pour elle, à demander qu’elle soit faite. Nous avons juste à rester constamment en lien, à l’écoute de notre Père créateur, avec l’Esprit Saint, avec ce qu’il nous dit, avec ses anges ! Nous avons juste à demander que la volonté de Dieu soit faite ici et maintenant. 

Alors confiance ! Et inspirons-nous du chant Lead me Lord que nous le chanterons tout à l’heure :

Tes plans pour moi sont parfaits
Je n'ai jamais besoin d'avoir peur
Car si parfois je me sens seul
je sais que tu es proche
Mon cœur aspire juste à suivre
je suis prêt à obéir
Prends ma main et conduis-moi
je te suivrai jusqu'au bout

Oui te suivre, 
te faire confiance, 
me soumettre à ta volonté, 
je veux.

Amen.

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