« Devant la soupe pourrie du monde, la Parole fait des miracles » (21.09.25)
Lecture de 2 Rois 4,38-44: La soupe immangeable
38Élisée revint à Guilgal ; or, la famine régnait dans le pays. Le groupe de prophètes était réuni avec lui. Il ordonna à son serviteur : « Mets la grande marmite sur le feu et prépare une soupe pour tous les prophètes. » 39Un membre du groupe s'en alla dans les champs pour chercher des herbes ; il trouva une sorte de vigne sauvage, sur laquelle il cueillit des fruits ressemblant à de petites courges ; il en remplit la poche de son vêtement et, à son retour, il les coupa en morceaux et il les mit dans la marmite ; personne ne savait ce que c'était. 40Lorsqu'on servit cette soupe aux membres du groupe, ils se mirent aussitôt à crier : « La soupe est empoisonnée, prophète ! » En effet, personne ne pouvait la manger. 41Élisée ordonna d'apporter de la farine ; il en mit dans la soupe, puis dit à son serviteur : « Sers-en à ces gens et qu'ils mangent ! » Et le contenu de la marmite était devenu tout à fait bon à manger.
42À cette même époque, un homme arriva de Baal-Chalicha ; il apportait au prophète vingt pains d'orge, faits de farine nouvelle, et un sac de grain qu'il venait de récolter. Élisée dit à son serviteur : « Partage ces vivres à tous ces gens pour qu'ils mangent. » 43Mais le serviteur répondit : « Comment nourrir cent personnes avec cela ? » – « Partage ces vivres à tous ces gens pour qu'ils mangent, reprit Élisée, car voici ce que déclare le Seigneur : “Chacun aura assez à manger, et il y aura même des restes.” » 44Le serviteur répartit les vivres ; chacun en mangea et il y eut des restes, comme le Seigneur l'avait annoncé.
Prédication : « Devant la soupe pourrie du monde, la Parole fait des miracles »
Résumé : Dans le monde pourri du prophète Elisée, pourtant en terre promise mais dont le peuple s’est détourné de Dieu, Dieu vient par deux miracles nourrir ses fidèles, d’abord en purifiant la soupe empoisonnée puis en multipliant les pains, comme une anticipation du Christ. Ce faisant, il nous invite d’une part à la confiance, à placer nos situations de difficultés dans les mains de Jésus Christ, et d’autre part à partager la bonne nouvelle de la Parole de Dieu, la farine bienfaisante, qui elle seul, peut guérir le monde.
Chers frères et sœur en Christ,
C’est quand la dernière fois que vous vous êtes exclamé : « c’est pourri ! » ?
- La dernière fois qu’il a plu une semaine de suite (bon, pas cette semaine), et que vous vous êtes dit : « Il fait un temps tellement pourri que je viens de voir passer un moustique en pull-over ». C’est pourri.
- Quand dans votre agenda déjà surchargé vous avez dû vous coltiner votre Xème réunion des parents de la rentrée des classes et que vous vous êtes dit « la rentrée c’est pourri ! »
- Quand en sortant du culte où votre pasteur a sorti ses blagues les plus pourries comme un canard à l’orange, ou la crème des cerfs, ou ce donut qui court sur une plage en criant « j’vais m’beignet », bref quand en sortant de l’église vous tombez sur ces enseignes de coiffeurs : adult’hair et Adolf Hitl-hair, ben ouais, faudra tif hair, mec ! Les jeux de mots, c’est pourri.
Plus sérieusement. Quand cet été deux ados Lausannois décèdent à deux moments différents lors de course-poursuite avec la police des conditions peu claires… Et quand tout cela a créé des émeutes à Prélaz ou Praz-Séchaud, vous vous êtes dit : c’est pourri !
Quand vous tombez sur ce reportage qui indique que des contenus discriminatoires auraient été partagés entre policiers lausannois, vous vous dites : « c’est pourri ».
Quand enfin vous voyez la guerre à Gaza et les fronts se radicaliser jusqu’ici devant Saint-Laurent ce jeudi, sans possibilité apparente de garder une posture contrastée comme celle-ci : je suis gaza mais pas le Hamas, je suis Israël, mais pas Netanyahou. Oui cette guerre radicalisée c’est pourri.
Et je pourrais encore continuer longtemps en parlant de l’Ukraine ou de tous ces pays dont on ne parle jamais, des assassinats glauques ou des chrétiens persécutés. Hamlet disait : « Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark. » N’y aurait-il pas aussi aujourd’hui, chers frères et sœurs, quelque chose de pourri dans notre monde ?
Dans le monde du prophète Elisée, aussi, il y avait quelque chose de pourri. Et la famine qui constitue le contexte de notre passage reflète la situation intérieure du peuple d’Israël qui, arrivé en terre promise, s’est détourné de Dieu pour adorer d’autres dieux cananéens. Ainsi, il est devenu sec, affamé, stérile. Comme la famine. Regardons ce qui se passe.
1. Face à la famine, agir, mais le mal est là : la soupe immangeable
Au cœur de cette famine, Elisée et son groupe de prophètes ont donc besoin de manger, mais il y a peu ou pas de nourriture dans le pays. Alors il faut aller chercher de quoi mettre dans la marmite. Un serviteur trouve une vigne sauvage et il ramasse de nombreuses courges sauvages. Cela semble être une bonne nourriture, même si au fond, personne ne sait ce que c’est. Mais malheur : « La soupe est empoisonnée, prophète ! », crient les fils du prophète.
Ce que nous devons voir ici, ce n'est pas juste une marmite de ragoût qui est mauvaise, c'est tout le projet du peuple de Dieu en terre promise qui est pourri. Ce qui est censé être le nouveau jardin d'Eden, la terre promise de Canaan, la terre ruisselant de lait et de miel, est devenu un piège mortel empoisonné : il n'y a rien à manger, il n'y a pas de bonne nourriture sur cette terre, et la terre maudite produit ces vignes vénéneuses qui conduisent à cette soupe empoisonnée… En un mot, c’est pourri !
2. Le salut par la farine
Mais le mal n’aura pas le dernier mot. Car le tournant de cette petite histoire, presque une parabole, tient en une lettre : pour lutter contre la famine, il faut de la farine. Une lettre de différence qui change tout...
Et en effet l’adjonction de la farine dans la soupe empoisonnée, comme Elisée le demande, fait qu’à la fin, par miracle, le contenu de la marmite est devenu bon à manger. Mais c’est quoi exactement cette farine ?
La farine, c’est un symbole. Un symbole de vie, comme c’est le cas entre Elie et la veuve de Sarpeta avec le miracle de la farine et de l’huile. En outre, dans la littérature biblique, il faut savoir que le jugement est comparé à une moisson (pour récupérer les bons épis), à un vannage (pour garder les bons grains), à un meulage (préparation) : ainsi dans la conception hébraïque, la farine serait une image de toute ce qu’il y a de bon au fond du fond de chaque personne, une fois qu’on a enlevé tout le reste. Intéressant, non ?
Ainsi je peux être « farine » pour la soupe pourrie des autres. Mais il est une farine encore plus puissante qui peut transformer ce qui est empoisonné en quelque chose de bon, c’est la Parole de Dieu. C’est de faire confiance à ses promesses qui peut changer le monde. Pensez un instant : y a-t-il un verset biblique qui a rendu votre vie meilleure ? Personnellement, j’aimerais en citer deux, qui pour moi résument un bout de la bonne nouvelle en Jésus Christ :
- Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ (Rom 8,39)
- Soyez joyeux dans l’espérance, patient dans la détresse, persévérant dans la prière. (Rom 12,12)
Quelle bonne nouvelle sous-jacente à ce récit miraculeux : aujourd’hui encore, le miracle de la Parole de Dieu peut venir transformer notre monde pourri en quelque chose de bon par tout ce qu’elle dégage : Amour, Espérance, Patience, Prière, Paix.
3. Le miracle du partage avec la multiplication des pains
Avec le second récit, nous avons comme une impression de « déjà vu ». Oui c’est ici l’avant-goût pourrait-on dire des fameux récits de multiplication des pains et des poissons que Jésus fera par la suite. Cela dit, ici encore, le miracle du partage a lieu. Dieu pourvoit aux besoins de ses serviteurs. Et ça aussi, c’est une sacrée bonne nouvelle : Dieu pourvoit.
Alors que garder de ces deux petites histoires ? 3 points.
1er point : une invitation à l’action, en soulignant la puissance de la grâce. En effet, devant la famine du monde, devant nos soupes pourries, il faut oser faire quelque chose. Et même si on se plante, comme le serviteur a pris le mauvais fruit, ce n’est pas grave, car Dieu est bon et plein de grâce, lui saura trouver un chemin, avec ce que nous sommes.
2e point : faire confiance à cette Parole qui transforme. La marmite, c’est à la fois le symbole de notre monde et de l’Église en général. Nous avons besoin de la farine, de la Parole de Dieu, de l’Évangile, pour nourrir les gens. Nous avons besoin faire confiance à cette Parole qui transforme. Oui frères et sœurs, Dieu peut prendre ce qui est empoisonné, mauvais pour nous et le transformer en quelque chose qui puisse être bénéfique. A ce titre, on pourrait dire que les chants gospel sont cette « farine » dans les soupes immangeables de nos vies, comme des éclairs de confiance et d’espérance en la bonne nouvelle de Sa Parole.
3e point : une invitation à se nourrir les uns les autres à la Parole et à l’espérance en ses miracles. Et par le partage, il y aura des restes. Comme le disait Albert Schweitzer : « Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage ». La puissance de la Parole de Dieu aussi, elle double quand on la partage, comme lors des prières zoom. Aimez-vous les uns les autres, mais aussi nourrissez-vous les uns les autres à la Parole, cela pourrait être un nouveau commandement !
Ainsi, devant la soupe pourrie du monde, nous sommes invités à faire confiance que la Parole fait des miracles. A agir, tout en sachant la puissance de la grâce. A faire confiance à cette Parole qui transforme, même si cela paraît fou. A partager en nous nourrissant les uns les autres à la bonne nouvelle de cette Parole. Afin que l’on puisse, ensemble, passer de « famine » à « farine » et de « pourri » à « nourri ».
Amen.
Réactions libres
Questions possibles
- Que représente cette farine pour moi dans ma vie ? Qu’est-ce qui peut transformer le mauvais en bon dans ma vie ?
- Comment la Parole de Dieu peut transformer ma vie et ma personne (ou peut-comment être l’a-t-elle déjà fait ?) ?
- y a-t-il un verset biblique qui a rendu ma vie meilleure ?