Prédication du 19.10.25

Lecture de Actes 20 : Paul dit adieu à ses amis d’Ephèse

₂₅J'ai passé parmi vous tous en annonçant le règne de Dieu, mais je sais maintenant qu'aucun de vous ne me verra plus. ₂₆C'est pourquoi, je vous prends aujourd'hui à témoin : si l'un de vous se perd, je n'en suis pas responsable. ₂₇Car je vous ai annoncé tout ce que Dieu a décidé, sans rien vous en cacher. ₂₈Prenez garde à vous-même et veillez sur tout le troupeau que l'Esprit saint a remis à votre garde. Soyez de bons bergers pour l'Église que Dieu s'est acquise par la mort de son propre fils. ₂₉Je sais qu'après mon départ des individus pareils à des loups redoutables s'introduiront parmi vous et n'épargneront pas le troupeau. ₃₀Et même dans vos propres rangs, des gens diront des mensonges pour entraîner ainsi les disciples à leur suite. ₃₁Veillez donc et souvenez-vous que, pendant trois ans, jour et nuit, je n'ai pas cessé, avec des larmes, de mettre en garde chacun de vous.

₃₂Et maintenant, je vous remets à Dieu et à la parole de sa grâce. Elle a le pouvoir de vous fortifier dans la foi et de vous accorder l'héritage qu'il réserve à tous ceux qui lui appartiennent. ₃₃Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni les vêtements de qui que ce soit. ₃₄Vous savez vous-mêmes que j'ai travaillé de mes propres mains pour gagner ce qui nous était nécessaire pour ceux qui m'accompagnaient et pour moi. ₃₅Je vous ai montré en tout qu'il faut travailler ainsi pour venir en aide aux personnes faibles, en nous souvenant de ce que le Seigneur Jésus a dit lui-même : “Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir !” »

₃₆Après ces mots, Paul se mit à genoux avec eux et pria. ₃₇Tous pleuraient et se jetaient au cou de Paul pour l'embrasser. ₃₈Ils étaient surtout attristés parce que Paul avait dit qu'ils ne le reverraient plus. Puis ils l'accompagnèrent jusqu'au bateau.

Prédication : « Le sens de la vie selon Paul »

Résumé : Dans son discours d’adieu aux anciens d’Éphèse, Paul leur livre son testament en rappelant le sens de la vie selon lui avec ces quelques actions : Veiller à l’unité, être fortifié dans la foi par la Parole, avoir une attitude d’humilité et de pauvreté, travailler pour gagner ce qui est nécessaire (et pas plus), venir en aide aux pauvres, donner. Autrement dit, l’apôtre Paul invite à servir l’Évangile auprès de toutes et tous, à l’image du geste de Jésus du lavement des pieds : donner de soi pour trouver un sens à sa vie. Une bonne nouvelle à partager : l’Evangile donne du sens ! 

Prédication à écouter ici.

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Ce matin je viens vers vous avec une question petite mais costaude : quel est le sens de ta vie ? 

• Le sens de ma vie, c’est… l’argent, ou pas !
• Le sens de ma vie, c’est… le travail, ou pas : « votre travail n’a aucun sens, continuer ou quitter »
• Le sens de ma vie, c’est… manger et dormir :
  • Dis, c’est quoi le sens de la vie pour toi ?
  • Manger et dormir.
  • Ouais c’est ce que je pensais aussi »
• En tout cas, comme disait mon ami Willy : « si la vie a un sens, j’espère que c’est celui de l’humour ! »

Un jour, quand j’avais 20 ans, un ami m’a posé la question suivante qui est connexe à celle du sens : « c’est quoi le but de ta vie ? ». Je me rappelle bien la réponse que j’avais donnée alors sur cette question du sens de la vie : « le but de ma vie c’est de devenir père ». Parce que le sens de ma vie pour moi, c’est de transmettre la joie que j’ai d’exister, de vivre aimé par Dieu et de partager cette lumière (ça c’est moi qui rajoute 25 ans plus tard).

Cependant, parfois au cours de notre existence, nous pouvons traverser des crises de sens, justement. « Ma vie n’a plus de sens », comme le témoignage de cette ado de 17 ans sur ciao.ch : « J’ai l’impression que ma vie est la même chaque jour. Toutes mes journées se ressemblent. (…) C’est comme si j’étais en pilote automatique, plus grand chose n’est intéressant, bien sûr il y’a des moments où je ris mais ils ne durent jamais. Ma vie n’a plus de sens. »

C’est connu, cette question du sens revient plusieurs fois dans la vie, évidemment d’abord à l’adolescence, puis lors de différentes crises, parfois autour de la 40aine et/ou de la 50aine, ou à d’autres moments de la vie. Oui même les Monsieur Madame ont leur crise de la 40aine... Parfois on aspire au sens de la vie, mais l’absurdité du monde, comme ici, nous rattrape, ou là c’est le péché qui nous fait tomber.

Alors oui, ce sont des questions essentielles que je vous pose ce matin : Quel sens a ma vie ? Ou : quel sens je veux donner à ma vie ? quel sens l’Évangile propose-t-il pour ma vie ? 

L’apôtre Paul, dans le passage qui nous occupe ce matin, parle justement du sens de la vie. Paul sait qu’il va mourir et avant de se rendre à Jérusalem, il livre à ses amis d’Éphèse ce discours d’adieu poignant. Un testament, en fait. Paul leur dit ceci : « ma propre vie ne compte pas à mes yeux ; ce qui m'importe, c'est d'aller jusqu'au bout de ma mission et d'achever la tâche que m'a confiée le Seigneur Jésus : proclamer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu ». « Ma propre vie ne compte pas à mes yeux » : la vie n’aurait-elle donc pas de valeur ? n’aurait-elle, cette vie, pas de sens ?

Mais contrairement à la jeune fille de tout à l’heure, Paul cherche ici à dire qu’il y a quelque chose de plus important, de plus grand, que sa vie, c’est… « d'aller jusqu'au bout de ma mission et d'achever la tâche que m'a confiée le Seigneur Jésus : proclamer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu ». En résumé, c’est de proclamer l’Évangile !

Et comment le proclamer cet Évangile ? quel sens, quelle direction, prendre, pour le vivre ? Pour Paul, il y a 6 actions à ressortir de ce texte :

1. Veiller à l’unité : ₂₈Prenez garde à vous-même et veillez sur tout le troupeau
2. Etre fortifié dans la foi par la Parole : ₃₂Et maintenant, je vous remets à Dieu et à la parole de sa grâce. Elle a le pouvoir de vous fortifier dans la foi
3. Avoir une attitude d’humilité et de pauvreté :₃₃Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni les vêtements de qui que ce soit.
4. Travailler pour gagner ce qui est nécessaire (pas plus) : ₃₄Vous savez vous-mêmes que j'ai travaillé de mes propres mains pour gagner ce qui nous était nécessaire pour ceux qui m'accompagnaient et pour moi
5. Venir en aide aux pauvres : ₃₅Je vous ai montré en tout qu'il faut travailler ainsi pour venir en aide aux personnes faibles
6. Donner : “Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir !”

Pas si simple, de suivre ces 6 points. Mais Paul dessine ici un chemin de service et d’humilité, de don et de pauvreté. Car la conclusion, c’est cette invitation au don : “Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir !” D’abord, il faut souligner que cet aphorisme attribué à Jésus ne se trouve pas dans les Évangiles, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas authentique, Jésus ayant prêché la générosité. En fait, cet aphorisme relève de la sagesse universelle. Un proverbe chinois dit : « Si vous donnez une rose, son parfum s’attarde sur vos mains ».

Ensuite, précisons que la parole de Jésus, jugée inspirante par Paul, n’est pas posée comme une obligation morale, elle est plutôt à considérer comme une expérience partagée, une bonne idée qui permet d’avoir du bonheur. Rien à voir avec l’idée de se sacrifier pour gagner des bons points auprès d’un dieu-juge. Et c’est important de le préciser.

Enfin, bien sûr, l’Évangile est ici à contre-courant du monde actuel. Je veux RECEVOIR plein de trucs, dit l’enfant en moi. Mais Paul le dit bien : ce qui procure le bonheur, c’est n’est pas de recevoir, même si cela fait plaisir. Non ce qui procure le bonheur, c’est de donner.

Bon, « donner », d’accord, mais comment ? Comme pour les enfants, on pense en premier à un don concret, matériel, un cadeau, de l’argent. Mais bien sûr, il peut s’agir de bien plus que cela : donner… de son temps, donner de la considération, de l’estime, de la bienveillance, donner de la dignité aussi, par exemple aux gens de la rue. Donner de l’amour, bien sûr. Donner de soi aussi. In fine, c’est aussi chercher à humblement suivre l’exemple du don suprême du Christ qui par son don d’amour total sur la croix nous offre la vie en plénitude.

En fait, si je devais choisir une image pour résumer ce sens de la vie paulinien (très ancré dans la vie du Christ, bien sûr), je dirais celle-ci : celle du lavement des pieds, geste de service par excellence, geste d’amour, mais aussi d’humilité, de simplicité, d’humanité. Cet épisode du lavement des pieds a beaucoup compté dans ma vocation, dans le discernement de l’appel de Dieu à le servir par ma vie. Avec en particulier ce verset qui m’avait beaucoup touché à l’époque : ₁₄Si donc moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. (…)  ₁₇Maintenant que vous savez cela, vous serez heureux si vous le mettez en pratique. (Jean 13,14.17) 

Alors, quel est le sens de ta vie ?

Et si c’était simplement de servir avec humilité en donnant autour de toi de l’amour, de la bienveillance, de la dignité, mais aussi ce qui est plus concret, du temps, de l’attention, de l’engagement. 

Ici à MLK, nous cherchons à donner… de l’espoir. Parce que c’est ce que le gospel véhicule : de l’amour, de la joie, de l’espérance. Ici à MLK nous cherchons à donner de la dignité à chacune et chacun, de manière inclusive et à rendre ainsi témoignage à l’Evangile.

Suite au testament de Paul, nous aussi ce matin nous pouvons nous engager à veiller à l’unité, à chercher à être fortifié dans la foi par la Parole, à avoir une attitude d’humilité et de pauvreté, à travailler pour gagner ce qui est nécessaire (et pas plus), à venir en aide aux pauvres, et surtout, à donner. Une invitation à servir qui t’es destinée, comme pour te dire : l’Evangile donne du sens à ta vie. Car au fond, le sens de la vie, c’est l’Evangile, verticalement vers Dieu, et horizontalement vers notre prochain. Cela fait sens, non ?

AMEN

Réactions libres

Questions possibles

• Quel est le sens de ta vie ? comment souhaites-tu servir l’Évangile ? Que peux-tu donner et comment ?
• “Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir !” : comment je comprends cette phrase pour ma vie ? comment puis-je la mettre en pratique ?