« Rechercher activement le Christ dans nos vies » (18.02.23)

Lecture de Luc 2 : Jésus à douze ans dans le temple

Chaque année, les parents de Jésus montaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Lorsque Jésus eut douze ans, ils l'emmenèrent avec eux selon la coutume. Quand la fête fut terminée, ils repartirent, mais l'enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne s'en aperçurent pas. Ils pensaient que Jésus était avec leurs compagnons de voyage et ils firent une journée de marche. Ils se mirent ensuite à le chercher parmi leurs parents et leurs amis, mais sans le trouver. Ils retournèrent donc à Jérusalem en continuant à le chercher. Le troisième jour, ils le trouvèrent dans le temple : il était assis au milieu des spécialistes des Écritures, les écoutait et leur posait des questions. Toutes les personnes qui l'entendaient étaient stupéfaites de son intelligence et des réponses qu'il donnait. Quand ses parents l'aperçurent, ils furent saisis d'émotion et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous étions très inquiets en te cherchant. » Il leur répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait.

Jésus repartit avec eux à Nazareth. Il leur obéissait. Sa mère gardait en elle le souvenir de tous ces événements. Et Jésus grandissait. Il progressait en sagesse et se rendait agréable auprès de Dieu et de chacun.

Prédication : « Rechercher activement le Christ dans nos vies »

Résumé: Oublier quelque chose d’important, nous le faisons tous. C’est humain. Mais oublier son enfant, ce n’est pas possible ! Et pourtant, Marie et Joseph font exactement cela : ils oublient Jésus qui a 12 ans, et rentrent sans lui. Puis ils le recherchent activement, et ce parcours des parents de Jésus qui ont perdu leur fils, peut être lu comme un parcours de recherche spirituelle de Christ. L’oublions-nous parfois ? le recherchons-nous activement ? La bonne nouvelle, c’est que à ceux et celles qui le cherchent activement, Jésus se laisse trouver. Une invitation à le rechercher activement dans nos vies, donc !

Ecouter la prédication ici.

 

Chers frères et sœur en Christ,

C’est quand la dernière fois que vous avez oublié quelque chose d’important ?

  • Quand vous aviez mis les manettes de la console de jeux vidéo dans le four pour les cacher à vos enfants puis… vous les avez oubliées !
  • Quand vous avez encore oublié… une énième fois votre mot de passe et du coup vous avez décidé de le changer pour « incorrect », comme ça dès que vous l’oubliez, votre ordinateur vous rappelle gentiment : « le mot de passe est incorrect »
  • Quand vous avez oublié… vos clés ! Aujourd'hui, j'ai claqué la porte de mon appartement en allant chercher le courrier, laissant les clés à l'intérieur. J'ai dû passer par le balcon du voisin pour ouvrir la fenêtre avec une petite cuillère et rentrer dans mon appartement. Précision : je suis au 2ème étage. VDM
  • Quand, le jour du départ en vacances, vous avez fini de charger la voiture, que vous démarrez, et que là vous vous dites « quel calme… » « Merde, les enfants ! »

Oublier ses enfants, peut-être un des pires cauchemars qui hantent les parents… Et c’est justement cela que raconte le texte biblique que nous avons entendu ce matin. Après la grande fête de la Pâque, les parents de Jésus l’oublient à Jérusalem. Il était avec eux et eux, ils l’ont comme perdu ! Et après l’avoir recherché pendant 3 jours, ils le retrouvent finalement dans le Temple, discutant avec les docteurs de la Loi. 

Ce matin j’aimerais vous proposer une lecture symbolique de ce texte, m’inspirant d’une prédication du pasteur Louis Pernot, lecture où le parcours des parents de Jésus qui ont perdu leur fils, est lu comme un parcours de recherche spirituelle du Christ. En effet, comme Joseph et Marie recherchent le Christ après l’avoir oublié, nous aussi nous avons reçu Jésus (que ce soit symboliquement à Noël, ou à un certain moment de notre vie, notre baptême, notre confirmation, notre première rencontre avec Lui), et parfois à nous aussi, cela nous arrive de le perdre, de l’oublier, de le laisser comme s’effacer petit à petit de notre vie, en bref de vivre sans Lui… Que faire alors ? Faire comme les parents de Jésus et ne pas s’y résigner, oui tout faire pour le rechercher activement. Oui je lis ce texte comme une invitation à rechercher activement le Christ dans nos vies. Car finalement, après un certain temps, le Christ se laissera trouver par ceux qui le cherchent. Et ça chers frères et sœurs, c’est une sacrée bonne nouvelle.

Mais regardons de plus près ce que nous dit le texte.

43Quand la fête fut terminée, ils repartirent, mais l'enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne s'en aperçurent pas. Si Joseph et Marie pratiquent leur religion lors des grandes fêtes, comme certains chrétiens d'aujourd'hui vont à l'Église pour Pâques ou Noël, ils finissent par en oublier Jésus... comme certains d’entre nous, qui vont aux grandes fêtes, mais qui ensuite s'en retournent chez eux en oubliant Jésus. On va rencontrer Dieu à l'église, mais finalement, on le laisse là-bas, sans le garder avec soi le reste du temps.

Joseph et Marie ne s’aperçoivent donc pas que Jésus est absent. Mais en bons parents, ils se mettent à sa recherche. Ils le recherchent activement, dit le texte, signifiant aussi l’inquiétude, l’angoisse, des parents pour leur enfant. Ils le recherchent activement, à l’inverse de tant de nos contemporains qui ne se préoccupent pas de cette absence de Jésus dans leur vie... 

Alors, que font les parents de Jésus ?

Ils se mirent ensuite à le chercher parmi leurs parents et leurs amis : Joseph et Marie commencent par chercher parmi les proches. Peut-être est-ce un réflexe naturel, pratique aussi : nous cherchons dans notre premier cercle, autour de nous, envers ceux et celles qui sont proches de nous. Dans notre recherche spirituelle aussi : il y a dans notre famille toujours des gens qui, eux, ont bien foi en Dieu ou en Jésus, et qui peuvent nous aider… 

45mais sans le trouver. Ils retournèrent donc à Jérusalem en continuant à le chercher. Mais parfois cela ne suffit pas. Parfois, il faut retourner à la source. Au XVIe siècle, les Réformateurs prônaient un retour aux sources bibliques, mais aussi à la Source qu’est le Christ. Retourner à la source, c’est ce que font Joseph et Marie en retournant à Jérusalem. Et nous ? que faisons-nous lorsque nous ne trouvons plus Jésus ? Est-ce que nous restons sur le bas-côté du chemin à nous morfondre ? ou à crier notre colère devant l’absence de Dieu dans notre vie ou dans le monde ? Ou bien nous mettons-nous, comme les parents de Jésus, à le rechercher activement en retournant aux sources ?

46Le troisième jour, ils le découvrirent dans le temple : il était assis au milieu des maîtres de la loi, les écoutait et leur posait des questions. De même que Jésus est sorti du tombeau le 3e jour, ses parents le retrouvent après 3 jours d’angoisse. 3 jours, c’est évidemment symbolique. Comme pour dire le passage à une vie nouvelle… qui prend du temps. Bien souvent, nous sommes dans l’impatience et l’angoisse des parents qui veulent trouver une solution tout de suite, c’est urgent. Mais la vie nouvelle, pour naître à nouveau, a besoin de temps. Il faut que quelque chose meure avant de renaître différemment... Ainsi nous voyons que nos recherches n'aboutissent pas toujours tout de suite, il y a un cheminement à faire qui demande une certaine patience, et de la persévérance.

Et c’est au Temple qu’ils vont donc finalement trouver le Christ, symboliquement au sein même de la religion institutionnelle, et c'est important, surtout quand on connaît la critique sévère que Jésus fera lui-même de cette religion institutionnelle. Certes, elle est pleine de défauts et de manquements, notre Église, et pourtant, elle peut, je le crois, nous aider à découvrir le Christ.

Et là, Joseph et Marie, littéralement « ébahis », y découvrent un Jésus différent de celui qu'ils cherchaient. Comme si le Christ ne leur appartenait pas, ou plus. Comme si le Christ, en fait, était autre que celui qu’ils avaient imaginé. D’ailleurs en bon pré-ado, Jésus répond à ses parents : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Cette réponse de Jésus, pour Marie et Joseph, est déstabilisante. Eux qui considèrent que le Christ leur appartient ne comprennent pas, rejoignant l’incompréhension de beaucoup de parents qui voient leur enfant leur échapper pour suivre sa propre voie. Comment ne pas penser aussi à cette attitude présente chez un certain nombre de chrétiens, attitude qui consiste à penser que l'on détient soi-même la vérité, au lieu d'accepter que le Christ, fondamentalement nous échappe toujours. Oui le Christ appartient à Dieu, et non à nous. Et toujours il nous échappe, il est au-delà de ce que nous pouvons en dire, ou en comprendre. 

Mais la bonne nouvelle de ce texte, chers frères et sœurs, c’est que le Christ se laisse trouver, comme le dit le livre des chroniques : « Si tu le cherches, il se laissera trouver par toi » (1 Chroniques 28,9). Même si c’est dur, même si c’est long, même si le chemin qui conduit à lui est sinueux et semé d’embûches, Jésus se laissera trouver. 

Alors chers frères et sœurs, reprenons la route, ensemble, à la recherche du Christ dans nos vies. C’est cela, la mission de l’Église : offrir un espace communautaire pour chercher ensemble le Christ et le faire rayonner dans nos vies. Car en vérité, il faut bien sûr plus de trois jours pour trouver le Christ. Il faut parfois, des dizaines d'années pour que le Christ grandisse en nous. Des années où comme Marie, nous méditions ses paroles dans notre cœur. Comme Marie, nous ne comprenons pas toujours tout tout de suite, mais il faut garder l’histoire dans son cœur, et un jour elle pourra faire sens pour notre vie.

Car si nous avons un Christ, même tout petit, dans notre cœur, et que nous le laissons grandir sans l'oublier dans un coin, alors il pourra rayonner dans nos vies. Il pourra un jour devenir adulte, agissant, guérissant, nous donnant la vie, la paix, la joie, l'harmonie et la lumière, pourvu qu’en chemin, nous ne l’oublions pas… 

Amen

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