« Des liens qui entravent aux liens porteurs de Vie » (16.11.25 - par la pasteure Aude Gelin)

Lecture biblique: Actes 16, 16-34

En introduction : Paul est avec un compagnon de route, Silas Ils parcouraient ce qui est actuellement la Turquie, appelé alors l'Asie Mineure. Paul a reçu un appel pour aller du côté de la Grèce. Par bateau, ils suivent la côte vers le Nord et débarquent à Philippes, la première ville grecque, mais colonie romaine, sur leur passage.

16Un jour que nous nous rendions au lieu de prière, une servante vint à notre rencontre : il y avait en elle un esprit qui lui faisait prédire l'avenir, et elle rapportait beaucoup d'argent à ses maîtres par ses prédictions. 17Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu très-haut ! Ils vous annoncent un chemin qui conduit au salut ! » 18Elle fit cela pendant bien des jours. À la fin, Paul en fut si irrité qu'il se retourna et dit à l'esprit : « Au nom de Jésus Christ, je t'ordonne de sortir d'elle ! » Et l'esprit sortit d'elle à l'instant même. 19Quand ses maîtres virent s'envoler tout espoir de gagner de l'argent grâce à elle, ils saisirent Paul et Sylvain et les traînèrent sur la place publique devant les autorités. 20Ils les amenèrent aux magistrats romains et dirent : « Ces individus créent du désordre dans notre ville. Ils sont Juifs 21et enseignent des coutumes qu'il ne nous est pas permis, à nous qui sommes Romains, d'accepter ou de pratiquer. »
22La foule se souleva aussi contre eux. Les magistrats firent arracher les manteaux de Paul et de Sylvain et ordonnèrent de les battre à coups de fouet. 23Après les avoir frappés de nombreux coups, on les jeta en prison et l'on recommanda au gardien de bien les surveiller. 24Dès qu'il eut reçu cet ordre, le gardien les mit dans une cellule tout au fond de la prison et il leur fixa les pieds dans des blocs de bois. 25Vers minuit, Paul et Sylvain priaient et chantaient pour louer Dieu ; les autres prisonniers les écoutaient. 26Tout à coup, il y eut un violent tremblement de terre qui secoua les fondations de la prison. Toutes les portes s'ouvrirent aussitôt et les liens de tous les prisonniers se détachèrent. 27Le gardien se réveilla ; lorsqu'il vit que les portes de la prison étaient ouvertes, il tira son épée pour se tuer, car il pensait que les prisonniers s'étaient enfuis. 28Mais Paul cria de toutes ses forces : « Ne te fais pas de mal ! Nous sommes tous ici ! » 29Le gardien demanda de la lumière, se précipita dans la cellule et, tout tremblant de peur, se jeta aux pieds de Paul et de Sylvain. 30Puis il les fit sortir et leur demanda : « Mes seigneurs, que dois-je faire pour être sauvé ? » 31Ils répondirent : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille. » 32Et ils annoncèrent la parole du Seigneur, à lui et à toutes les personnes qui étaient dans sa maison. 33Le gardien les emmena à cette heure même de la nuit pour laver leurs blessures. Il fut aussitôt baptisé, ainsi que tous les siens. 34Il fit monter Paul et Sylvain chez lui et leur offrit à manger. Avec toute sa famille, il fut rempli de joie d'avoir cru en Dieu.

Prédication: « Des liens qui entravent aux liens porteurs de Vie »

Résumé: Dans la prison de Philippes, enchaînés, Paul et Silas chantent. Un chant dans la nuit, cela peut paraître tellement dérisoire. Qu’est-ce que ça va changer ? quelle folie de chanter alors que tout va mal ! Pourtant ce chant témoigne de la force de la confiance. Et c’est lors de cet instant de louange que quelque chose d’impressionnant se passe, les portes s’ouvrent, les chaînes se cassent, les liens mortifères se brisent, c’est le signe d’une libération, libération extérieure mais aussi intérieure ! Le miracle dans ce récit c’est la transformation des liens qui emprisonnent en lien de solidarité et de VIE, en écho à la louange. Dieu n’est pas le seul acteur de ce miracle, chacun des personnages de ce récit y a mis du sien.

(Prédication à écouter ici)

L’image qui me frappe dans ce texte, c’est celle des chaînes qui emprisonnent Paul et Silas, et leurs compagnons d’infortune dans cette prison à Philippes. Ce sont des chaînes, ces liens qui enferment et entravent dont ils se passeraient, des chaînes qui les blessent qui les privent de leur liberté, qui les entravent sur leur chemin.Ils sont blessés dans une prison suite à une accusation sans fondement, victime de l’arbitraire des gens et de sages de l’époque, victime de l’injustice, victime de l’abus de pouvoir... oui Paul et Silas sont enchainés injustement ! 

Et je pense à toutes ces chaînes qui nous entravent qui nous blessent, qui nous privent symboliquement de liberté. Toutes ces chaînes invisibles qui nous bloquent la route comme celles de : 

  • La maladie qui nous empêche d’agir à notre guise. 

  • Le chagrin suite à un deuil, à un échec, le malheur qui souvent paralyse notre élan vital et éteint notre énergie. 

  • Les « Tu devrais être ou faire ceci ou cela » qui nous bloquent, 

  • La dépendance numérique pour s’évader ou alimentaire pour se réconforter par ex, qui nous enferme 

  • Et le monde qui ne va pas comme on le voudrait et la vie qui ne ressemble pas à ce qu’on souhaiterait et tout ce qui vient se mettre au travers de notre route.

Nous avons tous notre part de peine et de chaînes. Et c’est lourd et rude à porter…

Mais là que faire, se plaindre, se renfermer sur soi, hurler, chercher de l’aide, vouloir se dire pour chercher réconfort et soutien, crier à Dieu ou … ?

Revenons à notre texte biblique : or voici que dans l’obscurité de la prison, un chant s’élève. Un chant dans la nuit, cela peut paraître tellement dérisoire. Qu’est-ce que ça va changer ? quelle folie de chanter alors que tout va mal ! Pourtant ce chant témoigne de la force de la confiance. 

Paul et Silas ne vivent pas leur sort comme celui de pauvres victimes. Ils sont d’abord les enfants bien-aimés de Dieu. Ils sont convaincus que si celui qu’ils adorent a traversé l’épreuve de la mort, eux traverseront l’épreuve de la prison. Ils savent que le Dieu de Jésus-Christ ne les oublie pas. 

Ils croient que Dieu ne les abandonnera jamais, qu’ils ont un Dieu bienveillant et que leur mission doit se poursuivre ! Sommes-nous habités par cette même confiance ? On ne peut pas comprendre tout ce qui arrive, mais on peut tout remettre entre les mains de Dieu. Ainsi se tourner vers lui… le prier, le louer même ! Le louer pour rester en lien, le louer pour qui il est, le louer parce qu’on est dans la reconnaissance, parce que c’est juste et beau…

On entend souvent l’importance de le louer en toutes circonstances… une jeune catholique après la célébration de Taizé me disait « il s’agit d’un sacrifice de louange, ne dépendant pas de nos sentiments mais de qui est Dieu. Cela peut transformer notre perspective, nous aider à nous souvenir de ses bontés passées et même ouvrir la voie à des changements extraordinaires dans des situations désespérées ». Donc essayons, des petits miracles peuvent advenir…

Ce chant dans la nuit de la prison, un psaume chanté certainement c’est de la même dimension que la prière de reconnaissance qui monte des lèvres de quelqu’un. Un souffle fragile et pourtant c’est comme la flamme d’une bougie qui transfigure l’obscurité.

Et c’est lors de cet instant de louange que quelque chose d’impressionnant se passe, les portes s’ouvrent, les chaînes se cassent, les liens mortifères se brisent, c’est le signe d’une libération, libération extérieure mais aussi intérieure ! Ils sont libres, libérés on l’imagine… la louange permet un bout de libération !

Lorsque les portes s’ouvrent, les chaînes tombent, le gardien lui prend peur, c’est le contraire de la confiance : il est coincé dans son lien d’inquiétude : Peur des circonstances, de la punition, de l’insuffisance -ne pas être à la hauteur- jusqu’à préférer la mort à la vie ! Toutefois, Paul le rassure, tout le monde est là ! C’est à cet instant que le geôlier comprend qu’il y a des liens qui bloquent et des liens qui ouvrent, ouvre à la vie, avec un grand V.

Comme lien porteur de vie, et de relation il y a évidemment ce chant de louange. Paul et Silas chantent parce que Dieu compte pour eux. Ils s’adressent à lui, par la prière et par le chant de louange. Paul et Silas savent que rien ne peut les séparer de l’amour de Dieu, ni les tourments, ni les dangers, rien !

Et divers liens de solidarité : d’abord les autres prisonniers écoutent Paul et Silas. Ils ne se moquent pas. Ils s’associent par leur attitude attentive et recueillie à la louange. Cela est confirmé quand nous n’apprenons qu’aucun d’entre eux ne s’évade au moment où les chaînes se détachent et quand les portes s’ouvrent. Solidarité entre les prisonniers et le gardien ce qui est remarquable. Combien de fois les gardiens de prison se font détester par les détenus; ici au contraire, les prisonniers veulent le bien de leur gardien. Et si nous nous tournons vers Dieu, nous le découvrons solidaires des 2 disciples prisonniers, ils ne les abandonnent pas, il ne se contente pas de délivrer Paul et Silas mais tous les prisonniers y compris ceux qui étaient punis pour juste motif. Tous les liens se détachent. Et leur donne une place et un rôle propre, certains agissent d’autres écoutent.

Dans ce mouvement de l’amour de Dieu qui déborde, de liens porteurs de vie, Paul et Silas répondent au gardien qui demande comment être sauvé: « crois au Seigneur et tu seras sauvé et ta famille avec toi ». Le salut est contagieux, pour le montrer le baptême sera offert à toute la maisonnée. Lors du baptême des liens porteurs de vie sont reçus, liens avec Dieu et avec les autres chrétiens. Le gardien est intégré à la famille des chrétiens. Il est réjoui avec sa famille de croire en Dieu, rempli de l’Esprit de Pentecôte.

À mes yeux, le miracle dans ce récit c’est la transformation des liens qui emprisonnent en lien de solidarité et de VIE, en écho à la louange. Dieu n’est pas le seul acteur de ce miracle, chacun des personnages de ce récit y a mis du sien. On cite le nom de Paul et Silas, le gardien est présenté par sa fonction, d’autres personnes restent dans l’anonymat : les prisonniers, les membres de la famille… et le personnel de la maison, comme c’était semble-t-il la coutume à l’époque.

Si nous ne pouvons pas abolir toutes les chaînes qui nous entravent et qui nous lient à des souffrances pesantes, nous pouvons par contre tisser un vrai lien avec Dieu dans la confiance. Et aussi des liens d’amitié et de solidarité, à l’intérieur de nos familles, de nos maisonnées, avec ceux dont nous partageons la vie quotidienne, avec ceux que Dieu place sur nos chemins de vie. L’absence de relation, de liens, c’est-à-dire la séparation d’avec les autres, d’avec nous-mêmes, d’avec Dieu est dramatique voire une petite mort, donc osons le lien, ce lien qui mène à la vie en liberté ! 

Et rappelons-nous que Dieu est le premier à offrir sa présence, sa solidarité, son amour dépassant nos compréhensions, sa présence nous accompagne toujours. 

Amen !

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