« Vivre la Cène » (05.10.25 - par la pasteure Noémie Heiniger)

Lecture de Actes 20: Paul revient en Macédoine et en Grèce

1Lorsque les troubles eurent cessé, Paul réunit les disciples et leur adressa des encouragements ; puis il leur fit ses adieux et partit pour la Macédoine. 2Il traversa cette région et encouragea les croyants par de nombreux entretiens avec eux. Il se rendit ensuite en Grèce 3où il resta trois mois. Il allait s'embarquer pour la Syrie quand il apprit que des Juifs complotaient contre lui. Alors, il décida de s'en retourner par la Macédoine. 4Sopater, fils de Pyrrhus, de la ville de Bérée, l'accompagnait, avec Aristarque et Secundus de Thessalonique, Gaïus de Derbé, Timothée, et enfin Tychique et Trophime, de la province d'Asie. 5Ceux-ci partirent en avant et nous attendirent à Troas. 6Quant à nous, nous avons embarqué à Philippes après la fête des Pains sans levain et, cinq jours plus tard, nous les avons rejoints à Troas où nous avons passé une semaine.

7Le dimanche, nous étions réunis pour partager le pain et Paul parlait à l'assemblée. Comme il devait partir le lendemain, il prolongea son discours jusqu'à minuit. 8Il y avait beaucoup de lampes dans la chambre où nous étions réunis, en haut de la maison. 9Un jeune homme appelé Eutyche était assis sur le bord de la fenêtre. Il s'endormit profondément pendant le long discours de Paul ; son sommeil était tel qu'il fut entraîné dans le vide et tomba du troisième étage. On le releva, mais il était mort. 10Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit : « Cessez de vous agiter : il est vivant ! » 11Puis il remonta, partagea le pain et mangea. Après avoir parlé encore longtemps, jusqu'au lever du soleil, il partit. 12On ramena le jeune homme vivant et ce fut un grand réconfort pour tous.

38Élisée revint à Guilgal ; or, la famine régnait dans le pays. Le groupe de prophètes était réuni avec lui. Il ordonna à son serviteur : « Mets la grande marmite sur le feu et prépare une soupe pour tous les prophètes. » 39Un membre du groupe s'en alla dans les champs pour chercher des herbes ; il trouva une sorte de vigne sauvage, sur laquelle il cueillit des fruits ressemblant à de petites courges ; il en remplit la poche de son vêtement et, à son retour, il les coupa en morceaux et il les mit dans la marmite ; personne ne savait ce que c'était. 40Lorsqu'on servit cette soupe aux membres du groupe, ils se mirent aussitôt à crier : « La soupe est empoisonnée, prophète ! » En effet, personne ne pouvait la manger. 41Élisée ordonna d'apporter de la farine ; il en mit dans la soupe, puis dit à son serviteur : « Sers-en à ces gens et qu'ils mangent ! » Et le contenu de la marmite était devenu tout à fait bon à manger.

42À cette même époque, un homme arriva de Baal-Chalicha ; il apportait au prophète vingt pains d'orge, faits de farine nouvelle, et un sac de grain qu'il venait de récolter. Élisée dit à son serviteur : « Partage ces vivres à tous ces gens pour qu'ils mangent. » 43Mais le serviteur répondit : « Comment nourrir cent personnes avec cela ? » – « Partage ces vivres à tous ces gens pour qu'ils mangent, reprit Élisée, car voici ce que déclare le Seigneur : “Chacun aura assez à manger, et il y aura même des restes.” » 44Le serviteur répartit les vivres ; chacun en mangea et il y eut des restes, comme le Seigneur l'avait annoncé.

Prédication : « Vivre la Cène »

Résumé : Paul va d’église en église pour encourager les communautés chrétiennes naissantes du premier siècle. Lors de sa visite à Troas un jeune homme s’endort et tombe de la fenêtre. Alors que la visite de Paul aurait pu tourner au désastre et laisser un goût de mort pour toute la communauté, le partage du pain et du vin devient concrètement le signe de cette vie qui nous est offerte. Eutyche vit ! Et nous comment laissons-nous la vie du Christ prendre concrètement corps en nous ? 

Prédication à écouter ici.

Chère Communauté,

Aujourd’hui nous allons prendre la Cène en commun. Mais que signifie-t-elle pour chacun-e d’entre nous ?

Un mémorial du dernier repas de Jésus ? Un temps de partage communautaire ? Est-ce que nous revivons une sorte de sacrifice du Christ pour notre vie ? Un mystère…

J’avais envie de replonger avec vous dans la vie des premières communautés chrétiennes et de ce moment de partage du pain pour trouver quelques pistes à cette question. 

Pour bien comprendre le récit que nous avons entendu, j’aimerai vous rappeler un peu le contexte de ce livre. Les Actes des Apôtres parlent du témoignage des disciples après la mort et la résurrection du Christ et de ces premières communautés chrétiennes qui se formaient suite à l’annonce qui leur était faite. 

Il faut s’imaginer que nous sommes dans une période de foisonnement des communautés. Les disciples parlent de leur expérience autour d’eux et d’elles. Oui il y avait aussi des femmes, même très actives ! Les disciples se déplaçaient dans tout le bassin méditerranéen pour en parler. 

D’abord dans les synagogues, mais cela amenait souvent des conflits, puis dans des lieux publics, ou en se créant des réseaux grâce à une personne de la ville touchée par leur témoignage et qui ouvrait sa maison, amenait ses connaissances dans les rencontre. 

Les communautés étaient très bigarrées avec pour membres des personnes issues de milieux différents, de religion différentes. Des personnes juives, comme des « gentils » appellation issue du monde juif pour nommer les personnes d’autres religions, il y avait des hellénistes, des citoyens et citoyennes romaines, des craignant-Dieu ces personnes qui s’étaient rapprochées des synagogues et des communautés juives sans pouvoir en faire partie. Il y avait des commerçants et commerçantes, tout comme des esclaves et serviteurs. Des personnes d’influences, des hommes et des femmes. Les communautés d’Ephèse, de Corinthe, ou de Jérusalem ne représentaient pas les mêmes diversités internes mais étaient représentative du bassin de population occupant la région, ou de l’apôtre ayant témoigné à cet endroit. 

C’était une période faite de tensions entre les communautés chrétiennes qui se formaient et les communautés juives. Si l’ensemble des apôtres étaient juifs, petit à petit le message essaimait auprès de personnes d’autres religions. Le livre des Actes est témoin de ses tensions, des choix effectués par ces communautés et de certaines discussions entre membres. Petit à petit une hiérarchisation des rôles s’esquisse aussi dans l’église du premier siècle. Mais les rituels, comme le déroulement d’un culte, le partage du pain et du vin ne sont pas encore très codifiés. 

Dans notre chapitre, 5 compagnons de Paul sont nommés. Ils représentent les différentes nouvelles communautés fondées après le passage de Paul. Plus que de communauté nous pourrions parler d’église de maison. Paul et ses compagnons ont dû changer leurs plans de voyage. Paul reprend la route par la terre pour déjouer un complot contre lui. Il voyage tantôt seul, tantôt accompagné. Probablement que dans le contexte de tension, il avait beaucoup d’ennemi et devait rester un peu inaperçu. 

Nous arrivons donc à Troas dans cette église de maison. L’ambiance est au partage et aux adieux. La rencontre a lieu le premier jour de la semaine, un dimanche, en fin de journée pour que tous et toutes puissent assister après une journée de labeur. Le but de la rencontre présenté est le partage du pain et le partage de la parole. 

Un thème se démarque particulièrement de tout le passage : l’encouragement. C’est dans cet esprit que tout est relaté. L’encouragement lié aux adieux de Paul à Ephèse, l’encouragement des frères et sœurs sur la route et finalement l’encouragement reçu par un événement : Eutyche, littéralement le chanceux vit ! 

Cette thématique encadre tout notre passage. Comme une intention de Paul après des communautés qu’il visite. Il pressent probablement que ce sera sa dernière visite et met un point d’honneur à ce que ces églises se sentent encouragées. Cet épisode d’Eutyche aurait pu tourner au désastre et endeuiller toute une communauté naissante ! Mais voilà le partage du pain relate la vie et la mort du Christ ! Et le déroulement de ce temps avec les membres de l’église de Troas est à cette image. Comme si durant cette rencontre, les membres revivaient à leur manière ce passage de la mort à la vie. Le texte, aussi symbolique soit-il, rend compte d’une réalité très concrète pour toute l’assemblée. En partageant le pain, c’est la mort et la résurrection du Christ qui prend corps en nous. C’est par ce geste qu’elle devient réalité pour chaque être humain qui s’ouvre à cette dimension.

 

Dans cette rencontre de Paul avec l’église de Troas, l’auteur des Actes nous rapporte un fait extraordinaire. Alors que Paul prolonge sa parole et la discussion avec les membres, que de nombreuses lampes diffusent de la lumière mais probablement aussi de la fumée, un jeune homme ou même adolescent est assis sur le rebord de la fenêtre, il s’endort. Il est précisé la longueur des discours de Paul, et des discussions qui n’en finissent pas. Ce jeune homme pris dans son sommeil tombe du mauvais côté de la fenêtre. Vous avez peut-être remarqué le langage utilisé par l’auteur du texte, il ne fait pas cas des émotions des protagonistes si ce n’est l’empressement de Paul et son assurance qui souhaite calmer les personnes présentes. « Ne vous agitez pas ! Il est vivant ! » Cette phrase fait penser au récit de la fille de Jaïrus où Jésus calme les pleureuses en disant qu’elle n’est pas morte. Paul remonte dans la pièce haute pour continuer la réunion et cette fois rompre le pain et le partager. Il prolonge le temps jusqu’à ce que l’aube se lève, moment où la nuit fait place au jour, la mort à la vie comme dans les récits de la résurrection du Christ. Une descente symbolique depuis le 3ème étage vers la mort pour une remontée tout autant symbolique vers la vie. Peut-être aviez-vous remarqué à la lecture de notre passage qu’avant de venir à Troas, Paul vient de vivre la fête des pains sans levain à Philippe. Il s’agit de la fête de La Pâque ! Cette thématique entoure tout notre récit !

Que retenir pour nous aujour’hui ? Je vous propose de revenir sur deux thèmes :

Ce récit parle d’encouragement 

  • En parole et en actes
  • Pour MLK : au-delà des perspectives d’Eglise 29, et de l’inconnu qui s’ouvre devant vous. Nous ne sommes pas les seuls à vivre des défis de ré-organisations internes, il y en a eu de tout temps dans l’église et particulièrement au premier siècle alors que tout était à inventer. L’encouragement est ancré dans une perspective de vie. 

C’est mon second point. Ce récit offre une interprétation pour vivre le partage du pain et du vin. 

  • C’est la vie qui prime. Et la vie se vit dans le concret. Partager du pain ensemble redit cette mort et résurrection du Christ au-delà de la symbolique, elle nous la fait vivre jusque dans notre corps !
  • A nous de reconnaître cette vie et de l’accueillir au plus profond de nos êtres. 

Amen

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