« Rendre grâce pour les fruits de ce qui a été semé »

Lecture de Matthieu 13,1-9 : La parabole des grains semés

1Ce jour-là, Jésus sortit de la maison et alla s'asseoir au bord du lac pour enseigner. 2Un grand nombre de personnes se rassembla autour de lui, si bien qu'il monta dans une barque et s'y assit. Les gens se tenaient au bord de l'eau. 

3Il leur parlait de beaucoup de choses en utilisant des paraboles et il leur disait : « Un jour, le semeur sortit pour semer. 4Comme il semait, une partie des grains tomba au bord du chemin : les oiseaux vinrent et les mangèrent. 5Une autre partie tomba sur un sol pierreux où il y avait peu de terre. Les grains poussèrent aussitôt parce que la couche de terre n'était pas profonde. 6Quand le soleil se leva, il brûla les jeunes pousses et, faute de racines, elles se desséchèrent. 7Une autre partie des grains tomba dans les ronces. Celles-ci grandirent et étouffèrent les bonnes pousses. 8Mais d'autres grains tombèrent dans la bonne terre et produisirent des épis : les uns portaient cent grains, d'autres soixante et d'autres trente. » 

9Et Jésus ajouta : « Celui qui a des oreilles, qu'il entende ! »

Prédication : « Rendre grâce pour les fruits de ce qui a été semé »

Version audio ici: https://spotifyanchor-web.app.link/e/jxR1Ana93tb

Résumé : « L’automne est la saison des récoltes. L’occasion de faire le bilan de la première année pour MLK et rendre grâce pour les fruits de ce qui a été semé. Dieu sème, nous semons, et malgré les difficultés et les échecs, des fruits voient le jour, comme autant de signes d’espérance. Un appel pour le reste de l’année à continuer à la fois à faire de la place aux semailles de Dieu dans nos vies et à semer à notre tour ! » 

 

Chers frères et sœurs en Christ,

C’est l’automne ! Ah l’automne, ses feuilles dorées, ses balades revigorantes, sa douce lumière, son Doliprane et sa vitamine C, ses mouchoirs triple épaisseur ! Oui cette semaine je suis sûr que vous vous êtes dit : « Ouf, l’automne est de retour »! Et à l’heure des économies de chauffage exigées par la crise énergétique, peut-être avez-vous fait comme Gaston. Ou pas.

Mais l’automne, c’est aussi le temps des récoltes, ou aussi, vu que j’habite à Lutry (terre viticole s’il en est), des rafales divines - plus communément appelée « vendanges ». A à Lutry, le week-end passé, c’était la Fête des Vendanges avec son cortège des écoliers et sa fiesta jusqu’à 4h du mat sous la fenêtre de la cure ! Youpie. Oui en automne, nous récoltons les fruits de la vigne et nous faisons la fête, dans un esprit de reconnaissance, pour ce que nous avons reçu ! Et dire merci pour ces récoltes, ces fruits, ces vendanges, cela n’est pas vain !

Pour nous aussi, Eglise MLK Lausanne, le week-end passé a été l’occasion d’un anniversaire. En effet, cela fait pile 1 année que notre Eglise MLK Lausanne existe, avec le culte de lancement qui avait eu lieu le dimanche 26 septembre 2021. Joyeux anniversaire Eglise MLK Lausanne ! 1 année après ce 1erculte, quels fruits ont été récoltés dans notre Eglise ? Les chants gospel sont-ils des temps qui donnent la pêche et permettent de repartir chez soi avec la banane ? Les prédications permettent-elles à la fois de se fendre la poire et de cultiver notre foi, notre espérance et notre amour afin que cela ne soit pas pour des prunes, que non, les carottes ne sont pas cuites, ce n’est pas la fin des haricots, mais que l’espérance et l’amour de Dieu est pour tous, même les petits hauts comme 3 pommes ou ceux qui n’ont pas un radis ?

Oui 1 année après le lancement de l’Eglise MLK Lausanne, quels fruits avons-nous récolté de ce que nous avons semé ? Et dans ma vie personnelle, quels fruits puis-je récolter cet automne ?

Dans la parabole du semeur, deux personnages sont mis en scène : le semeur (anonyme) et la personne figurée par la terre. Et ce qui est génial, c’est que plusieurs regards, plusieurs interprétations, sont possibles.

Dans sa compréhension traditionnelle, le semeur, c’est Dieu, bien sûr, c’est le Christ qui sort semer. Parfois à l’encontre du bon sens, il sème partout, y compris dans les cailloux, sur le chemin, sur les ronces – bref, à côté de son champ. Est-il à côté de la plaque ? A-t-il un grain ? Non, il sème généreusement, chose étrange pour notre société matérialiste centrée sur la productivité, il sème sans jamais se préoccuper du résultat. Un semeur tout terrain en somme, follement généreux dans son action de semer.

La graine, c’est la Parole de Dieu. C’est l’Evangile qu’Il sème en nous.

Car la personne figurée par les différents terrains, c’est l’humain. L’humain parfois écrasé par ceux qui lui passent dessus comme s’il était un chemin, piétinant sa dignité, envahissant son espace, méprisant ses besoins et ses rêves. L’humain parfois étouffé par une société oppressante et pleine d’angoisses. L’humain parfois encore tel un désert de pierres où rien ne pousse, stérile, désespérant et désespéré. Mais parfois enfin, l’humain est aussi la personne géniale qui est comme une bonne terre, profonde et riche, qui donne beaucoup de fruits.

Ce qui me touche, dans cette perspective, c’est que le semeur se préoccupe de l’humain sous toutes ses dimensions, il rend visite et soigne tous les terrains, y compris nos terrains stériles ou arides, y compris quand nous vivons des échecs ou quand nous ne sommes pas prêts à recevoir la graine que le semeur souhaite planter en nous… Et pour ces fois-là, je me pose la question : Que puis-je faire dans ma vie pour mieux accueillir la graine de la parole de Dieu? quelle terre dure puis-je sarcler ? quel caillou puis-je enlever ? quelle ronce puis-je couper ? 

A cette interprétation classique d’un Dieu semeur de la Parole dans les différents terrains de nos vies humaines, nous pouvons ajouter une autre interprétation : et si le semeur, c’était nous, et les différents terrains nos différents projets, à commencer par l’Église MLK ? Parfois les graines d’Évangile que nous tentons de semer donnent du fruit, parfois pas. Semons-nous toujours aussi généreusement que le semeur de la parabole ? Oui ici à MLK, avec les forces qui sont les nôtres, nous semons cet Évangile d’amour et d’accueil inconditionnel, inclusif, tout terrain, nous semons cet Évangile de joie et d’espérance.

Oui vous et moi, chers frères et sœurs, nous sommes les semeurs et semons l’Évangile dans nos projets, dans la vie de ceux qui nous entourent. Et souvent, souvent, cela ne donne rien. Avez-vous remarqué : sur les 6 versets de la parabole, 4 évoquent l’échec des semailles : Oiseaux, cailloux/soleil, épines. Les difficultés font partie du programme, et cela nous le savons bien dans nos projets, ici à MLK aussi. Et c’est vrai, bien souvent nous avons tendance, comme ce texte, à nous focaliser sur ce qui ne va pas, en oubliant ce qui va. C’est pourtant ici simplement un constat, sans jugement sur la qualité du travail du semeur : l’échec fait partie de la vie.

Mais la bonne nouvelle, chers frères et sœurs, c’est que ces difficultés n’ont pas le dernier mot ! Car le dernier mot revient à la bonne terre, féconde et généreuse. C’est ce que nous dit cette parabole : en raison du rendement de la bonne terre, il n’est pas vain de semer l’Évangile à tout vent et sur tous les terrains. Les disciples ne doivent donc pas craindre les difficultés et les échecs, car il existe quelque part une bonne terre qui attend la semence. Comme un encouragement pour nous aussi à semer largement, encouragement qui ouvre aussi sur la reconnaissance pour les fruits : comme le disait Laurence jeudi à la prière, « avec tant d’adversité, c’est quasi miraculeux quand cela donne des fruits, quelle reconnaissance on peut alors avoir pour les épis ! »

Ainsi, cette parabole est un encouragement à l’espérance, à la confiance, et elle nous invite à aiguiser notre regard pour voir les fruits dans nos vies. Car tous et toutes, nous recevons des choses de la part de Dieu, chacun différemment, mais tous et toutes nous recevons des grâces de Dieu, des grâces ou « des chances » pourrions-nous aussi dire. Ainsi nous sommes invités à porter un regard d’émerveillement et de reconnaissance sur notre vie. Et si, simplement, nous essayions de nous émerveiller pour les fruits de nos vies (qu’ils soient abondants ou plus rares) et disions à Dieu notre reconnaissance ? 

Pour les fruits de l’Eglise MLK, merci Seigneur ! Merci pour la joie et l’espérance du gospel,  pourl’accueil inclusif et l’amour inconditionnel vécus pour petits et grands, pour la solidarité avec ceux et celle qui sont dans la précarité, pour la joie du partage et d’une communauté naissante, etc.

Et pour moi, les fruits de ma vie, quels sont-ils ?

Oui l’automne est la saison des récoltes, et ce matin nous pouvons rendre grâce pour les fruits de ce qui a été semé, notamment ici à MLK pendant cette première année. Dieu sème, nous semons, et malgré les difficultés et les échecs, des fruits voient le jour, comme autant de signes d’espérance. Un appel pour le reste de l’année à continuer à la fois à faire de la place aux semailles de Dieu dans nos vies et à semer à notre tour !  Semer l’espoir, comme tant d’autres chrétiens aujourd’hui (ici avec la campagne du DM). Et si l’automne, en fait, était déjà… la saison des semailles ? Et si cet automne, nous chantions ensemble comme Gilbert Montagné : « On va semer ! »

Amen

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