Vos lieux de culte

Oui, j’en ai l’assurance :

ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Autorités,

ni le présent ni l’avenir, ni les puissances,

ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs,

ni aucune autre créature,

rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu

manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur.

"Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais,

et elles viennent à ma suite.

Et moi, je leur donne la vie éternelle ;

elles ne périront jamais

et personne ne pourra les arracher de ma main.

Mon Père qui me les a données est plus grand que tout,

et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père.

Moi et le Père nous sommes un."

Évangile selon Jean 10, 27-30

« Rien ne pourra nous séparer … »

 

Frères et sœurs,

ces paroles peuvent sembler dérisoires

quand on a justement été séparé

de quelqu’un d’important pour nous,

et que rien ne peut combler le fossé

qui s’est creusé.

 

Car la séparation est bien là.

Chaque jour nous le rappelle.

On ne peut plus se parler.

On ne peut plus se toucher.

Un vide est là,

là où il y avait avant une présence.

Une voix s’est tue,

et l’on n’entend plus son timbre,

ses accents.

 

La séparation,

ce n’est pas juste une idée que l’on se ferait.

C’est une réalité qui s’impose à nous

et que l’on ne peut pas contourner.

Une réalité d’autant plus douloureuse

que l’on ne peut pas retourner en arrière.

Que l’on ne peut pas retrouver

ce que l’on a perdu.

 

« Rien, […] pas même la mort […]

ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. »

 

Quand c’est un regard, une présence, une voix

qui nous manquent,

recevoir en réponse à notre chagrin

l’assurance de l’amour de Dieu,

cela peut sembler presque incongru.

On ne parle pas de la même chose.

On n’est pas au même niveau.

 

L’amour de Dieu,

cela semble si vague, si éthéré,

si déconnecté de ce monde.

Alors que justement,

c’est quelqu’un qui faisait partie de ce monde

qui nous a été pris.

Alors que justement,

c’est dans ce monde, sur cette terre,

qu’une place est maintenant vide.

 

Mais dans sa lettre,

ce n’est pas une consolation à bon marché

que l’apôtre vient offrir.

Pour lui,

l’amour de Dieu,

cela n’a rien à voir

avec cette vague sympathie

que le spectateur ressent

pour les personnages d’un film.

 

Non, l’amour de Dieu,

ce n’est pas un simple sentiment

sans prise réelle sur le monde.

C’est quelque chose de beaucoup plus fort,

et aussi de beaucoup plus concret,

de beaucoup plus réel.

 

L’amour de Dieu,

c’est ce qui porte le monde.

Ce qui me porte

en ce moment.

Ce qui fait

que j’ai ce visage qui est le mien,

que ma vie est possible,

que tous mes organes fonctionnent de concert.

 

L’amour de Dieu,

c’est cette force d’une puissance incroyable

qui fait qu’il y a quelque chose,

et non pas simplement rien,

qui plus est

quelque chose de grand et de beau.

 

« Rien, […] pas même la mort […]

ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. »

 

L’amour de Dieu,

comme une attention personnelle,

personnalisée.

La main de l’artisan

qui peaufine son œuvre.

La délicatesse et l’efficacité

de l’infirmière

qui soigne une plaie.

 

Dieu qui se penche

d’une façon unique

sur chacun, chacune d’entre nous.

Dieu qui nous a voulu uniques,

qui nous veut uniques,

qui nous a fait uniques,

irremplaçables,

indispensables.

 

« Rien, […] pas même la mort […],

ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. »

 

Le constat est souvent amer :

dans le monde des humains,

on est vite oublié.

 

Dieu, lui,

n’oublie pas ses enfants,

même lorsque la mort les a arrachés

à la vie sur cette terre.

 

Notre amour a été impuissant

à les retenir.

Mais rien, pas même la mort,

ne peut les séparer de l’amour de Dieu.

Cet amour qui donne la vie et qui crée.

Cet amour qui peut aussi redonner la vie

et recréer.

 

Dans l’Évangile selon Jean,

le Christ dit

que nous sommes tous

dans la main du Père,

dans la main de Dieu,

et que rien ne pourra jamais

nous en arracher.

 

Oui, ceux et celles qui s’en sont allés

et nous,

nous ne partageons plus le même quotidien,

la même terre.

Nous ne respirons plus le même air frais.

Nous ne pouvons plus boire

au même verre.

 

Et en même temps,

eux et nous,

nous restons unis,

puisque c’est la même main qui nous porte,

puisque c’est le même amour qui nous entoure,

qui nous nourrit.

 

Oui, en Dieu,

nous continuons à former un seul et même corps,

le corps du Christ.

 

Quelque chose a disparu.

Mais quelque chose reste.

Non pas juste la survivance du passé.

Mais la promesse, les prémices,

d’un avenir,

d’un renouveau,

de retrouvailles.

 

Oui, dans l’amour de Dieu,

nous sommes tous vivants,

et rien, pas même la mort,

ne peut nous séparer les uns des autres.

Rien, pas même la mort,

ne peut détruire

le lien qui nous unit.

 

La main de Dieu nous porte.

Et c’est une main vivante.

Une main agissante.

Une main qui ne se contente pas

de recueillir,

mais qui soutient,

qui élève,

qui reconstruit.

 

Et c’est ainsi que nous n’avons pas juste

un passé en commun.

C’est aussi avenir qui nous réunit.

Une même espérance.

 

Amen