Vos lieux de culte

Alors que nous logions dans une cure, nous avions demandé à faire quelques aménagements dans le jardin. Il nous avait été répondu que c’était possible. Mais que nous devrions remettre en l’état au moment de partir. Il ne fallait pas l’oublier, nous n’étions que des locataires.

Dans la Bible, Dieu dit à son peuple et aux humains : “La terre est à moi, et vous êtes chez moi comme des étrangers et des gens en séjour.”

C’est plutôt en propriétaires que nous nous comportons, laissant derrière nous une empreinte qu’il sera difficile d’effacer.

De grands espaces transformés en paysages lunaires pour en extraire des métaux ou du charbon. La terre vivante recouverte d’une couche étanche pour que les voitures glissent sans peine.

Partout des constructions en dur. Des routes toujours plus larges. Nous nous étalons dans le paysage comme on s’affale sur le canapé devant la télévision. Aucune retenue. L’important, c’est notre confort. Notre facilité. Notre bien plaire.

La foi est un appel à la modération. Nous ne sommes pas seuls. Et surtout nous ne sommes pas les maîtres. Ce n’est pas de nos mains que ce monde est sorti. Et toutes nos prouesses techniques ne sont rien en comparaison de ce chef-d'œuvre de complexité qu’est un simple insecte - sans parler de l’équilibre et de la richesse d’un biotope.

Quoi que nous pensions, cette terre ne nous appartient pas. Nous ne sommes pas ici chez nous. Certains nous voient même comme des intrus qui feraient mieux de s’éclipser.

Mais la réalité est autre. Nous sommes des invités, puisque Quelqu’un a préparé la chambre d’ami pour nous. Montrons-lui notre considération. Déjà tout simplement en laissant l’endroit comme nous l’avons trouvé.

 

Jean-Nicolas Fell,

pasteur de l’EERV à Yverdon-Les-Bains