Vos lieux de culte Église 29

Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.

Elle avait une sœur, nommée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit :

« Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m’aider. »

Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses.

Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. »

Évangile selon Luc 10, 38-42

 

« Marthe, Marthe,

tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. »

 

Marthe ne sait où donner de la tête.

Elle veut offrir à Jésus le meilleur dont elle est capable,

tout en lui faisant plaisir.

« Peut-être a-t-il envie de ça…

À moins qu’il ne préfère cela… »

Du thé chaud. Mais aussi de l’eau fraîche.

Du poisson. Avec du pain, bien sûr.

Et pourquoi pas des gâteaux ? Quelques fruits ?

Marthe ne veut pas être prise au dépourvu.

Elle s’efforce d’anticiper tous les souhaits,

toutes les demandes, toutes les envies.

Sans oublier le confort de son hôte.

« Peut-être voudrait-il un coussin supplémentaire,

ou bien deux.

Il y a tellement de choses auxquelles il faut penser ! »

Ne surtout pas décevoir.

Être à la hauteur.

Laisser un bon souvenir.

Faire bonne impression.

 

« Marthe, Marthe,

tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. »

 

Nous ressemblons beaucoup à Marthe.

Nous nous soucions beaucoup de ce qui pourrait arriver.

Nous anticipons.

Envisager toutes les éventualités.

Planifier l’avenir.

Les rentrées financières et les dépenses.

Avec les questions de santé : les contrôles, les interventions.

Être prévoyant.

En gardant un œil sur l’évolution du monde :

les débats politiques,

les questions sociales,

les crises ici et ailleurs.

Y voir clair.

Avoir une opinion sur toutes les questions.

Tout en étant prêt à entendre d’autres arguments

et à réviser ses positions.

 

C’est du boulot de vivre dans le monde actuel !

On n’est jamais sûr de faire juste.

Tous les aliments sont potentiellement des poisons :

la viande, le lait, le sucre, et même la farine.

Et pourtant il faut manger.

Les multinationales profitent de la misère du Tiers-monde.

Mais elles assurent aussi la prospérité de notre pays

et notre confort.

Faut-il scier la branche sur laquelle on est assis, ou non.

Ou alors juste un peu.

Refuser l’argent sale.

Mais qu’est-ce que c’est, l’argent propre ?

Vendre des armes létales

en disant qu’il ne faut pas les utiliser pour tuer,

mais juste pour s’entraîner ?

Faut-il avoir peur de la Russie ou des États-unis ?

De la Chine ou du Qatar ?

Et l’intelligence artificielle, qu’est-ce que vous en pensez ?

 

« Marthe, Marthe,

tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses ;

mais une seule chose est nécessaire.

Et Marie a choisi la bonne part. »

 

De Marie, l’évangile nous dit

qu’elle se tenait aux pieds de Jésus

et qu’elle écoutait sa parole.

 

Le contraste est flagrant :

Marthe qui tourne comme une hélice,

et Marie qui est assise, silencieuse et immobile.

 

Certains parlent de la différence

entre l’action et la contemplation.

C’est simple, évident.

Cela saute aux yeux.

 

« Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. »

 

Alors tout le monde va s’arrêter,

s’asseoir, et écouter la parole de Jésus.

 

Plus d’ordinateurs. Plus de télévision. Plus de magasins.

Plus de banques. Plus de médecins. Plus d’hôpitaux.

 

Juste cette seule chose qui est nécessaire : écouter Jésus.

Tout le reste, on peut s’en passer.

 

Cela semble clair.

Mais, vous le savez, les apparences sont souvent trompeuses.

 

Il ne suffit pas d’être assis en silence

pour être vraiment à l’écoute.

Vous avez peut-être fait cette expérience :

c’est justement quand vous vous arrêtez pour prier

ou pour méditer

que votre esprit part en surchauffe,

et vous rappelle toutes les tâches urgentes à faire,

tout en vous donnant les meilleures idées

que vous n’ayez jamais eues,

et cela par dizaines.

Marthe et ses quatre ou cinq plats,

à côté, c’est de la gnognote !

 

Le contraire existe aussi :

des personnes qui ont un champ très vaste

d’activités qui n’ont rien à voir entre elles ;

et pourtant ces personnes restent toujours les mêmes.

Parfaitement centrées dans leur être.

 

« Une seule chose est nécessaire.

Et Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. »

 

À l’heure actuelle,

on parle toujours plus de la question de notre attention.

Un PDG d’une grande chaîne de télévision française

avait dit que son travail consistait à vendre à Coca-cola

du temps de cerveau disponible.

Et c’est sur ce même mode

que fonctionnent les médias électroniques :

« Peu importe ce que vous pensez de ce que nous écrivons,

du moment que vous le lisez. »

L’article est juste un appât qui cache l’hameçon de l’annonceur.

Toute cette publicité que nous ingurgitons en quantité

et qui ne cesse de stimuler notre avidité et nos peurs.

 

De Marie, l’évangile dit qu’elle écoutait la parole de Jésus.

Mais il ne s’agit pas juste

d’une affaire d’ouïe et de compréhension.

D’une leçon à apprendre.

 

C’est avec toute sa personne,

avec sa tête, avec son cœur, et même avec son corps,

que Marie est à l’écoute

de ce que Jésus exprime, non seulement avec sa langue,

mais aussi et surtout avec son attitude, avec sa manière d’être,

avec sa présence.

 

Marie est toute tournée vers Jésus

qui est là, présent avec Marie.

Présent pour Marie.

 

Il ne s’agit pas d’intégrer des connaissances.

Marie ne prend pas de notes.

Elle s’imprègne d’une manière d’être.

Elle se met sur la même longueur d’ondes que Jésus.

Vibrer à la même fréquence que lui.

 

C’est cela l’unique nécessaire.

Non pas un objet extérieur

auquel nous consacrerions notre attention.

Mais la manière dont nous configurons notre cœur

et qui fait que nous abordons tout ce que nous rencontrons

d’une façon bien particulière.

 

Pour utiliser une image,

il ne s’agit pas tant de tourner les yeux vers Jésus,

que de regarder tout ce qui est avec les yeux de Jésus.

Oui, habiter ce monde,

toutes les situations, toutes les rencontres,

avec dans notre poitrine le cœur de Jésus.

Sans accorder la moindre importance

aux injonctions des médias et de la publicité.

 

Être simplement présent ici et maintenant

aux gens qui nous entourent,

sans se perdre dans les théories et les projets

déconnectés de la réalité.

 

Marie n’est pas fascinée ou même hypnotisée par Jésus.

Elle est habitée par lui.

 

Elle ne cherche pas à lui faire plaisir comme sa sœur Marthe.

C’est à un autre niveau qu’elle vit la rencontre.

Et c’est à ce même niveau

que désormais toutes les rencontres se passeront pour elle.

 

Jésus, non pas comme un thème,

un sujet de conférence,

un objet de curiosité.

Jésus comme notre centre de gravité,

le souffle de notre souffle, le cœur de notre cœur.

Oui, vraiment l’unique nécessaire.

Et rien ni personne ne peut nous l’ôter.

 

Amen