Vos lieux de culte

Il y avait un conseiller, nommé Joseph, homme bon et juste,

qui n'avait point participé à la décision et aux actes des autres;

il était d'Arimathée, ville des Juifs, et il attendait le royaume de Dieu.

Cet homme se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus.

Il le descendit de la croix, l'enveloppa d'un linceul,

et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis.

C'était le jour de la préparation, et le sabbat allait commencer.

Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph,

virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé,

et, s'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums.

Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi.

Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin,

portant les aromates qu'elles avaient préparés.

Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre;

et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.

Comme elles ne savaient que penser de cela,

voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants.

Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre;

mais ils leur dirent:

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?

Il n'est point ici, mais il est ressuscité.

Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu'il était encore en Galilée,

et qu'il disait: Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs,

qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour. »

Et elles se ressouvinrent des paroles de Jésus.

À leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres.

Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles.

Ils tinrent ces discours pour des rêveries, et ils ne crurent pas ces femmes.

Mais Pierre se leva, et courut au sépulcre.

S'étant baissé, il ne vit que les linges qui étaient à terre;

puis il s'en alla chez lui, dans l'étonnement de ce qui était arrivé.

Évangile selon Luc 23, 50 - 24, 12

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Frères et sœurs,

cette question résonne en ce jour de Pâques.

 

Et elle résonne, non pas juste à Jérusalem,

dans le cimetière où se trouvait le tombeau

dans lequel avait été déposé le corps de Jésus.

 

Elle résonne aussi ici à Yverdon.

Elle résonne dans nos cœurs,

dans nos vies.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Parmi les morts ?

On pense tout de suite à ce lieu

auquel les femmes s’étaient rendues.

Cet endroit du dernier repos

un peu à l’écart de la ville.

 

C’est là que l’on dépose ceux qui sont morts.

Dans des tombeaux.

Des lieux de souvenir plus que de mémoire.

Une dernière trace d’un passé

qui n’est plus

et qui ne reviendra plus.

 

Quelques décennies,

et plus personne ne se souvient

des traits du visage de celui qui repose ici,

du timbre de sa voix.

Le cimetière, dernière étape avant l’oubli.

 

Mais le cimetière n’est pas le seul lieu

où l’on range les morts.

Il y a aussi les musées,

les encyclopédies,

les bibliothèques,

les universités.

Tous ces lieux où les grands noms du passé

deviennent de la matière inerte,

une liste de caractéristiques

que l’on va pouvoir manipuler selon ses intérêts.

Non plus des prochains,

des humains de chair et de sang

comme vous et moi.

Juste des noms accompagnés

de différentes données.

Des informations.

Mais plus de vie.

 

Le Christ comme un objet d’études.

Un sujet intéressant

sur lequel on va disserter des heures,

et écrire de gros bouquins savants.

 

Avec aussi des tentatives de reconstitution.

Comme on le fait pour un personnage historique

depuis longtemps mort et enterré.

Le Christ réduit à ces trente-trois années passées en Palestine,

il y a deux mille ans.

Ou plutôt à ce moment encore plus court

où il a parcouru le pays accompagné de ses disciples.

 

Jésus ?

Un chapitre clos qui appartient à l’histoire,

pour ne pas dire au passé.

Une figure sur laquelle on peut broder ce qui nous plaît.

Un peu comme le Jules César d’Astérix.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Il faut entendre cette phrase

dans toute sa force.

Aujourd’hui.

 

Non pas comme l’écho d’un passé lointain,

mais comme une voix qui résonne ici,

qui nous secoue maintenant.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

Comprenez bien :

celui qui est vivant maintenant.

 

Celui dont le cœur bat

maintenant.

Celui qui respire

maintenant.

Celui dont les cordes vocales

vibrent maintenant

de l’air qui sort de sa poitrine.

 

Le Christ vivant maintenant.

Le Christ vivant aujourd’hui.

Le Christ nouveau aujourd’hui.

Le Christ nouveau maintenant.

 

Ce n’est pas une idée.

C’est une vibration.

Une palpitation.

Un rayonnement.

Une présence.

 

Avec aussi une attention.

Des yeux qui nous regardent.

Et plus encore.

Une main qui s’approche.

Qui veut donner.

Une main qui donne.

 

Pâques,

ce n’est pas juste la défaite de la mort.

Pâques,

c’est le triomphe de la vie.

Une vie qui n’est pas juste un principe abstrait.

Mais un cœur qui pompe le sang.

Une personne avec un corps

et un visage.

 

Une densité.

Une vitalité.

Un geste.

 

Tout ce que l’on ne peut pas enfermer dans une boîte.

Tout ce que l’on ne peut pas enfermer dans un texte,

dans des mots.

 

Non pas juste la vie.

Mais le vivant.

Celui qui est vivant.

 

Plus vivant que nous.

Plus vivant que tout ce qui est.

 

D’une vie qui se donne.

D’une vie qui se transmet.

D’une vie qui est contagieuse.

 

Vivant et vivifiant,

notre Seigneur Jésus-Christ !

Ici et maintenant.

 

Alors,

« pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Le Christ n’est pas un personnage historique.

Le Christ n’est pas une figure littéraire.

Le Christ n’est pas un archétype.

 

C’est le vivant.

Aujourd’hui.

Notre contemporain.

 

Plus proche

que tout ce que l’on peut imaginer.

 

Pâques,

c’était il y a longtemps.

Et, en même temps,

et surtout,

Pâques,

c’est aujourd’hui.

 

Un évènement

qui n’a rien perdu de sa force.

Qui est toujours aussi nouveau.

 

Le Christ ressuscité

n’a pas pris de l’âge.

Pas même une ride.

 

Il est tout aussi neuf

que lorsqu’il est sorti du tombeau.

 

Une vie intense.

Le même rayonnement.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Après deux mille ans de christianisme,

qu’il est difficile de vivre notre foi au présent !

 

On se remémore les heures de gloire :

les cathédrales,

la Réforme.

 

On nous rappelle aussi sans cesse les taches :

les croisades,

l’Inquisition,

les compromissions en tous genre.

 

Difficile de faire abstraction du passé.

 

Et pourtant, Pâques,

c’est cette nouvelle fabuleuse

que Christ est vivant,

et qu’Il est nouveau aujourd’hui,

comme Il l’est à chaque instant.

 

Vivre sa foi

sans le poids du passé.

Vivre sa foi

comme si elle commençait aujourd’hui.

 

Pâques,

non pas comme un événement historique

que l’on peut placer dans une chronologie,

mais comme un nouveau commencement

ici, maintenant,

et aussi demain,

après-demain,

toujours.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Oubliez la foi comme un héritage !

 

Notre Seigneur,

c’est le vivant !

Celui qui bouleverse

les ordres établis,

les routines figées,

les idées qui tournent en rond.

 

Pâques,

c’est la surprise

qui se fait la source,

le fondement de notre foi.

 

Cela semble si naturel

de chercher les choses à leur place :

le corps d’un homme tué

dans le tombeau où on l’a déposé ;

la foi et la prière

dans les églises construites à cet effet ;

l’Évangile

dans une structure

reconnue et financée par l’État.

 

Oui, chaque chose à sa place.

Et pourtant…

peut-être sommes-nous complètement

à côté de la plaque.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

Ouvrez les yeux !

La réalité est différente de ce que vous croyez :

plus riche,

plus belle,

plus neuve.

 

Le Christ n’est pas mort,

Il est vivant.

Et c’est de même

que la prière ne saurait se réduire

à des mots récités,

que l’Évangile est infiniment plus

qu’un simple enseignement.

 

Ce que les anges demandent aux femmes

en ce matin de Pâques,

c’est d’oublier tout ce qu’elles croyaient savoir,

et de laisser leurs vies

être transformées

par une nouveauté

qu’elles étaient à mille lieues

d’imaginer.

 

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

 

À nous de vivre ce jour

comme le premier jour

d’un monde transformé,

renouvelé.

 

À nous de comprendre

que, par la résurrection du Christ,

c’est aussi nous qui entrons

dans une réalité nouvelle.

 

Et que donc plus rien ne sera comme avant.

 

Et ce sera le même bouleversement

demain,

après-demain,

chaque jour,

à chaque instant.

 

Amen