Vos lieux de culte

Pour toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et reçu avec une entière conviction.

Tu sais, en effet, de qui tu l'as appris,

et, depuis ton enfance, tu connais les saintes lettres,

qui peuvent te rendre sage pour le salut par la foi en Jésus-Christ.

Toute l’Écriture est divinement inspirée

et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice,

afin que l'homme de Dieu atteigne tout son développement

et qu'il soit apte à toute bonne oeuvre.

Je t’en conjure devant Dieu et devant le Christ-Jésus

qui doit juger les vivants et les morts lors de son avènement et de son règne:

prêche la parole, insiste en temps et hors de temps,

reprends, exhorte, censure avec une grande patience et une parfaite instruction."

2 Timothée 3, 14 - 4, 2

 

« Toute l’Écriture est divinement inspirée

et utile pour enseigner,

pour convaincre,

pour corriger,

pour instruire dans la justice. »

 

Frères et sœurs,

affirmer que toute l’Écriture est divinement inspirée

semble audacieux.

 

Beaucoup d’histoires sont en porte-à-faux

avec les découvertes de la science.

La création du monde en sept jours.

La femme modelée à partir d’une côte de l’homme.

La cohabitation pacifique de toutes les espèces

dans l’arche de Noé.

 

Et il y a aussi des histoires scandaleuses :

Jephté, le juge,

qui sacrifie sa fille

pour tenir la promesse

qu’il a faite à Dieu ;

les massacres

accomplis par les Hébreux

lors de la conquête de la Terre promise ;

et bien sûr,

ces articles de la Loi qui commandent

de tuer à coups de pierre

une femme surprise

avec un autre homme que son mari,

ou deux hommes ayant des relations intimes.

 

Quand on voit cela,

dire que la Bible dans son entier

est inspirée par Dieu,

cela semble fou.

Et l’on comprend que l’on rédige des livres

pour démonter ces textes,

et montrer qu’ils reflètent avant tout

ce qu’il y a dans le cœur de l’homme.

 

Seulement, vous le savez,

les apparences sont parfois trompeuses.

Alors écoutons à nouveau ce que dit l’apôtre :

« Toute l’Écriture est divinement inspirée

et utile pour enseigner,

pour convaincre,

pour corriger,

pour instruire dans la justice. »

 

Vous l’avez entendu ?

L’Écriture, non pas comme objet d’étude,

mais comme aiguillon :

quelque chose qui stimule,

qui met en mouvement.

Et c’est à ce niveau-là que se joue son inspiration :

si elle accomplit cette tâche,

si elle nous fait avancer.

 

Il ne s’agit pas d’avoir en main

un objet parfait à admirer.

Il s’agit d’avoir à disposition

un outil adéquat

qui va nous aider dans ce que nous avons à faire.

 

Car la question centrale dans la foi,

ce n’est pas :

« Qu’en est-il de l’Écriture ? »,

mais bien :

« Qu’en est-il de moi ? »

 

Oui, pour l’apôtre,

la question essentielle, c’est :

« Ai-je reçu un enseignement qui m’a transformé ?

Ai-je été convaincu par quelque chose ?

Ai-je été corrigé dans ma conduite ?

Ai-je été instruit pour vivre de façon juste ?

L’homme de Dieu en moi s’est-il développé ?

Suis-je devenu plus apte aux œuvres bonnes ? »

 

Quand on y pense,

c’est assez troublant :

nous reprochons à la Bible

de ne pas être parfaite,

par contre

nous ne voyons pas de problème

à être nous-mêmes pleins de défauts.

 

L’apôtre nous aide à sortir

de cette contradiction.

« Lorsque vous ouvrez les Écritures,

ne cherchez pas la petite bête.

Cherchez ce qui vous aidera à grandir,

à vivre plus proches de Dieu. »

 

Eh oui, souvent,

les interrogations qui nous habitent,

et qui semblent si profondes,

sont juste une manière de temporiser,

pour ne pas ne pas avoir à faire le pas

et changer.

 

On pointe les contradictions de tel récit.

On s’horrifie de tel épisode.

On note des incohérences.

Et on renvoie sa copie au rédacteur :

« À reprendre ! »

 

Mais l’apôtre nous le rappelle :

Toute l’Écriture est divinement inspirée

et utile pour enseigner,

pour convaincre,

pour corriger,

pour instruire dans la justice.

 

Ce n’est pas une composition parfaite

que je dois chercher dans la Bible,

mais une nourriture

pour que l’homme de Dieu en moi se développe,

et que je devienne apte à toute œuvre bonne.

 

Ce qui doit changer,

ce n’est pas la Bible,

c’est moi.

 

Jésus le dit bien :

« Quand le Fils de l’homme viendra,

trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

 

Alors changeons de perspective,

et ouvrons les Écritures

non pas en esthète ou en juge,

mais en disciple.

La Bible est un instrument pour travailler notre vie,

pour en tirer quelque chose,

pour en faire une œuvre.

 

« Toute l’Écriture est divinement inspirée

et utile pour enseigner,

pour convaincre,

pour corriger,

pour instruire dans la justice. »

 

L’apôtre dit que tout texte,

même celui que nous ne comprenons pas,

est utile,

parce qu’il nous travaille,

et nous aide ainsi à changer,

à nous affermir,

à avancer.

 

Bien sûr,

ce n’est pas toujours facile et agréable.

Bien des textes touchent

des endroits douloureux pour nous,

des questions restées en suspens

que nous évitons soigneusement.

 

La violence de certains récits

nous renvoie à cette violence qui nous habite

et que nous ne voulons pas voir.

Car, si la violence nous était vraiment étrangère,

la réaction serait juste de l’étonnement,

et non ce malaise

qui trahit une proximité

plus grande qu’on le dit.

 

Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ […] :

prêche la parole,

insiste en temps et hors de temps,

reprends,

exhorte,

censure

avec une grande patience

et une parfaite instruction.

 

L’apôtre invite Timothée à passer outre

ses hésitations et ses réserves.

Toute l’Écriture est inspirée

et donc toute l’Écriture doit être prêchée.

 

Depuis une cinquantaine d’années,

les Églises européennes

font plutôt un tri sévère :

gardant les jolies histoires,

et mettant sous le tapis

ce qui pourrait déranger.

 

Elles finissent ainsi par ressembler

à ces bulles stériles

où l’on met les enfants au système immunitaire déficient :

un milieu artificiel

ne permettant qu’une vie limitée.

Beaucoup de sourires, bien sûr,

mais rarement rayonnants.

Une apparence.

Un jeu.

Il est facile de s’interdire toute colère.

Mais être vraiment sans colère, c’est autre chose.

Que reste-t-il de nous après toutes ces limitations ?

Un quart, un tiers de nos personnes ?

Le reste, on l’a désactivé.

Comme s’il n’existait pas.

Il est facile de se raconter des histoires.

 

Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ […] :

prêche la parole,

insiste en temps et hors de temps,

reprends,

exhorte,

censure

avec une grande patience

et une parfaite instruction.

 

Les anciens contes pour enfants

parlaient du loup, des ogres, des sorcières.

Cela mettait un nom

sur ces peurs qui nous habitent tous,

et ainsi ils pouvaient les affronter.

 

L’apôtre invite Timothée

à une prédication qui ne soit pas juste plaisante,

séduisante.

Il ne s’agit pas d’attirer des clients avec du papier doré

et un univers rose bonbon.

Il s’agit de permettre à Dieu de s’emparer de vies

pour les transformer,

pour les façonner.

 

Le chemin de l’Évangile,

ce n’est pas juste d’aimer,

c’est d’aimer de toute notre âme,

de tout notre cœur,

de toute notre pensée.

 

Il ne suffit pas de garder l’amour

en jetant tout le reste,

en s’amputant de tout ce qui pourrait poser problème.

 

Il s’agit de laisser l’Esprit de Dieu

toucher tout notre être,

même ce qui est douloureux,

même ce qui nous fait peur.

Et qu’ainsi l’homme de Dieu

grandisse dans tous les aspects de notre personne.

Qu’ainsi nous devenions vraiment

aptes à toute bonne œuvre.

 

Amen

 

Pasteur Jean-Nicolas Fell