De la ferme du Pontet à l'espace Bassenges 1

Ce 30 août 2025, la Paroisse d’Ecublens-Saint-Sulpice inaugure le bâtiment dont elle est propriétaire et qui réunit sous le même toit 30 appartements, tous occupés, le Centre de vie enfantine de Bassenges (pour 44 enfants entre 0 et 4 ans), intégré au réseau intercommunal AJESOL, et des espaces paroissiaux. Sans compter La Cascade, lieu d’écoute et d’accompagnement de l’EERV, qui occupe depuis avril 2025 un des appartements, après avoir quitté ses locaux historiques de Renens.
Bassenges 1 : un retour s’impose là où tout a commencé : en 1799, dans le hameau du Pontet à Ecublens, en bordure de la route venant de Chavannes-près-Renens, une fois le pont sur la Sorge franchi, on y construit une maison rurale. L’encadrement de la porte de la grange en porte la date, ainsi que les initiales D M. On attribue la construction de la ferme à Jean Denis Masson (1765-1807) qui s’y établit avec épouse -Jeanne Susanne Henriette Baud – et enfants.


 Photo ©Paroisse d'Ecublens-Saint-Sulpice 2022

Au mitant du 19ème siècle, on relève à la ferme la présence d’une pinte appelée Café du Pontet: débit de boissons, mais surtout un lieu où on discute les nouvelles, conclut des affaires (vente de bétail, de terrains …) et … où on se divertit. En effet, vers 1853, on adjoint une salle de danse à la ferme.


Source: Le Nouvelliste vaudois, Scriptorium, 21.03.1857

Les propriétaires se succèdent, tant agriculteurs que pintiers : Henri Vincent Masson (1795-1875), puis François Masson (1833-1902) qui diversifie ses activités avec l’exploitation d’une distillerie dès 1890. Puis le domaine rural et son estaminet sont tenus dès 1866 par Henri Masson (1861-1934), également syndic d’Ecublens de 1896 à 1911. François Masson (1895-1980) lui succède au domaine et à la pinte au début du 20ème siècle. Une personnalité lui aussi, puisqu’il est municipal durant plus de vingt ans. Les épouses des fermiers du Pontet méritent elles aussi une mention particulière. Témoins d’un temps désormais révolu, elles ont assuré la continuité de la lignée. Ainsi l’épouse d’Henri Masson, Lina Masson-de Blaireville a mis au monde et élevé dix enfants dans la ferme que l’on voit ci-dessous.


 Source:  L'Ouest lausannois à la belle époque de la carte postale, 1983

En 1926, la famille Masson construit une maison de l’autre côté de la rue du Villars. Elle y déménage sa pinte en 1946. Le café est dès lors tenu par Henri Masson et sa soeur Lina, fils et fille d’Henri Masson. Il sera exploité par Lina jusqu’en 1986. L’âme du « Pontet » disparaît définitivement en 1987 avec la démolition du bâtiment.
Au 20ème siècle, la route a gagné du terrain, l’urbanisation a profondément transformé le quartier. Et la ferme du Pontet, au fil du temps, s’est muée en « maison de Bassenges », propriété d’Annette Perrottet-Masson, née en 2026, fille de François et Eugénie Masson, enseignante de profession. A son décès en 2007, le domaine a été légué partiellement à la Paroisse d’Ecublens-Saint-Sulpice.
A partir de 2008, la reconversion a été le fruit de longues, mais fructueuses réflexions et a abouti, par décision de l’Assemblée paroissiale en 2016, à une nouvelle destinée à ce bien-fonds, la ferme allant céder la place à une nouvelle construction. 

Un plan de quartier a été élaboré (2019), la ferme et les biens alentour ont été démolis (2022). Pour les responsables de la Paroisse, il était essentiel, pour répondre au voeu de la légataire, que le nouvel immeuble devienne un lieu de vie et offre un espace de rencontres, d’échanges et de cheminement spirituel, de même qu’un accueil d’enfants. Avec l’engagement de Marie Ineichen, pasteure chargée d’animer les lieux paroissiaux, c’est le vivre-ensemble dans une ouverture aux autres et à la présence de Dieu qui prédomine.
L’inauguration du nouvel immeuble est l’occasion de nous souvenir de tous ceux et de toutes celles qui ont contribué à l’édification de ce grand et beau projet, aux artisans qui se sont impliqués depuis 2007, du premier au dernier. Avec l'assurance de la présence et de la fidélité de Dieu tout au long du chemin.  

Pour conclure, un clin d’oeil dans l’histoire de ce lieu : le rôle social qu’ont joué les pintiers Masson en plus de cent cinquante ans ne rejoint-t-il pas l’esprit d’un nouvel espace de quartier qui se veut lieu de vie et de rencontres ?