Vos lieux de culte

La CEVAA – une communauté d’Eglises en mission

Communauté d’Eglises en Mission – c’est le nom que la Cévaa s’est donnée en 2002.

Une communauté, la Cévaa a voulu l’être dès sa création en 1971, elle se nommait alors communauté évangélique d’action apostolique. Mais pourquoi avoir changé de nom ? Et pourquoi ce nom un peu étrange à première vue ?

Le contexte des années 60
A l’époque de la création de la Cévaa, le mot mission avait pour certains une connotation passéiste. Les années 60 avaient vu la décolonisation en Afrique, avec dans son sillage l’indépendance de beaucoup de pays africains. En corollaire, et parfois même avant ce mouvement, les églises issues de l’œuvre missionnaire dans ces mêmes pays accédèrent à l’autonomie1. Désormais elles étaient dirigées entièrement par les Africains. La mission vers le monde ‘non-chrétien’, fruit des mouvements de réveil dans les églises protestantes d’Europe et d’Amérique du Nord des XVIII ͤ et XIXᵉ siècles, était arrivée en quelque sorte à un aboutissement.
Quelle forme devait-elle prendre dorénavant, cette mission ? Parmi les dirigeants des églises africaines quelques-uns prônaient un acte radical, un ‘moratoire’: arrêter tout envoi de missionnaires et tout transfert de fonds, le temps que leurs ‘jeunes églises’ - comme on les appelait alors – apprennent à vivre de leurs propres ressources humaines et matérielles.
Si ce moratoire ne fut jamais appliqué en tant que tel, la conviction que la mission ne pouvait plus rester l’apanage des églises de l’hémisphère Nord s’imposait de plus en plus. Toute église, qu’elle soit jeune ou établie depuis longtemps, a vocation d’être partenaire de la mission de Dieu dans le monde. C’était le thème de la Conférence mondiale sur la mission et l’évangélisation du Conseil œcuménique des Eglises au Mexique en 1963 : La Mission dans Six Continents.
Cependant, la réalité était que les moyens – les structures des sociétés de mission et des départements missionnaires, les ressources financières et la main-d’œuvre – étaient tous du côté des églises riches.

1 Pour une église, le mot autonomie convient mieux que la notion d’indépendance . Aucune église n’est indépendante de ses églises sœurs.

Une idée révolutionnaire
C’est dans cet environnement de questionnement qu’est née la Cévaa. Un jeune dirigeant africain, le pasteur Jean Kotto, secrétaire général de l’Église évangélique au Cameroun, avait assisté à la conférence au Mexique. L’année suivante il était le prédicateur au culte d’ouverture de l’assemblée de la Société des Missions de Paris, la ‘mission-mère’ de son église. Avec les paroles d’Esaïe 54:2-3 il défiait l’audience: élargis l’espace de ta tente ! Le directeur de la Société, le pasteur Charles Bonzon, entendit l’appel. Pendant les sept ans qui suivirent, il réunissait chaque année les responsables des églises issues de la Mission de Paris avec ceux de la Société, pour discerner ensemble comment renouveler la mission. Soit dit en passant, cela nécessitait un effort financier colossal pour une mission pauvre comme la Mission de Paris. Il démarchait personnellement l’élite protestante française des banques et de l’industrie pour avoir les fonds.
Peu à peu, le projet de la tente élargie prit forme : celle d’une communauté des églises liées par l’histoire à la Société des Missions de Paris, celles de France, de Suisse romande et d’Italie (l’Église du Piémont) et celles issues de son travail en Afrique, à Madagascar et dans le Pacifique, une communauté dans laquelle toutes sont à pied d’égalité et œuvrent ensemble à leur mission commune.
La Cévaa était née. C’était révolutionnaire, le mot n’est pas trop fort. Et puisque c’était si nouveau, comment nommer d’une manière nouvelle la mission, tant chargée historiquement par le mouvement unilatéral du ‘monde chrétien’ vers le monde ‘non-chrétien’? Par un retour aux sources de l’église née de l’action des apôtres : l’action apostolique. Et dans la même veine, désigner comme envoyés les ouvriers de cette action, au lieu de missionnaires, ce nom tout autant chargé par l’histoire, de paternalisme et de colonialisme.
La naissance de la Cévaa est allée de pair avec un renouvellement de la pensée théologique de la mission et de l’évangélisation, captée dans la devise tout l’évangile à tout l’homme, lancée aussi par un Africain, le pasteur Seth Nomenyo du Togo. Les premières actions, appelées action apostolique commune, ont eu lieu au Bénin et en France (au Poitou) ; c’étaient des équipes pluridisciplinaires composées d’envoyé-e-s de plusieurs églises membres, dont le but était d’appuyer les églises locales dans leur témoignage.

Une première mondiale
Dans le monde des missions du XXᵉ siècle, la création de la Cévaa fut une première, et un acte précurseur. Cinq années plus tard, les églises en relation avec la Mission de Londres prirent le même chemin, en fondant le Council for World Mission (CWM, Conseil pour la mission mondiale). D’autres ont suivi, sous différentes formes, mais toutes pour exprimer que la mission aujourd’hui va de partout à partout, et que toutes les églises ont besoin les unes des autres pour répondre à leur vocation de témoin du Christ dans le monde.
Il est remarquable que l’exemple soit venu d’une société des missions aussi ancienne (fondée en 1822) et traditionnelle que la Mission de Paris, et d’un protestantisme aussi minoritaire et de peu de moyens que celui de la France ! La Société des Missions a eu le courage de se dissoudre – de mourir – pour qu’une semence nouvelle, la Cévaa, puisse germer.

Une communauté en croissance
Au cours des années, plusieurs églises sans lien historique immédiat avec la mission protestante française, ont rejoint la communauté de la Cévaa. Elles sont maintenant 35, dans 24 pays et territoires (voir la liste jointe). Avec le temps, l’agitation autour des mots utilisés s’est calmée. D’où la décision de s’appeler Communauté d’Eglises en Mission, plus compréhensible et plus en résonance avec le temps œcuménique aujourd’hui.
Lors de son assemblée qui s’est tenue en octobre dernier, la Cévaa a célébré ses cinquante ans et a affermi ces grands axes : partager, agir, témoigner, et les domaines de ses activités:
- l’animation théologique
- les programmes et projets de mission de ses églises membres
- l’échange de personnes
- la formation et les bourses
- l’information et la communication
- la justice et les droits humains

Pour des raisons pratiques de communication, les bureaux de la Cévaa sont en France, à Montpellier. Le secrétaire général, le pasteur Célestin Kiki du Bénin quittera ses fonctions en septembre 2022 après treize années de service. Il sera succédé par la pasteure Claudia Schulz de l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine.

Notre Eglise évangélique réformée du canton de Vaud est membre de la Cévaa. Pour vous informer et en savoir plus, visitez le site www.cevaa.org !

Hubert van Beek pour le groupe Terre Nouvelle, 14 novembre 2021.

 

Eglises membres de la Cévaa
Afrique centrale

Église Évangélique du Cameroun (EEC)
Union des Églises Baptistes du Cameroun (UEBC)
Église Évangélique Luthérienne du Cameroun (EELC)
Église Protestante Christ Roi Centrafrique (EPCRC)
Église Évangélique du Congo (EECo)
Église Évangélique du Gabon (EEG)
Église Presbytérienne au Rwanda (EPRw)

Afrique occidentale et du Nord
Église Protestante Méthodiste du Bénin (EPMB)
Église Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire (EMU-CI)
Evangelical Presbyterian Church – Ghana (EPCG)
Église Évangélique Au Maroc (EEAM)
Église Protestante du Sénégal (EPS)
Église Luthérienne au Sénégal (ELS)
Église Évangélique Presbytérienne du Togo (EEPT)
Église Méthodiste du Togo (EMT)

Afrique australe / Océan indien
Lesotho Evangelical Church in Southern Africa (LECSA)
Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara (FJKM)
Igreja Presbiteriana de Moçambique (IPM)
United Church of Zambia (UCZ)
Église Presbytérienne de l’Ile Maurice (EPIM)
Église Protestante de la Réunion (EPRe)

Pacifique / Amérique latine
Église Protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC)
Église Protestante Māòhi (EPM)
Iglesia Evangélica Valdense del Rio de la Plata (IEVRP)

Europe
Chiesa Evangelica Valdese de Italia (CEVI)
Église Protestante Unie de France (EPUdF) - Communion luthéro-réformée
Église Protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine (EPCAAL)
Église Protestante Réformée d’Alsace et de Lorraine (EPRAL)
Union Nationale des Eglises Protestantes Réformées Évangéliques de France (UNEPREF)
Église Réformée Évangélique du canton de Neuchâtel (EREN)
Église Évangélique Réformée du canton de Vaud (EERV)
Église Protestante de Genève (EPG)
Église Évangélique Réformée du canton de Fribourg (EERF)
Églises Réformées Berne - Jura - Soleure (Refbejuso)
Église Réformée Évangélique du Valais (EREV)

Pensée du jour

Psaume 104

Lire la suite Proposé par : Pain de ce jour