Carnet de voyage 20 et 21 - De la Vallée à l'île Maurice
Publié leLe temps d'un été, Antoine et Evelyne Schluchter se mettent à disposition de l’Église presbytérienne de Maurice pour accompagner des projets et des activités. Suivez leur séjour sur place à travers un carnet de voyage.
Carnet de voyage 20
Impressionnante leçon de vivre ensemble
Un incident mineur nous permet de découvrir la sympathique bourgade de Pamplemousses où se trouve le premier jardin botanique de l’Océan indien et, à proximité, le musée de l’Aventure du Sucre qui est une pure merveille. À noter que l’île est coutumière des grandes premières, dont son hippodrome qui n’a du reste été précédé que par un autre en Angleterre. À l’époque, le chef britannique de la colonie dont la femme était française l’avait fait construire pour réconcilier les deux communautés. Ou quand la petite histoire façonne la grande.
Nous nous arrêtons ensuite dans deux autres localités : Montagne Longue, haut-lieu de la culture ananassière et Crève-Cœur, au pied d’une impressionnante montagne avec un rocher en équilibre sur sa pointe. On commence à avoir des fourmis dans les jambes mais pas question : l’ancien président de la Société biblique et son épouse nous attendent pour le repas au pied d’une autre montagne célèbre, le Pouce, à une table d’hôtes paradisiaque, la Case créole. Attention les papilles ! Et l’émotion : Evelyne se retrouve enfant, dans la cour de sa grand-mère du côté de Tuléar.
L’occasion de mieux faire connaissance de l’île, son histoire, ses défis et ses composantes multiples dont la religieuse n’est assurément pas la moindre. En ce 15 août, on écoute la messe depuis dehors, faute de place. Il faudrait visiter un autre musée mis sur pied par les Indiens qui raconte leur histoire tragique au départ. Et revenir pour le Musée international de l’esclavage pas encore inauguré. Nous découvrons par la bande le poids de cet héritage, les grands basculements post-coloniaux et l’impressionnante leçon de vivre-ensemble que nous donnent les Mauriciens. Avec des amis et hors des sentiers touristiques.
Evelyne & Antoine Schluchte



Carnet de voyage 21
Leçon de théologie
Une assistante-pasteure avait émis le souhait d’une formation sur les sacrements, se sentant jetée dans l’eau sans savoir nager ; pour la sainte cène en particulier. Nous nous retrouvons à une dizaine, certains s’étant coltinés trois heures de transports publics.
Sous le ciel bleu de Maurice avec le vent faisant bruisser les feuilles des cocotiers, c’est assez, disons exotique, d’évoquer la transsubstantion par rapport à la consubstantation, l’unio mystica chère à Calvin, la querelle des universaux, les fondements nominalistes de Luther, l’importance du mémorial, l’ancrage aristotélicien dans la compréhension du sacrement comme signe qui effectue ce qu’il énonce ou encore la présence corporelle par rapport à spirituelle ainsi que la transsubstantiation des célébrants propre à Zwingli… Les notes sont à disposition des plus audacieux.
Quelle riche expérience, en plein Océan indien, de creuser nos racines et de brasser l’histoire des concepts pour asseoir nos choix et vivre la cène plus en profondeur. L’occasion, au passage, d’un rafraîchissement pour votre serviteur.
Questions et avis nourrissent les échanges qui glissent sur le terrain de la pratique. Deux textes ciselés de Calvin viennent nouer la gerbe, dont celui dans lequel il parle de « l’échange admirable » que le Christ fait avec nous dans la cène, de sorte que « ce qui est sien peut être appelé nôtre et ce qui est nôtre sien ». Un sandwich bœuf-poivre et un autre de marlin finement tranché nous remettent d’aplomb sur le chemin du retour qui longe une mer magiquement turquoise.
Evelyne & Antoine Schluchter

